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Chimamanda Ngozi Adichie : L'autre moitié du soleil

Publié le 26 novembre 2008 par Gangoueus @lareus
Copyright © 2008 Beowulf Sheehan/PEN American

Biafra est un nom resté gravé dans l’inconscient de beaucoup de nations. Si l’épisode de la guerre du Biafra rappelle en France les premiers pas de l’humanitaire avec les french doctors de Médecins sans frontières naissant volant au secours des populations biafraises affamées par le blocus du gouvernement fédéral nigérians, le camp Biafra à Brazzaville rappelle un épisode sanglant de l’histoire congolaise. La référence insurrectionnelle est là. Le Biafra, petite république éphémère qui fit sécession avec le géant nigérian et lutta pendant quatre ans pour sa liberté.
C’est cette page sombre de l’histoire de son pays que la jeune romancière Chimamanda Ngozi Adichie propose à son lecteur de revisiter. Pour cela, par une écriture maîtrisée, dense, elle meut ses personnages entre deux périodes : Le début des années 60 aux lendemains des indépendances africaines, phase de son texte où elle met progressivement en scène les personnages de son roman ainsi que le contexte social et politique de la période et la fin des années 60 qui voit exploser le conflit et évoluer les différents personnages.
Je ne présenterai pas les différents personnages. Ce n’est par paresse. Mais j’ai été tellement fasciné par la construction de chaque figure, la tragédie de chacune de ces trajectoires, les rencontres, les blessures, les ruptures, les disparitions, les espoirs, les folies que si je me lançai dans une description, je ne pourrai m’arrêter. Il faut dire que pour certaines lectures, je me pose parfois la question après lecture « que dire ? », mais dans le cas présent, ça coule...
Vous avez compris mon enthousiasme. Il s’agit donc du destin de deux jumelles d’une famille igbo assez aisée durant les dix premières années du Nigeria indépendant.
Chimamanda Ngozi Adichie évoque dans un premier temps les jours heureux qui suivirent l’indépendance. Mais elle a l’intelligence de le faire subtilement, en l’illustrant par la ferveur de l’intelligentsia qui discutaille, théorise une Afrique nouvelle, fustige les premières formes de corruption du pouvoir, sous-estime le mal rampant laissé par un ancien pouvoir colonial britannique qui a pris soin d’opposer les anciennes nations pré coloniales : le nord haoussa, musulman et faiblement instruit au sud-est igbo, fortement christianisé, regorgeant de cadres, entrepreneurs, commerçants de toutes sortes. Lorsqu’à la suite d’un premier coup d’état mené par des militaires igbo, les premiers massacres sont perpétrés dans le Nord contre les populations igbo, les nuages s’assombrissent… L’illusion fait place à la dure réalité d’un pays divisé où la sécession biafraise est une tentative de reconquête d’une nation diluée dans le découpage coloniale proposé à Berlin en 1885. La bravoure militaire biafraise est confrontée à l’asphyxie de sa population qui subit famines, maladies et bombardements. Sans jamais lasser le lecteur qui suit pas à pas ses personnages pris par la tourmente, Chimamanda remonte le fil de l’histoire.
Un coup de cœur donc et une véritable réflexion sur le Nigeria des années 60.
Bonne lecture.


Chimamanda Ngozi Adichie, L'autre moitié du soleil
Titre original Half of yellow sun, traduit de l'anglais par Mona de Pracontal
Edition Gallimard, 504 pages, 1ère parution en 2006

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