Nicolas Sarkozy fait preuve depuis longtemps d’une certaine ambiguïté sur le concept de laïcité, qu’il juge « épuisée dans sa forme actuelle ». Il prône
dés lors un dépassement, qu’il qualifie de « laïcité positive », esquissé dans ses fonctions de ministre de l’Intérieur et des cultes : appel aux musulmans de France à se fédérer au sein d’un
Conseil représentatif pour devenir interlocuteurs des pouvoirs publics ; discrimination dite positive sur critères religieux, avec la nomination d’un préfet « musulman » ; volonté de « réaménager
» la loi de 1905, afin de permettre l’intervention publique en soutien aux organisations confessionnelles.
Mais depuis son élection, le président de la République fait explicitement la promotion de la religion – des religions en général, de la sienne en particulier – et n’hésite pas à les appeler au
soutien de son action gouvernementale. Ne cachant ni le supplément d’âme qu’il reconnaît aux croyants, ni l’espoir qu’il place dans l’école privée pour pallier
les insuffisances supposées de l’école publique (notamment en termes demorale et de prévention de la délinquance), le chef de l’État inscrit désormais son action résolument en dissolution du
principe de laïcité dans notre République.
Les dangers que Nicolas Sarkozy fait courir à notre société en agissant ainsi sont importants. Il gomme, au nom du respect des croyances, les risques générés par les pratiques sectaires ; il
prône la définition des individus à partir de leur appartenance communautaire et de leur héritage culturel (et non de leur liberté de conscience et de la qualité de citoyen) ; il favorise la
stigmatisation des communautés et leur opposition entre elles.
Le renoncement contenu dans cette politique, c’est le renoncement à la liberté des individus,au droit pour tous à l’émancipation sociale, à la fraternité et à l’égalité.Mais surtout cela porte
atteint demanière inquiétante à l’unicité de notre République.
par Marie-Pierre
de la Gontrie,
secrétaire nationale
aux libertés publiques