Son devoir de Français

Publié le 19 février 2009 par Edgar @edgarpoe
"Monsieur le Président, je pose une question à votre conscience. Le Maréchal Pétain a-t-il, d'après vous, trahi la France ?" Alors, le maréchal Pétain se souleva un peu et quelque chose qui s'apparente à l'anxiété parut sur ses traits. Il y eut un bref silence. "Le maréchal Pétain a trahi son devoir de Français", dit M. Daladier.

26 juillet 1945, procés du maréchal Pétain, in Joseph Kessel, Jugements derniers.

Lisant ce très bon recueil de chroniques de Joseph Kessel, je me demandai quel pouvait bien être aujourd'hui le devoir d'un Français ? Tout aujourd'hui tend à nier que cette question même puisse un jour avoir un sens. Chacun sait que nous sommes européens et que l'Europe, en toute chose, fait son devoir d'américain. Reste notre devoir de contribuable, qui est encore bien excessif pour certains, qui n'ont de cesse que d'y échapper. L'armée ne concerne plus que quelques professionnels dont on déplore parfois la disparition en des contrées lointaines, mais cela ne nous concerne guère. Nous sommes parfaitement immunisés de tout devoir envers le monde (c'est encore envers les arbres, les ruisseaux et la nature que nous nous reconnaissons le plus facilement des devoirs. Ils ne nous reprocheront jamais rien.)

J'ai pourtant le sentiment d'avoir un jour pensé que la France avait collectivement manqué à son devoir de France. En 2006, lorsqu'Israël est entré au Liban, j'ai pensé qu'un de Gaulle aurait su protester. Voire qu'un Poincaré aurait envoyé des troupes, défendre un pays allié. Il y a certainement de nombreuses occasions où la France a failli à sa mission, à ses attaches, à ses alliés. Peut-être au Rwanda, au Darfour, au Congo ou dans d'autres endroits où mes connaissances géopolitiques sont très minces...

La modernité en réalité semble faite pour nous permettre de nous endormir chaque fois plus tranquille sur nos mols oreillers. Nous avons délégué la garde du monde, aux Etats-Unis, lesquels d'ailleurs l'ont sous-traitée aux plus pauvres d'entre eux. En tant qu'individu privé, je dois m'en féliciter. Comme citoyen, français ou pas,  j'ai parfois des doutes...