Magazine Handicap

Sale temps sur la France

Publié le 24 août 2007 par Philippe Barraqué

La météo a tissé sa toile grise de la pointe bretonne à celle de Biarritz, des rives de l'handicap à la pointe perdue de l'exclusion. Une jeune handicapée a mis fin à ses jours cet été à Rennes parce qu'elle était usée d'attendre une éclaircie dans sa vie, une assistance adaptée, une réponse administrative immédiate. Pendant ce temps, des campeurs creusaient des rigoles autour de leur tente : pluie tempétueuse à Roscoff. Sarko, frais comme un gardon, les chromes refaits aux USA dans sa famille d'accueil bourrée de dollars, fit un aller-retour en jet pour assister, non loin de là, aux obsèques d'un marin victime d'un chauffard des mers. A quelques encablures, un pédophile récidiviste jouait à "touche-pipi", une femme - qui avait sa carte de fidélité chez Picard - sortait ses foetus du congélateur pour un ultime déni. Une ourse mal léchée eut la mauvaise idée de traverser la route. Tuée net. Une griffe de moins sur le drapeau pyrénéen, une chèvre sauvée! Harry, la doublure de PPDA sur TF1, n'arrêtait pas chaque soir de nous bluffer avec ses cravates et ses costumes de chez Smalto.

Triste temps sur la planète, dirait Cabrel. "La France a peur", répond comme un écho Roger Gicquel (un présentateur du 20 heures des seventies, je précise pour les plus jeunes!). Elle a peur de quoi, cette petite boule de temps gris? - Des SDF, par exemple. La mairie d'Argenteuil a un nouveau traitement anti-SDF : le "malodor". Il suffit de disperser ce répulsif autour du centre commercial de la ville pour les éradiquer comme les rats ou les pouls. C'est ça le traitement social version Argenteuil. A quand une version "handilodor", "blackodor"?

A part ça, une productrice télé nous a contacté pour qu'on lui raconte notre histoire d'amour, une belle histoire d'amour valide/handicapé pour bien commencer la saison. Certains couples vont sûrement s'y précipiter, s'y exhiber, thérapie voyeuriste oblige. Nous pas! D'abord, nous sommes loin d'être un couple modèle et on n'a pas envie de parler de notre libido! Des problèmes des hands, de notre expérience oui, mais pas plus! Je vous le dis rien ne vaut le soleil intérieur pour fendre la grisaille.

Cesarina Moresi, Philippe Barraqué

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