L'esprit de Noël

Mon père est parti le 24 décembre dernier. Il avait pour nom de baptême Joseph-Marie. La vie est ainsi faite d’étranges coïncidences. J’imagine que cette fête gardera pour les années à venir cette saveur particulière alliant tristesse et de joie.
Il était difficile pour moi de commencer cette note sans cette évocation.
Noël est un moment particulier en Occident. C’est également le cas en Afrique mais, il me semble après une certaine observation de ces sociétés que l’esprit de noël ne sait jamais mieux incarné qu’en Occident. Quelque part c’est normal, ou en tout cas logique quand on prend conscience des dizaines de siècles d’imprégnation bon gré, mal gré des valeurs chrétiennes en Europe.
Il y a quelques heures encore, les gares étaient bondées de monde, les autoroutes fuyant Paris étaient embouteillées dans toutes les directions. Au moment, où je commençais cette note ce matin dans ma rame de R.E.R, le flux des passagers était moins important que d’habitude, je savais que la moitié de mes collègues de service était reparti vers leurs clans familiaux en Province, s’offrant ce retour aux sources et en famille. D’autres plus proches de Paris s’éclipseront rapidement en fin d’après-midi pour soit faire les emplettes des retardataires de la dernière heure, à la recherche d’huîtres, bûches, chapons et autres victuailles ou fileront vers la Normandie voisine, le Pas-de-Calais ou la Seine-Saint-Denis.
Ce sera l’occasion pour certains d’aller remplir l’église de la commune pour la seule excursion qu’on s’autorise dans l’année dans la maison du Seigneur. Les enfants inhabitués à ces rituels religieux trépigneront d’impatience dans l’attente de découvrir les cadeaux au pied du super sapin que ce père Noël délinquant (vous savez le mec qui passe par votre cheminée sans se salir) a discrètement déposé.
Noël, c’est cette année de crise, la fête au crédit à la consommation qui ne s’est jamais aussi bien porté. Car il ne faut pas déroger à l’esprit de Noël même si c’est quatre fois sans frais : le don, la famille.
L’enfant roi comme l’enfant sage voient leurs vœux exaucés par un vieux bonhomme obèse aux couleurs de Coca-Cola et qui, comme tous les papis et les mamies cèdent aux caprices de tous ces petits anges.
Je pense que s’il y a réellement une valeur à extraire de Noël, c’est celle du Don. Dans des sociétés trop souvent qualifiées à tort d’individualistes, à Noël vient le temps des retrouvailles, des cadeaux voir de la réconciliation.
Et je ne peux m’empêcher de penser que c’est une certaine idée du Don de Dieu que les chrétiens célèbrent à l’occasion de la fête de la Nativité. Celle de Jésus-Christ. A l’occasion de ces temps de réjouissance, ne vidons pas la coquille de son contenu. Il y a 2000 ans, un enfant nous est né, Emmanuel.
Joyeux Noël ! ! !