Luminaires de Serge Mouille

Par 9emesymphonie

Serge Mouille est le fils d’un agent de police et d’une mère couturière, que rien ne prédisposait vraiment au métier d’orfèvre et maître de la lumière. Et pourtant: Après trois ans de cours complémentaires, il se présente aux concours d'entrée de l'Ecole Diderot et des Arts Appliqués où il sera admis à seulement 13 ans, il s'y spécialisera dans le travail du métal et obtiendra à 19 ans son CAP d'orfèvrerie.
Après avoir travaillé quelques années dans l’atelier de Gabriel Lacroix, il s'intallera à son compte en 1945 afin de se lancer dans la création d'orfèvrerie de table, m
ais au début des années 50 il rencontre Slavik Vassiliev, décorateur et futur père des premiers Drugstore Publicis, et entrera ainsi dans le cercle du bouillonnant groupe Espace. Il y développera de nouvelles réflexions sur la forme métallique dans l’espace et réalisera ainsi ses premiers prototypes de luminaires, tout en assurant la direction de l’atelier d’orfèvrerie de son École.

En 1952, Jacques Adnet architecte décorateur  lui passe commande d’un grand luminaire, ce sera un lampadaire noir à trois bras articulés par des rotules avec des abat-jour "tétons" (caractéristiques du style Mouille) en aluminium émaillé, étudiés pour une réflexion optimale et réglables dans toutes les positions.
L'histoire dit qu'en voyant la lampe, Adnet à dit « On va se foutre de moi quand on va voir tes réflecteurs en forme de nichons ! », luminaire considéré aujourd’hui comme sa pièce maîtresse.
L'esthétique de ce premier luminaire servira de base à plus de cinquante modèles : luminaires à pied, suspensions, lampes de table, appliques simples ou à bras multiples....  Leur succès est immédiat auprès des décorateurs et architectes les plus en vue de l’époque. Ainsi lorsqu’en 1956, Steph Simon ouvre sa galerie, boulevard Saint-Germain, Mouille intègrera l’équipe et se trouvera exposé aux côtés de Prouvé, Perriand, Noguchi... . Une diffusion assez confidentielle s'amorce pendant qu'il réalise parallèlement des éclairages sur mesure et des commandes spéciales notamment pour le réfectoire de la cité universitaire d'Anthony, le foyer des Jeunes Travailleurs de Fontenay et Cachan, les facultés de Strasbourg et Marseille, le centre d'essais en vol de Brétigny ou encore le service Médical Christian Dior.
Mais tuberculeux depuis de nombreuses années, Serge Mouille est contraint d'interrompre ses créations en 1959 pour une cure dans un sanatorium en montagne. Pendant cet éloignement il reprend intensément ses recherches graphiques et la gravure au burin. Une fois remis, il exposera ses ardoises gravées et ses premiers bijoux. En 1961, grâce à la Société de Création des Modèles (S.C.M.), il peut exposer au Salon des arts ménagers, une nouvelle collection de luminaires colonnes rectilignes combinant fluorescence et incandescence.  


Les commandes affluent, mais le créateur hésite à passer à une production industrielle et décide en 1964 de cesser toute production et de se consacrer à l’enseignement. Mais l'intérêt pour ses créations ne se dément pas, tous les musées et galeries de part le monde reconnaissant la puissance de son oeuvre.
Serge Mouille meurt en 1988, 10 ans plus tard, sa veuve, Gin Mouille, relance la fabrication stimulée par la cote grandissante des modèles originaux et s’entoure d’orfèvres talentueux, dont Fred Barnley élève du créateur, qu’elle considère comme son meilleur disciple.


Plus de cinquante ans après leur création, la pureté et la sobriété du style font de ces luminaires des icones d’une étonnante modernité qui s'arrachent sur le marché du design.


Inutile de préciser que j'adore, mais bon là on joue vraiment dans une autre cour car la plupart des pièces s'arrachent à des prix dément ... Mais bon, on peut toujours rêver non ??