C’est en ces termes qu’est introduit le film Herbe, réalisé par Matthieu Levain et Olivier Porte qui sortira au niveau national ce mercredi 18 Février. Film documentaire, Herbe nous emmène tel un road movie à la rencontre d’éleveurs laitiers bretons. On découvre deux façons de concevoir ce métier très différentes. D’un côté, des agriculteurs se basent sur un modèle productiviste (le modèle actuellement dominant), s’inscrivant dans une logique d’industrialisation de l’agriculture et donc de la production alimentaire. D’un autre, des paysans ont fait le choix d’alternatives à ce modèle et prônent des méthodes durables. Herbe s’est attaché à comprendre les rouages de ces deux manières de fonctionner avec l’exemple de l’élevage laitier, mais la même question se pose dans tous les domaines de l’agriculture.
L’aventure d’Herbe débute il y a 3 ans, alors qu’Olivier Porte, ingénieur agronome, après plusieurs expériences et rencontres avec des agriculteurs travaillant selon des méthodes durables, décide de se lancer dans la réalisation d’un film sur le sujet avec son ami Matthieu Levain à l’époque en train de monter une société d’audiovisuel. Le projet est rédigé puis devant de nombreux refus de productions, les réalisateurs décident finalement d’accomplir ce projet à leurs frais. Trois semaines de tournage en Bretagne sont alors organisées pour concrétiser le film. Les réalisateurs partent à la rencontre de ces éleveurs laitiers et vont s’interroger sur les déterminants et les mécanismes de ces différentes visions de production.
En particulier, Herbe se penche sur les dérives liées à la PAC (Politique Agricole Commune) qui a conduit à une situation des plus absurdes : depuis 1992, la PAC verse des aides directes aux agriculteurs pour chaque hectare cultivé en maïs de fourrage. Ainsi ceux qui choisissent de nourrir leurs vaches avec du maïs bénéficient d’aides alors que les agriculteurs nourrissant leurs vaches à l’herbe ne reçoivent rien. Cette distribution inégalitaire a poussé de nombreux agriculteurs à abandonner l’herbage au profit du maïs fourrage. Un autre travers viendrait des grandes coopératives agricoles qui amènent les paysans à perdre leur autonomie. Ce sont elles en effet qui leur fournissent engrais, semences, aliments... nécessaires à la production. Ainsi pour Coopagri et Unicopa, deux grosses coopératives agricoles bretonnes, la vente d’aliments pour l’élevage représente 15% de leurs chiffres d’affaires, autant dire qu’elles n’ont pas trop d’intérêt à ce que les agriculteurs nourrissent leurs vaches à l’herbe...
D’un oeil se voulant le plus objectif possible, le film Herbe souhaite éclairer sur toutes ces dérives. Mais c’est aussi d’une voix positive qu’il présente une alternative au modèle d’agriculture productiviste, qui tient compte de critères environnementaux tout en étant tout à fait compétitive. Alors que le modèle actuel est en train d’atteindre ses limites, il nous faut adopter de nouvelles pratiques, plus durables, et réfléchir à de nouveaux modes de vie. Herbe semble être un point essentiel à cette réflexion. Et puisque les films mettant en exergue des alternatives positives à notre société de surconsommation peu durable sont encore rares, il est important de les soutenir. Vous pouvez déjà visionner la bande annonce pour vous faire une idée, la liste des projections programmées est également disponible sur le site du film Herbe. De nombreuses soirées-débats sont prévues, notamment ce lundi 16 février a lieu à 20h15 une projection en avant-première au cinéma Diagonal de Montpellier suivie d’un débat avec les réalisateurs et José Bové.
Partenaires du film : Réseau
Cohérence, Colibris
Mouvement pour la Terre et l’Humanisme fondé par Pierre
Rabhi, Réseau Agriculture Durable,
Confédération Paysanne, WWF France, Slow Food
France, Mouvement pour le Droit et le Respect des
Générations Futures...
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