Christine Albanel, ministre de la Culture, a passé son oral devant les commissions de l’Assemblée nationale. Oral où elle devait, en principe, défendre coûte que coûte la loi Création et Internet qui sera votée en mars prochains par nos députés. Je dis bien en principe car notre chère ministre qui veut censurer l’internet avec des mesures autant absurdes qu’ inefficaces a, à mon grand plaisir, pas su défendre des points (indéfendables ?) pourtant cruciaux du dossier.
Je vous le dis tout de suite, je n’ai pas vu la présentation de Christine Albanel (hier à 16h15) et ne la verrai sans doute jamais, en effet il n’y aura aucun archivage du débat (bizarre, pour éviter que les gaffes soient diffusées partout sur Internet ?). Bref, ce débat de deux heures a vu s’opposer les députés Martine Billard (Verts), Patrick Bloche (PS), Didier Mathus (PS) et Christian Paul (PS) à Christine Albanel, la confrontation a très vite tourné au massacre (celui des idées rassurez vous) de la ministre. Cette dernière n’a plus trouvé de réponses ou répondait de manière plus ou moins évasives au fur et à mesure que les députés la poussaient dans ses derniers retranchement. Il va sans dire qu’elle maîtrisait mal le sujet et nous l’a prouvé pendant une partie de son oral. Certaines grandes questions que tout citoyen soucieux de la liberté se pose n’ont pas trouvées réponses adéquates et/ou convaincantes.
Comme le résume très bien Soren :
On ne sait ainsi toujours pas comment faire confiance à des entreprises privées chargées de collecter les IP des internautes afin d’enclencher les procédures de l’Hadopi. On ne voit toujours pas comment les internautes pourraient faire pour prouver leur bonne foi et leur innocence en cas de litige avec les procédures de l’Hadopi. C’est encore plus cocasse lorsqu’on sait qu’on ne peut s’opposer qu’une fois la sanction tombée. La sanction d’abord, la protestation ensuite.
Mais ce n’est pas tout. On a toujours pas la preuve d’un lien de cause à effet entre échange de fichiers et baisse des ventes de produits culturels… peut-être parce qu’il y a une crise économique ? Peut-être parce que les individus étalent leurs dépenses dans différents “postes” culturels (DVD, CD, jeux vidéo, sonneries de téléphone, matériel informatique, livres, BD, mangas…) ? On est toujours pas sûr qu’un internaute qui ne pourrait plus télécharger irait nécessairement se consoler en devenant un acheteur compulsif…
Quand à la vision archaïque qu’elle défend, il va sans dire qu’elle est en totale adéquation avec les industries de la culture, qui figées dans l’immobilisme, ne peuvent se résoudre à abandonner un système vieillissant qu’il faut changer au lieu de favoriser. Exemple : pour éviter que les utilisateurs anonymes de bornes wi-fi ouvertes soient pénalisés, Mme Albanel a proposé que ces bornes ne donnent accès qu’à un nombre limité de sites web prédéfinis … Un retour au minitel ?
Pour conclure sur ce sujet, je dirais juste que les députés socialistes et vraisemblablement ceux du Centre vont voter contre cette loi. Plus récemment, aujourd’hui en fait, le site Numerama lance un appel pour l’ouverture d’une enquête parlementaire contre Christine Albanel ! A l’heure où le très “éclairé” Frédéric Lefebvre réclame lui une enquête parlementaire à l’encontre des sites de streaming qui diffusent des films sans l’autorisation des ayants droit.
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Pour l’ouverture d’une enquête parlementaire contre Christine Albanel !
Frédéric Lefebvre s’attaque au streaming pour mieux défendre certains intérêts industriels
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