Antonio Porchia exerce une influence prépondérante dans le monde littéraire.
Son cas est exemplaire du "non auteur", de la personne non engagée dans le monde littéraire et qui pourtant marque ce monde avec une rare intensité.
En fait, il a tendu à ce rêve : vivre et écrire dans un même mouvement. Ne pas séparer le rêve dans sa plus haute forme de certaines formes de nos rêves communs qu'on nomme "réalité".
Il a écrit, certes. Il a publié, certes. Mais cela ne doit pas nous limiter à le limiter.
Il a surtout vécu ce qu'il nous donne à travers un peu plus d'un millier d'aphorismes d'une étonnante simplicité.Une simplicité toute d'apparence...
Voyez ce que nous dit Roberto Juarroz d'Antonio Porchia :
"Je n'ai trouvé qu'en Antonio Porchia une aussi haute coïncidence entre la sagesse de la vie et la sagesse du langage. Il y a longtemps que j'ai renoncé à tenter de m'expliquer les causes de cette étrange convergence en un être de relative et même étroite culture formelle, et cela dans un temps où la sagesse est une dimension presque perdue... Mais je n'ai pu renoncer, par contre, au sentiment que c'est seulement dans cette rare unité ou équivalence du dire et de la vie que se donne la vraie sagesse. Et là seulement aussi l'expérience et la littérature qui importent."
Antonio Porchia est né en Calabre, à Conflenti, le 13 novembre 1885, et mort à Buenos Aires où il a passé son existence le 9 novembre 1968.
Il quitta l'Italie pour l'Argentine après la mort de son père en 1911. Il exerca différents métiers manuels. Il n'écrivit qu'un livre en espagnol intitulé Voces ("Voix") (éditions : 1943, 1948, 1956, 1967), un livre d'aphorismes, qui a été traduit depuis en français (par Roger Caillois, Roger Munier, Pierre Nouilhan et Fernand Verhesen), anglais et allemand. Très influent, Antonio Porchia est un auteur reconnu par nombre d'écrivains parmi lesquels André Breton, Jorge Luis Borges, Roberto Juarroz et Henry Miller.
J'ai découvert cet auteur par le biais de Roberto Juarroz et lui ai consacré un site où vous trouverez, en français, la totalité de ses aphorismes, ici et là
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Quelques « Voix »:
Le soleil illumine la nuit, il ne la change pas en lumière.
El sol ilumina la noche, no la convierte en luz.
Nous étions la mer et moi. La mer était seule et moi seul. Un des deux manquait.
Éramos yo y el mar. Y eI mar estaba solo y solo yo. Uno de los dos faltaba.
Les chaînes que je ne veux pas rompre ne sont pas des chaînes; mais elles le seraient, si je les rompais.
Las cadenas que no quiero romper no son cadenas; pero lo serían, si las rompiese.
Ton sang est feu, et il neige dans tes yeux.
Tu sangre es fuego y en tus ojos nieva.
Bibliographie
Poèmes dans La Licorne n° 2, 1948.
Voix (Voces, 1943), textes choisis, présentés et traduits par Roger Caillois, Éditions G. L. M., 1949, 50 p., épuisé - réédition avec un dessin de Michel Didier : Éditions Sables, 1989, 56 p., épuisé.
Voix, suivi de Autres Voix (Voces ; Voces secunda serie), préface de Jorge Luis Borges, postface de Roberto Juarroz, traduit de l'espagnol par Roger Munier. [Paris], Éditions Fayard, " Documents spirituels " n° 16, 1978, XII-144 p.
Voix inédites, traduit par Roger Munier. [Le Muy], Éditions Unes, 1986, bilingue, 32 p.
Voix abandonnées, édition de Laura Cerrato (de Juarroz), traduit par Fernand Verhesen, Éditions Unes, 1991, bilingue, 192 p.
Voix, choix de textes, gravures de Christine Vielle, Éditions Artcodis, 1991, tirage limité, épuisé.
Voix et Autres voix, traduit et préfacé par Roger Caillois, illustrations de Javier Vilato, Éditions Fata Morgana, " Les Immémoriaux " n° 6, 1992, 72 p.
Voix, gravures de Philippe Favier, Les Francs bibliophiles, 1993, 64 p., tirage limité, épuisé.
Voix, suivi de Voix nouvelles, traduit par Pierre Nouilhan, Éditions Sables, 1996, 100 p.
L'ouvrage de référence en espagnol : Antonio Porchia, Voces Reunidas, Ed. Pre Textos, Valence, 2006.
Contribution de Luc-André Rey