- Intervention de Benoît Hamon, Porte-parole
- Intervention de Christian Paul, président du laboratoire des idées
- Intervention d’Arnaud Montebourg, Secrétaire national chargé de la rénovation
Je suis accompagné des élus qui ont participé à la mission PS qui s’est rendue dans les départements d’outre-mer, le week-end dernier.
La question des salaires et du pouvoir d’achat qui se pose de manière hypertrophiée aux Antilles, menace maintenant de s’étendre sur tout le territoire métropolitain. Le Secrétariat national de ce matin a permis à travers ses échanges, de faire le point sur la situation. La Première secrétaire, Martine AUBRY recevra demain les élus socialistes des départements d’outre-mer avant leur rendez-vous avec le président de la République, pour établir une plateforme de revendications qui devrait être utile à l’Élysée, resté particulièrement inactif sur cette crise depuis le début. Nous ne pensons pas pour autant que la multiplication des revendications se traduise nécessairement par la multiplication des barrages. Il y a dans le pays un vrai problème de revendication de pouvoir d’achat et de salaires qui s’exprime. Il y a une mobilisation prévue le 19 mars. La redistribution des richesses et le financement défaillant des services publics font que les syndicats s’accordent tous pour remettre en cause la loi TEPA. Nous verrons comment le gouvernement répond à toutes ces préoccupations et s’il met tout en œuvre pour essayer de trouver un débouché positif à la crise.
Nous sommes allés aux Antilles et à la Réunion pour témoigner sur la gravité de
la crise sociale qui touche les départements d’outremer. La situation est d’autant plus tendue que la crise n’est pas apparue ces derniers jours. Cette crise doit beaucoup au désengagement de
l’Etat et de ses missions de régulation. Le silence présidentiel et la valse hésitation sur la gestion de la crise n’ont rien arrangé. Nous dénonçons donc l’inertie de l’État et sa forte
responsabilité sur l’enlisement de la crise qui atteint maintenant son paroxysme.
Nous adressons donc un message de solidarité à ces populations en difficulté car la demande sociale qui s’exprime est fondée. Les prix explosent et les domiens ne sont plus en mesure de faire
face, étant donné leurs revenus insuffisants.
Nous avons interpellé le gouvernement pour que l’État sorte de son isolement et retourne à la table des négociations. Les associations, les partenaires sociaux et même le patronat sont prêts à y revenir. Il faut donc que l’État reprenne sa place. C’est pourquoi le Parti socialiste invite le président de la République à sortir de son silence. L’État a déserté son rôle de négociateur d’où le sentiment d’abandon perceptible. La demande des 200 euros d’augmentation est juste au regard des situations exceptionnelles et spécifiques de l’outre-mer et des écarts de prix et de revenus moyens. L’élaboration de la plateforme de revendication permettra d’ajuster cette demande. Car la négociation doit reprendre là où elle s’est interrompue, sur la revendication de 200 euros sur les salaires plus faibles et sur une juste répartition de l’effort demandé à la fois par les entreprises qui exercent un monopole, et par l’État. Yves JEGO avait commencé à engager la discussion en ce sens avant qu’elle ne soit prise en otage par la négociation prévue entre les partenaires sociaux et l’Élysée, le 18 février. La crise menace maintenant de s’étendre sur tout le territoire. La situation exceptionnelle d’outre-mer nécessite une négociation spécifique car la situation est complexe et encore plus préoccupante. Elle nécessite un effort exceptionnel de la part de l’État. Il ne faudrait pas que l’État cède à la tentation de diaboliser les mouvements sociaux qui s’expriment car cela ne correspond en rien à ce que nous avons vu sur place. Des dérapages sont possibles parce que l’État a laissé pourrir le conflit.
Il est toujours intéressant d’observer et utile d’être présent là où les conflits sont en gestation. A l’île de la Réunion, les problèmes de la vie chère sont décuplés par rapport à ce que nous connaissons en métropole et il y a une absence des pouvoirs publics. Il y a déjà une crise des carburants au mois de novembre qui n’a pas été soldée, et aujourd’hui les difficultés sont palpables. Un collectif contre la vie chère est en place et nous sentons la popularité de ses actions. Déjà des actions ont été menées dans les supermarchés pour alerter sur les difficultés rencontrées par les populations de l’île à vivre correctement. Nous appelons au dialogue et à l’ouverture sans tarder de négociations. Au gouvernement de les mener à bien. Si M. JEGO est venu avec 15 jours de retard avec les conséquences dramatiques que nous connaissons aux Antilles, il vaudrait mieux qu’il ait 15 jours d’avance à la Réunion pour éviter le même scénario. Les revendications posées sur la table pour le 5 mars sont des revendications légitimes. Le gouvernement a trop longtemps laisser pourrir la situation.