Invité de Ripostes, le désormais incontournable rendez-vous politique dominical, Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat en charge de l’emploi, a dévoilé en avant première l’état d’esprit de l’exécutif par rapport à la crise. La priorité clairement affichée est la préservation de l’emploi. Ceux qui comptent sur un coup de pouce au niveau des salaires attendront.
Les dénominations ministérielles sont parfois curieuses. Le secrétariat d’Etat à l’emploi est un peu au chômage ce qu’était hier le ministère de la guerre à la paix. Toutes les pensées de Laurent Wauquiez sont tournées vers un seul objectif : limiter la destruction de l’emploi. Toutes les autres questions sont devenues à ses yeux accessoires. Il est vrai que la dégradation de la situation est préoccupante. Les prévisions officielles, partagées par le secrétaire d’Etat tablent, a minima, sur 400 000 chômeurs de plus d’ici 2010. Face à ce cataclysme annoncé, le gouvernement apparaît bien démuni, à l’image des sinistrés en puissance qui s’agitent en vain, contraints à tenter d’arrêter la montée des eaux avec des sacs de sable.
Sur le plateau de France 5 Laurent Wauquiez a resservi fidèlement, comme tous ses collègues du gouvernement, la soupe préparée par l’Elysée. “Le gouvernement ne prendra pas de mesures faciles susceptibles d’aboutir à des lendemains douloureux”. Les classes laborieuses sont prévenues. Les mois qui viennent ne sont pas réjouissants. Il n’y aura pas de miracle. Simplement des tours de ceinture et des larmes pour la France d’en bas.
De crainte de susciter un relèvement général des salaires par un effet de dominos, le gouvernement se refuse à toute augmentation de l’étalon de base, le SMIC. Laurent Wauquiez est certes jeune au plan de l’Etat-civil mais, sa rhétorique est élimée. L’éternelle culpabilisation du salarié accusé de coûter cher, trop cher et surtout plus cher que son voisin toujours plus lointain, hier allemand, aujourd’hui Tchèque ou Chinois et demain peut être africain. Rien en revanche sur le pêché originel de Nicolas Sarkozy, le paquet fiscal et son coût récurrent annuel de 15 milliards.
L’élu de Haute-Loire semble être dans la situation de l’âne aussi assoiffé qu’affamé qui hésite entre le seau d’eau et l’avoine. Il y aura donc des travailleurs pauvres et des chômeurs à peine plus désargentés. Electoralisme régional oblige, le sous-ministre auvergnat a multiplié les allusions aux salariés de Michelin frappés, comme beaucoup d’autres, par le chômage partiel. Le magicien Sarkozy pourrait sortir de son chapeau le 18 février une meilleure indemnisation du chômage partiel.
Conscient toutefois de la paupérisation des classes moyennes, et surtout des risques d’embrasement social, le gouvernement pense avoir trouvé une parade en quatre actes. Exonération d’impôt sur le revenu pour la première tranche, relèvement des allocations familiales, recours plus facile aux services à la personne et enfin, création de nouveaux contrats aidés, pourtant si décriés lorsqu’ils étaient mis en oeuvre par la gauche.
L’opposition justement, Laurent Wauquiez ne manque pas de la clouer au pilori dans un entretien au quotidien économique La Tribune. Quitte à manier la langue de bois en se gargarisant d’assortir les aides de l’état de contreparties. “La vieille politique de gauche - et parfois l’actuelle - est de croire qu’on traite la politique de l’emploi à coup de lois. On le voit avec Benoît Hamon et son souhait de rétablir l’autorisation administrative de licenciement. C’est de l’utopie législative ! La vieille approche de droite, cela a pu être parfois de laisser-faire. Aujourd’hui, nous sommes prêts à aider certains secteurs, mais nous demandons des contreparties. Cette approche, très nouvelle, est celle qui a le meilleur effet de levier“.
Jean-Luc Mélenchon, bouillonnant fondateur du Parti de Gauche, est l’un des rares à dénoncer la stratégie de Nicolas Sarkozy qui consiste à multiplier les exonérations fiscales et donc à diminuer les recettes de l’Etat. Rendre l’Etat exsangue c’est justifier demain la réduction de la voilure de la puissance publique, la diminution du nombre de fonctionnaires et l’abandon de secteurs entiers au privé.
A ce titre, la remise en cause de l’impôt sur le revenu est emblématique. Comme le relève Eco 89, Nicolas Sarkozy semble avoir juré sa perte alors que dans son principe, c’est de loin l’impôt le plus juste puisqu’il frappe, plus que proportionnellement, les hauts revenus. Selon le site internet, le Chef de l’Etat “envisage d’en réduire le poids, une nouvelle fois”. Après l’avoir attaqué par le haut, en instaurant un bouclier fiscal de 50% (au delà de 50% de son revenu, on ne peut plus payer d’impôt), jeudi dernier, il l’a attaqué par le bas, en proposant d’en supprimer la première tranche.
Outre l’exonération des plus hauts revenus, la moitié des foyers fiscaux ne sont pas imposables essentiellement parce qu’ils ne gagnent pas assez d’argent. Le vrai problème n’est-il pas que justement beaucoup de salaires sont trop bas ?