Benjamin Button ne vieillit pas, il rajeunit. Il est né fripé comme un vieillard, il mourra tel un nourisson. Vous le savez déjà. Fincher est un grand réalisateur, Brad Pitt n'est pas seulement une gravure de mode mais aussi un chouette acteur. Vous le savez aussi. Le film est couvert d'éloges et de récompenses. Vous le savez également. Alors quoi dire d'autre? Pas grand chose, en fait. 2h40 d'une aventure qui s'égrène lentement mais irrrésistiblement, une leçon de vie à rebours, une gallerie de personnages qui vont et viennent, une histoire qui se confond avec l'Histoire et flirte avec la leçon. De cinéma. A condition de ne pas exiger une révélation, un film novateur qui casse les codes du genre. Les attentes autour du projet s'expliquent notamment par les hommes qui l'ont mené à bien : David Fincher, réalisateur de
Seven et de Zodiac, a une réputation de surdoué difficile à contrôler ; Fitzgerald est considéré comme inadaptable, le scénario est signé Eric Roth, l'auteur de Forrest Gump, et la vedette s'appelle Brad Pitt, star planétaire s'il en est. Surtout, cela fait plus de quinze ans que Hollywood parle de ce film, dont la faisabilité n'a cessé d'être remise en question. De nombreux réalisateurs, Steven Spielberg, Ron Howard ou Spike Jonze, ont approché cette aventure avant d'abandonner un projet devenu mythique.
C'est justement dans son classicisme, dans son apparente mollesse, que B Button déroule sa trajectoire, toute en retenue, malgrè quelques scènes tire larmes un peu faciles (et des parenthéses humoristiques qui font echo à Forrest Gump). Cate Blanchett est superbe à 43 ans (dans le film), ça c'est l'anecdote/cerise sur le gâteau, pour la fin, quoi. On peut toujours chercher la petite bête, vouloir dénigrer ce qui a du succès et dont tout le monde parle, mais je préfère ne pas bouder mon plaisir. Mes retrouvailles avec Fincher se sont bien passées, comme d'hab. Merci l'artiste. ( 7,5/10)