Concert lundi 2 février au Théâtre des Champs-Elysées. Le Venice Baroque Orchestra, sous la direction d'Andrea Marcon, interprète un programme entièrement dédié à Antonio Vivaldi. Alternent des concertos pour cordes et basses continues et des concertos pour deux violons, avec deux interprètes à la forte personnalité : Viktoria Mullova et Giuliano Carmignola.
Sans aucun doute, le 2 février dernier, Andrea Marcon et son ensemble étaient dans une forme olympique, avec des concertos pour cordes pétillants, légers à la vivacité parfaitement contrôlée. L'ensemble est très homogène, les musiciens biens calés, admirablement dirigés.
A noter, le magnifique mouvement lent du concerto en sol majeur RV. 146 (Andante e sempre piano).
Viennent ensuite à quatre reprise, entre quelques concertos pour cordes aériens et un rien badins,
les concerto pour deux violons. Cette fois, on ne plaisante pas. Surtout avec les deux solistes qui se rencontrent à l'occasion. Tout d'abord, Viktoria Mullova, violoniste pour laquelle je voue une admiration constante depuis plus de quinze ans et que j'ai suivie régulièrement au disque comme au concert. Elle vient de "basculer" depuis deux ans dans le monde du baroque et des instruments anciens, troquant les cordes métalliques pour les cordes à boyau et pour un instrument qui, visiblement, se désaccorde à une vitesse incroyable. Ensuite, Giuliano Carmignola, seigneur du violon vivaldien à qui on peut arracher un sourire détendu pour environ dix secondes sur un concert de deux heures.Cette boutade mise à part, l'association de ces deux prodigieux violonistes, à la virtuosité sidérante s'avère très intéressante. Outre la contribution à une vision décapante de Vivaldi, dont on ne peut que se douter avec Giuliano Carmignola, les deux interprètes apportent aussi un duo qui se complète parfaitement. Viktoria Mullova, tout de même naturellement très énergique, dont les attaques sont franches, vives, acérées, et qui déploie sa belle musicalité avec un soupçon de questionnement, un phrasé au style élancé et très racé, quelque chose d'olympien. Giuliano Carmignola apporte plus de sécheresse mais avec une fébrilité, un côté à fleur de peau très touchant et intriguant. Tous les deux ont indéniablement une classe incroyable, avec une autorité naturelle. Viktoria Mullova est très concentrée, les yeux rivés sur la partition, Giulinao Carmognola jette de temps à autre les yeux sur la partition mais en est nettement plus détaché et se montre assez remuant.
On peut résolument ne pas aimer car le Vivaldi qui est ici proposé déploie la virtuosité de son écriture avec fougue et une certaine sécheresse. Aucune place n'est laissée pour la moindre diversion. Je parle bien-sûr des mouvements rapides. Les légendaires largos ou adagios sont quant à eux déployés par la le duo italiano-russe avec une sensualité et une subtilité évidente. De toute façon, outre leur talent musical indéniable, ces deux interprètes sont aussi splendides et ont une classe incroyable.
J'ai été particulièrement marqué par le concerto en ré mineur RV 514 dont l'écriture est d'une audace incroyable.
Nb : je suis assez déçu par la sonorité du Stradivarius de 1732 de Giuliano Carmignola qui manque d'ampleur et dont le timbre n'est finalement pas très agréable.
Les mêmes interprètes ont gravé ces concertos au disque chez Archiv Produktion.