La fréquentation dans les salles explose depuis le début de l’année. Le septième art fait un retour en force dans les esprits. Le public désire avant tout rêver dans le contexte de crise.
Si il y a bien un domaine qui échappe à la crise, c’est le cinéma. En janvier dernier les salles obscures ont enregistré 14,9 millions d’entrées. On retiendra notamment le succès du film de Dany Boyle « Slumdog Millionaire », de l’œuvre de Catherine Hardwicke « Twilight » et de la réalisation française de Pascale Pouzadoux « De l’autre côté du lit ». La fréquentation pour ce premier mois de l’année a fait un bond de près de 4% par rapport à janvier 2008, et la hausse s’accélèrerait en février. Le film magnifiquement prisé aux Oscars « L’étrange Histoire de Benjamin Button » et la dernière aventure de Walt Disney « Volt » ont pour l’heure attiré quatre millions de personnes dans l’hexagone.
La notion de rêve s’est déjà emparée des constructeurs automobiles, touchés de plein fouet par la crise, et plus que jamais désireux de faire planer les adeptes du volant avec des modèles haut de gamme ou prestige (la DS de Citroën ou la Maybach Zeppelin de Daimler), mais visiblement le public, abasourdi par la crise que les médias ne manquent pas de lui siffler dans les oreilles, a choisi la méthode la plus simple pour s’évader : L’envie manifeste de se changer les idées résonne comme le chant des sirènes et pousse monsieur tout le monde dans les salles de cinéma. Comme dans les années 1930. Le hasard aidant, les vacances scolaires et la sortie de plusieurs films promis à un large public, devrait assurer une excellente saison aux producteurs. Et comme le rappelle Jean-Claude Bordes, distributeur pour Pathé « il y a un effet locomotive » puisque « les spectateurs ayant vu un bon film sont partants pour en voir un second très rapidement ». Sans oublier le bouche-à-oreille.
La médiatisation -positive ou négative- autour de certains films renforce également leur écho. Ainsi, le duo Sophie Marceau et Dany Boon, à l’affiche du film de Pascale Pouzadoux n’a pas manqué de se ridiculiser : La star de « La boum » déclare avoir pris le bulletin de Nicolas Sarkozy « par hasard » lors de l’élection présidentielle de 2007, essayant sans doute d’excuser son geste, alors que le Ch’ti s’offusque de son côté que l’aventure des postiers du nord de la France, regardée par plus de 20 millions de français, n’ait pas reçu davantage de Césars, se voyant du coup présenté comme « un mauvais joueur ».
Brad Pitt, et son interprétation étonnante d’un homme qui défie le cours du temps en rajeunissant, à quant à lui été "récupéré" par le vétéran de l’extrême droite Jean-Marie Le Pen : Ce dernier s’est comparé à Brad Pitt pour justifier sa possible présence à l’élection présidentielle de 2012 (il soufflera alors ses 84 bougies), estimant qu’il rajeunit à l’image du personnage de Benjamin Button. Enfin, le réalisateur de « Slumdog millionaire » (slumdog = chien de bidonvilles) fait lui très fort : son film est poursuivi pour diffamation. Les habitants d’un bidonville indien ont porté plainte car le film, qui entraverait les droits de l’homme et la dignité des pauvres, nuirait gravement à l’image de l’Inde. « De toute façon les anglais nous traitaient de chiens » déclare le porte-parole en colère, monsieur Vishwakarma. Il n’y a pas à dire, lorsque la crise frappe c’est la pellicule qui focalise l’attention.