Et si on interdisait les stages en entreprises?

Publié le 17 février 2009 par Tmurcier@hotmail.com

Je réagis ici suite à un billet d'Abadinte. A la fin de son billet, il pose l'affirmation suivante : 

"Les stages sont des trappes à l'embauche puisque payer un stagiaire 300€/mois sera toujours moins cher que de payer un salarié 3000€/mois. Et le travail sera pourtant fait. Et c'est pourquoi certains se retrouvent au chômage aujourd'hui."

Je partage cette opinion. Aujourd'hui, alors que beaucoup de jeunes diplômés sont au chômage (j'en profite au passage pour saluer mes copains de promo qui galèrent...), d'autres sont en stage.

Du travail, il y en a, ce n'est pas cela qui manque, même si on peut comprendre qu'il y ait une diminution de l'activité, il y a du boulot.

Seulement, le boulot, ce sont des jeunes, rémunérés 300 euros par mois, sans ticket restaurant, sans congés, explosant n'importe quel quota horaire qui le font.

On prend un stagiaire pour créer un poste, et quand le poste est rentable, dans le meilleur des cas on embauche, dans de nombreux cas, bah... on prend un autre stagiaire et on demande au stagiaire précédent de le former.

Sinon, on prend un stagiaire pour couvrir un congé maternité, ou couvrir le poste de quelqu'un qu'on a viré.

Puisque les jeunes n'ont pas le choix, autant ne pas laisser le choix aux entreprises:

Je propose qu'on interdise les stages de plus de 3 mois.

Car ce qui pose problème, ce ne sont pas les stages de courtes durées qui permettent de valider une licence ou un BTS, mais ceux de longues durées, qui permettent aux entreprises d'avoir quelqu'un de formé, de rigoureux, d'opérationnel, motivé comme jamais, pour 300 euros par mois.

Si l'on interdit les stages, et bien il faut réfléchir à un nouveau dispositif :

==> On autorise toujours l'apprentissage, car l’apprenti a un salaire, un statut respectable et cotise pour sa retraite. Souvent, l'entreprise paye toute ou partie de la formation du jeune en alternance. De plus, un poste en apprentissage étant à mi-temps, un stagiaire temps plein ou un salarié temps plein ne peut l'occuper.

==> Plutôt que des stages de longues durées, on impose le système de césure pour les grandes écoles ou Universités, pour l'obtention du Bac+5. Ce système donne la possibilité à un étudiant d'avoir un vrai contrat pendant un an, voire plus, et est souvent pris en compte dans la validation de certains crédits ECTS indispensables pour l'obtention du diplôme.

Les entreprises auraient donc le choix entre :

- Embaucher et donc payer un salarié comme il se doit, entre 2000 et 3000 euros brut par mois.

- Prendre un étudiant en césure, certes moins qualifié, mais surmotivé et toujours moins "cher", puisqu'il ne demanderait qu'un salaire compris entre 1200 et 1800 euros net en moyenne.

- N'autoriser le stage pour un étudiant que s'il est effectué à l'étranger. Dans ce cas précis, on comprend qu'un stagiaire soit moins rémunéré puisqu'il parle moins bien la langue, est moins imprégné de la culture, etc.

Je vous entend déjà me dire : "Et les PME?"

Demandez à tous vos amis qui ont galéré de stages en stages, ils vous diront que la plupart du temps, ils travaillaient (car un stagiaire travaille, je précise) dans de grands groupes. Il y a certains groupes où certains services sont composés en totalité ou quasi totalité de stagiaires...

Pour les PME, le problème n'est pas là, il est même plus important que d'être stagiaire ou pas. Des dispositifs d'aide à l'embauche, bien plus importants, devraient être mis en place.

Bref, à méditer...