Quand on sort de la maternité, on nous dit qu'il faut consulter un pédiatre dans les 8 jours. On ne le sait pas encore, mais c'est le début du calvaire.
Parce que déjà, à Paris, trouver un pédiatre disponible à si courte échéance pour un rendez vous qui n'est pas une urgence, hinhin, c'est déjà une bonne blague.
Ah si, le troisième pédiatre de l'annuaire est disponible. Mais c'est 90 euros la consultation.
Du coup, quand la sixième de l'annuaire propose un rendez vous pour le lendemain à un tarif raisonnable, ça paraît très louche.
Tout s'explique une fois rencontrée la dite pédiatre.
On dirait la pédiatre qui s'est occupée de moi il y a 30 ans. Avec 30 ans de plus, quoi.
Entendons nous bien, je ne fais pas de jeunisme forcené, mais il me semble que quand on est médecin, il est utile de se tenir informé des évolutions des connaissances médicales.
Ah c'est sûr, historiquement, c'est intéressant d'entendre toutes les théories des années 70 sur l'allaitement, les vaccins, ou le sommeil de bébé.
Et puis pour des jeunes parents, ce n'est pas inutile d'entendre des avis aussi contradictoires entre les pédiatres de la maternité et ce discours, qui après tout a servi à nous élever. Ça permet de relativiser, au moins. On peut pas faire faux, au pire, on fera vrai façon années 70. Ou années 30, va savoir.
Non, ces théories surannées ne sont pas la raison principale de l'extrême disponibilité de ce médecin. La raison qui fait fuir tous les parents normalement constitués, c'est qu'on va voir un médecin pour être rassurés, et non pas pour alimenter nos inquiétudes, j'ai déjà suffisamment d'imagination merci bien.
En conséquence de quoi il est peu agréable d'entendre des phrases du type :
"Oui, il vaut mieux faire boire un peu d'eau chaque jour à votre bébé, pour l'habituer, comme ça quand il sera malade ce sera plus facile de lui faire prendre ses médicaments"
(ok, mon bébé va être prochainement malade, et ça va être une tannée pour le faire prendre ces médocs. Je respire un peu plus rapidemment et je note)
"Il faut absolument espacer les tétées car sinon, le lait frais tombe dans le lait déjà caillé dans l'estomac, ça fait un mauvais mélange avec l'acidité, et ça déclenche des coliques très douloureuses pour l'enfant. Il faut donc bien attendre 2h30 entre chaque tétée. Mais surtout avoir un minimum de 8 tétées par jour, hein, sinon, c'est l'hypoglycémie".
(euuuuuh... 24 heures divisiées par 8 tétées ça fait minimum toutes les 3 heures et donc maximum toutes les 2h30. Ah ouais.
"Viiiiiiiiiiiite réveille toi il ne te reste que 2 minutes pour téter !!!!
Noooooooon là c'est trop tôt, il faut attendre encore 4 minutes 30 !!".
Et sinon on a le choix entre l'hypoglycémie et les souffrances des coliques, donc. Gloups.)
"Un jour vous n'aurez peut être plus de lait. Et ça arrivera peut être la nuit. Vous devrez donner du lait en poudre. Mais ATTENTION, les bébés peuvent faire des allergies violentes à certains laits. Le bébé d'une de mes amies a fait un arrêt cardiaque à cause d'une allergie au lait artificiel. Donc pour plus de prudence, il vaut mieux tester dès maintenant, de jour, et proche des urgences, plusieurs laits artificiels."
(ok, donc mon bébé va peut être faire un arrêt cardiaque le jour où on lui donnera son premier biberon. Claclaclaclaclac (<- mes genoux)).
"Mais si je vous dis tout ça c'est par prudence, hein !"
(oui, oui, et nous on va peut être confier notre bébé aux urgences dès maintenant et puis on le récupèrera quand il aura 18 ans, pour être sûrs, quoi)
Voilà. Le Crampon avait donc 7 jours, et des parents plein de conseils contradictoires, qui se demandaient s'ils allaient réussir à garder leur bébé en vie (là, on a vraiment pensé au tamagoshi de DQJM).
Mais surtout, des parents convaincus qu'ils allaient changer de pédiatre.
Suite de l'épopée au prochain épisode.