Michèle Alliot-Marie a de grandes ambitions télévisuelles pour le pays : tripler le nombre de caméras de vidéo surveillance d'ici la fin de cette année. Nous avons constaté dernièrement que la police avait recours souvent à Internet et au site de visualisation en direct de Google pour appréhender les méchants ou enquêter sans se déplacer. Cette concurrence a fait hérisser les cheveux de notre ministre. Non, je plaisante, cela fait depuis son arrivée à l'Intérieur que la ministre a mis en branle ce grand chantier.
Alors, évidemment, il y a la question de l'efficacité d'un tel dispositif et la question des libertés individuelles qui se posent. Même si les caméras ne protègent pas des agressions et des vols (sinon nous n'aurions pas tous ces films de voleurs en plein braquage diffusés sur Internet ou à la télévision), elles permettent la plupart du temps de suivre un suspect, de suivre une voleuse d'enfant ou de voir une princesse quelques minutes avant sa mort. Ainsi identifiés, les malfaiteurs sont vite confondus et il est très difficile de nier les faits quand vous vous retrouvez en gros plan sur un écran de contrôle. On ne peut pas nier que la caméra est un outil important pour accélérer les enquêtes.
Mais, de nombreux défenseurs des droits de l'homme vont s'insurger et crier au scandale. La liberté est menacée. Ces gens ont sûrement des choses extra conjugales à cacher. Il faut relativiser. Premièrement, les caméras de vidéo surveillance ne sont pas nouvelles, cela fait des décennies que cela existe, notamment dans le métro ou aux abords des bâtiments sensibles. Jusqu'à preuve du contraire, cela n'a jamais empêché personne d'aller où bon lui semble. Deuxièmement, la rue et les lieux publics en général, qu'ils soient souterrains ou à l'air libre, sont des espaces communs où la vie privée est plutôt fragile et sans aucun sens : comment avoir une vie privée dans un lieu public au milieu de la foule ? Ce n'est pas comme si on installait des caméras dans votre salon ou votre salle de bain.
Nous sommes tous filmés tous les jours, que ce soit sur un trajet ou dans les magasins. Ce n'est pas une question de ministre de gauche, du centre ou de droite. Mais il me semble que l'on crie au scandale pour un oui ou pour un non en oubliant l'essentiel : la sécurité et l'intérêt général prime sur l'intérêt particulier. A force de s'opposer à tout, les défenseurs de causes justes et légitimes vont perdre en crédibilité et poids dans la société.
Vous seriez davantage exaspérés par un paparazzi qui vous suit 24 heures sur 24 que par une caméra de surveillance que vous allez peut-être croiser une fois par an. Alors, n'oubliez pas de sourire en passant devant.