Sans même compter la charge de travail que représentent la gestion de la crise économique, la préparation du G20 du mois d’avril, les investitures UMP pour les prochaines élections européennes ou le suivi de la fronde des enseignants-chercheurs, il a successivement annoncé la suppression de la Taxe Professionnelle, le plan de secours pour l’automobile ainsi qu’un comité interministériel de l’Outre-mer, sans oublier sa visite en Irak et au Koweït et aujourd’hui son intention de réduire le congé parental d’éducation compensé par la création de 200 000 places d’accueil pour les enfants. Le tout est exécuté en respectant la stratégie de communication en place depuis longtemps: je déforme, je culpabilise, j’annonce.
Sur la politique familiale, le Président nous offre un nouvel exemple de cette stratégie, comme à son habitude il arrange la réalité à son avantage pour mieux imposer son idée:
Bien sûr qu’une femme qui souhaite s’occuper à plein temps de l’éducation de ses enfants, c’est formidable, (…) mais ça doit être un choix. Ma crainte c’est que cette femme après avoir fait cela n’ait plus la chance de retrouver un emploi, parce qu’on lui dit après qu’elle est trop vieille.
Encore une fois donc, la réalité est déformée, et même renversée ; hypocrisie
quand tu nous tiens…
D’abord pour bénéficier du congé parental d’éducation il faut être salarié de son entreprise depuis un an. Ensuite, une simple vérification sur le site du Servie Public met à jour le mensonge
populiste du patron de l’UMP. Voici les vraies conséquences du congé parental d’éducation sur le contrat de travail:
Pendant la durée du congé parental, le contrat est suspendu mais non rompu et le salarié n’est pas rémunéré.
Pour l’ancienneté, le congé est pris en compte pour moitié.
Néanmoins, des accords de branche peuvent prévoir les conditions dans lesquelles la période d’absence des salariés, dont le contrat est suspendu pendant un congé parental d’éducation à temps plein, est intégralement prise en compte.
Le salarié conserve le bénéfice de tous ses avantages acquis.
À son retour dans l’entreprise, le salarié a même droit à une formation professionnelle en cas de changement de techniques ou de méthodes de travail. Ainsi, puisque le congé parental ne génère pas de risque au niveau de l’emploi, il est clair que les parents qui décident d’en bénéficier choisissent, et non subissent par défaut, cette option. Ceux qui subissent sont celles et ceux, bien plus nombreux, qui sont obligés de reprendre leur activité professionnelle, au détriment de l’éducation de leur enfant, pour des questions matérielles.
Le Président annonce ensuite: Pour rendre effective la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle, il faut “que l’on puisse proposer 200 000 places d’accueil supplémentaires d’ici à 2012, la fin de mon quinquennat”.
Chiche? Selon les chiffres d’Attac France, recalculés pour correspondre à ces 200 000 places annoncées, cette mesure coûterait 4 milliards d’euros pour la construction, puis entre 2 et 3 milliards d’euros par an pour le fonctionnement. Où trouver autant d’argent?
Les caisses de l’État sont vides et les collectivités locales qui devront
certainement contribuer à ces dépenses sont dans le flou total depuis la décision de supprimer la taxe professionnelle…
Alors quoi? On emprunte? On creuse encore la dette? Autant dire qu’il s’agit là, encore une fois, d’un effet d’annonce.
Sur ce sujet comme sur tous les autres, on déforme la réalité pour ensuite mieux sortir de sa manche un chiffre aussi impressionnant que démagogique. L’Élysée ne se rend pas compte que cette méthode est maintenant éculée. Elle a vécu sur le paquet fiscal, sur la réforme de l’audiovisuel public, du statut des enseignants-chercheurs, de la Constitution, des lycées, etc… Plus personne n’est dupe.
En revanche chacun se sent chaque jour un peu plus méprisé.
Sur chaque sujet: polémique, controverse, humiliation, incompréhension, mensonge, incompétence, mépris… Et les français de déguiser leur désespoir en patience. Mais cette dernière a naturellement des limites, le masque se fissure, le désespoir cède a la colère. Une colère qui s’annonce impitoyable, désordonnée, sourde… à l’image de ce qui l’aura provoquée.
Aurélien pour “du bord de ma fenêtre”