Wall Street livide face aux nouvelles limitations des bonus des banquiers

Publié le 19 février 2009 par Bernard Carlier

 

Cet article est extrait de l’Agéfi.fr

Le plan de relance de l’administration Obama impose des restrictions sévères et rétroactives sur les rémunérations des banquiers  

Le plan de relance, approuvé vendredi par le Congrès américain, inclut une clause de dernière minute visant à limiter les bonus des cadres supérieurs des établissements faisant appel aux fonds publics, y compris ceux qui en ont déjà bénéficié depuis octobre.

Cette nouvelle loi interdit ainsi à toute société recevant de l’argent du TARP de récompenser ses employés avec un bonus supérieur au tiers de sa compensation annuelle. Or les grands établissements financiers rémunèrent souvent leurs employés avec un salaire annuel relativement modeste, tandis que leurs bonus explosent (jusqu’à trente fois la rémunération annuelle pour certains cas).

En outre, les bonus ne pourront être payés qu’en «restrictive stocks», et ces actions ne pourront être revendues que lorsque l’établissement aura fini de rembourser intégralement son prêt. Le Département du Trésor va aussi se pencher sur les primes touchées en 2008 et début 2009, qu’il pourra récupérer s’il les juge excessives, ou contraire à l’intérêt public.

La loi oblige aussi l’assemblée des actionnaires à se prononcer sur les rémunérations des hauts cadres, bien que ce ne soit qu’à titre consultatif.Alors que le plan précédemment annoncé par la Maison Blanche n’affectait que les dirigeants, cette nouvelle coupe touche aussi les traders les mieux payés et les responsables de départements.

Mais les banquiers vont pouvoir jouer sur les zones d’ombres de ce texte. Il n’est ainsi pas encore clair si les stock-options seront comprises dans le calcul de la compensation totale annuelle. Ils pourront aussi choisir de doper les salaires de base pour compenser la baisse des bonus.

Une telle mesure suscite toutefois la consternation à Wall Street. Elle embarrasse aussi l’administration Obama qui ne l’avait pas proposée, mais qui se l’est vu imposée par le sénateur démocrate Christopher Dodd. Selon ce dernier, cette clause permettrait de rétablir enfin la confiance des contribuables qui estiment que Wall Street s’enrichit à leurs dépens. A l’inverse, le gouvernement craint que ces règles poussent les banques à rembourser leurs prêts trop vite, voire à refuser son aide, sapant ainsi l’efficacité du programme.

Outre les 350 banques concernées, l’assureur AIG et les constructeurs automobiles General Motors et Chrysler bénéficieront aussi de l’aide de ce plan, et devront donc également se soumettre aux mêmes mesures coercitives.

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