A peine quelques jours après une première intervention télévisée, le Président Nicolas Sarkozy s’exprimera à nouveau ce soir à la télévision. Retour avec Gilles Leclerc, responsable du service politique de France2, sur ces deux interventions et les enjeux qui les entourent, notamment en terme de communication publique.
Délits d’Opinion : Après être intervenu ila seulement dix jours pour s’expliquer sur la crise actuelle, le Président a prévu de s’adresser à nouveau aux Français ce soir. L’émission du 5 février était-elle ratée ?
Gilles Leclerc : Juste à la fin de l’intervention, le Président ainsi queson entourage semblaient satisfaits à la fois de l’audience et de la prestation. La chute de sa cote de popularité constatée les jours suivants par tous les instituts s’apparente à une douche froide. En réalité, on touche aux limites de l’exercice. Les Français ont apprécié le dynamisme, l’investissement du Président. Mais, affectés de plein fouet par la crise, ils sont sans illusion et attendent maintenant des réponses concrètes. Dans cette perspective, le rendez-vous crucialavec les Français aura lieu ce soir.
Délits d’Opinion : Quelles sont les marges de manœuvre du Président de la République ?
Gilles Leclerc : Face à l’ampleur de la crise, le Président ne peut pas grand-chose. La crise balaie toute lastratégie conçue pendant la campagne présidentielle. Et l’Elysée n’a pas encore trouvé une nouvelle mécanique de sortie de crise.
Délits d’Opinion : Selon vous, comment va réagir l’opinion publique à l’avenir, alors que nous entrons dans le dur de la crise ?
Gilles Leclerc : L’inquiétude est d’autant plus grande qu’il n’y a aucune visibilité sur la durée de la crise. Certains prédisent une sortie de crise dans 6 mois d’autres dans 10 ans, ce qui oblige les politiques à naviguer à vue. Dans une telle incertitude, les Français s’inquiètent non seulement pour eux, mais aussi pour leurs enfants. Ils exigent aujourd’hui plus de visibilité.
Délits d’Opinion : Les journalistes qui ont interrogé le Président de la République ont été critiqués notamment pour leur manque de répartie.
Gilles Leclerc : Il est très difficile de réaliser une émission à 4 journalistes, car l’interviewer n’a pas totalement l’espace pour relancer ou répondre, surtout quand cet exercice est une première. Ensuite, beaucoup de sujets ont été traités. Trop peut-être. Enfin, n’oublions pas qu’il s’agit d’un exercice un peu particulier, solennel et particulièrement exigeant face à un Président qui met beaucoup de pression pour donner le meilleur de lui-même.
Propos recueillis par Matthieu Chaigne.