Ce n'est plus un secret pour personne, j'ai participé très activement au succès de la première web réalité The Cell Experience de Zaoza (avec le talent de l'agence Buzzman). Je ne reviens pas sur ce que j'ai fait, d'autres l'on déjà fait.
En revanche, je vais revenir sur ce que j'ai vécu. Tout d'abord je vous rappelle le contexte : Vladimir, prisonnier volontaire, est resté cinq jours dans un lieu clos filmé 24h/24 avec pour seule fenêtre un téléphone portable qui lui permettait de recevoir des sms et de téléphoner. A chaque pallier de visiteurs uniques, Vladimir subissait des épreuves pour le faire craquer et pour qu'il ne puisse pas gagner les 5 000 euros alloués à sa performance s'il tenait la distance.
Caché derrière nos écrans, un jeune mec brillant et moi, animions (sans aucun plan média...) les internautes, plus de 1000 sites et forums, twitter, mail, facebook, etc... (de l'excellent travail à l'ancienne...) pour qu'ils participent en nombre. L'objectif des 100 000 visiteurs uniques nous avait été fixé, nous l'avons atteint en 4 jours au lieu des 5. Succès donc pour notre action. Je ne peux pas vous raconter les secrets de fabrication de cette réussite pour des raisons évidentes. En revanche, je peux vous révéler ce qui me fait réflechir.
Cela tient en un fait : l'internaute n'arrive pas à se rebeller contre la règle. A 100 000 visiteurs uniques, nous avions annoncé que nous couperions un des bras de Vladimir. A 100 000 visiteurs uniques, nous n'avons pas, évidemment, coupé un de ses bras. A partir de ce moment là, nous avons pris des tonneaux de commentaires (sur les forums), de mails et de sms d'insultes nous disant que nous ne tenions pas nos engagements, la règle du jeu...
En 1939 on nous a dit qu'il fallait dénoncer les juifs et puis chaque corps de métier à fait son office vers les camps de la mort. Récemment, un député de la majorité, nous a dit qu'il fallait dénoncer les sans papiers...
Sommes-nous capables de nous rebeller où allons nous gentillement à l'abatoire ?... C'est toute la question, reprise dans le film I comme Icare de Henri Verneuil, que pose l'expérience de Milgram qui est une expérience de psychologie réalisée au début des années 60 par le psychologue américain Stanley Milgram. Cette expérience vise à estimer à quel niveau d'obéissance peut aller un individu dirigé par une autorité qu'il juge légitime et à voir le processus qui mène à un maintien de cette obéissance ; notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. Extraits du film :
En parallèle de la joie du succès au delà de nos espérances de The Cell Experience, j'ai pu toucher du doigt à quel point de très nombreux internautes voulaient qu'on aille jusqu'au bout des règles annoncées... sans voir que ce n'était que de la gaudriole, sans comprendre ce qu'ils faisaient.