Fredo Viola - The Turn (2009)

Publié le 17 février 2009 par Oreilles
Voilà un buzz qui n’a pas volé son succès. A moins de vous être récemment fait enlevés par les Farcs, vous avez certainement du tomber sur le clip de "The sad song" au cours d’une ballade champêtre sur Youtube. C’est normal, et Fredo Viola, l’italo américain né à Londres en est l’auteur. Il y en aurait des histoires à raconter sur cet artiste complet pourtant à l’écart des circuits traditionnels. Ancien soprano, violoniste, pianiste, cinéaste, passionné de compositeurs classiques, encore plus s’ils sont russes et sombres, Fredo selon ses propres mots est plus un homme d’idées que de techniques. Enfin lorsqu’il monte son fameux clip Do it yourself, la technique du collage harmonique ne semble pas lui manquer pour autant. Chanson emblématique, qui a donné son nom à son premier Ep, "The sad song" est il est vrai imprégnée d’une dimension quasi religieuse, presque trop lourde pour un seul homme. Et quand quelques temps plus tard sort l’album complet, et que tous les titres sont du même acabit, on ne peut que s’incliner devant tant de grâce.
"The turn" qui donne son nom à l’album et qui ouvre le bal est déjà magistrale. Harmonies vocales insensées, fingerclap tout en douceur, machine qui s’emballe… si le reste du disque est au niveau ça va faire mal. Et c’est à peu près le cas parce que des idées Fredo en a véritablement à la pelle. Dès "Friendship is" le désormais new-yorkais nous démontre qu’il possède également des cordes d’électronica à son arc, et que ce n’est pas pour rien qu’il a été contacté par Massive Attack. Puis "Red states" vient témoigner sur l’art de l’arrangement du Monsieur. Comme Jim Noir, Fredo fait tout tout seul, et empile les couches comme d’autres joueraient au caps, avec une évidence et une virtuosité qui donnent le tournis. Simplement, Fredo n’est pas un songwritter au sens premier du terme. Des textes il n’en a pas vraiment, l’artiste préférant s’inventer un charabia incompréhensible comme REM le faisait à ses débuts. Qu’importe.
Riche en contrepoints harmoniques (Fredo est fan de Bach), l’album donne la plupart du temps des frissons dans le dos. Comme ce "Robinson Crusoe" à la luxuriante symphonie, monumentale et aérienne. Les Beach Boys à cinq n’auraient pas fait mieux dans le registre chorale de garçons. Et si Fredo avoue leur ressembler, tout comme à Sigur Ros par moment, c’est pourtant sans s’en être imprégné plus que ça, ayant privilégiée une éducation musicale plus classique. A noter que le Cd sortira accompagné d’un Dvd reprenant de nombreux clips réalisés par Fredo lui-même, dans un emballage du plus bel effet confectionné par l’artiste folk médiéval Richard Colman, proposant ainsi au moins deux pistes à la sauvegarde du format physique. Assurément l’une des grandes révélations de l’année.
En bref : Tout seul et presque à capella, un italo américano anglais fait mieux que Fleet Foxes dans le registre folk / pop / gospel en lui ajoutant une touche d’électronica, aménageant ainsi une cathédrale sonore vraiment impressionnante.
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Le site officiel et le Myspace
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"The Turn" et "The sad song" en mode Do it yourself :