Après l'accueil plutôt mitigé lors de l'annonce du plan de soutien aux banques semaine dernière (il y a plus de nouvelles questions que de réponses concrètes), le vote durant le week-end du plan
Obama de 787 milliards $ par le Congrès n'a pas initié de courant acheteur sur les places européennes pour cette première séance de la semaine.
→ Décomposition du plan de relance :
- 1/3 d'allégements fiscaux
- 2/3 de dépenses, d'investissements et d'aides diverses. Les dépenses d'investissement en terme d'infrastructure excèdent tout juste les 15 %, celles pour l'éducation sont légèrement
inférieures à ce pourcentage.
Demain, ce plan sera signé effectivement et après-demain d'autres annonces sont à suivre pour tenter d'endiguer la vague de saisies immobilières qui traverse toujours toujours le
pays.
Les bons résultats d'Air Liquide (résultat net en hausse de + 8,6 % en 2008) et les bonnes perspectives pour 2009 offrent
au titre une hausse de + 7,24 % à 64,545 € mais ce cas très isolé en France et en Europe ne permet pas de compenser des dégagements assez appuyés et très nettement concentrés sur les
financières.
√ Top 10 des plus grosses pertes du jour parmi les 50 plus grandes valeurs européennes : Unicredit en Italie perd - 8,40 %, Deutsche Bank - 6,47 %, Aegon - 6,23 %, Banco de Bilbao - 5,65 %, SG -
4,20 %, ING - 4,03 % et Banco Santander à Madrid - 4,02 %. Seule valeur hors secteur, Renault à - 3,86 % arrive à s'intercaler devant Generali à - 3,43 % et Intesa Sanpaolo qui lâche -
3,40 %.
A noter : mercredi, le gouvernement allemand étudiera une loi d'urgence pour permettre de réaliser une éventuelle nationalisation de Hypo Real Estate. Un court article en français (Le Point) qui reprend
quelques déclarations de Angela Merkel vous permettra de prendre en considération la nouvelle tonalité qu'est entrain de prendre ce dossier que nous suivons particulièrement depuis des
mois. Pour mémoire : Hypo Real Estate est actif sur le marché dits des covered bonds, dénommées Pfandbrief en Allemagne, appelées Cedulas en Espagne ou encore par
exemple obligations foncières en France. Elles constituent un marché obligataire de 2 000 milliards d'euros d'obligations sécurisées représentatives de créances immobilières,
hypothécaires, publiques ou semi-publiques. Les pfandbrief qui dominent ce marché portent en elles un risque systèmique pour le système financier allemand, voire européen. Hypo qui est
actif sur ce marché est l'aiguille à surveiller (complément dans notre article du 5 octobre 2008)
D'un point de vue économique, l'information du jour a été dominée, après les estimations du PIB de la zone euro pour le 4
ème trimestre à - 1,5 % parues vendredi (Allemagne - 2,1 % et France - 1,2 %), par la chute de - 3,3 % du PIB du Japon (- 12,7 % en rythme annualisé), la pire performance en 35 ans.
• Dynamique historique des bénéfices des sociétés américaines - Indice large S&P 500 :
En tenant compte des 80 dernières années et en associant les pics des spreads du marché du crédit avec les phases de récession, une corrélation importante
apparaît avec un pic qui intervient plutôt à la fin de chaque récession (Les 'exceptions'
récentes : en 2002 le pic a eu lieu après la récession et en 87 aucune récession n'a été enregistrée)
(Spread = différentiel de taux entre différentes obligations. Quand les spreads augmentent les investisseurs demandent une rémunération plus importante sous forme d'intérêt - ou sous forme de
prime pour se couvrir - contre une éventuelle défaillance de l'émetteur. Plus la récession est importante, plus les spreads ont tendance à s'élever)
En couplant plus précisément ces pics de spreads avec l'évolution des bénéfices des 500 sociétés du S&P, corrigés de l'inflation, on obtient une corrélation importante des sommets à chaque
cassure de la tendance lourde de long terme ici en pointillés. Pics d'angoisse en terme de crédit et creux des bénéfices se couplent, annonciateurs potentiels de sortie de
crise.
Cet élément d'analyse fondamentale (par opposition à l'analyse graphique et technique) n'est pas très efficace en terme
de timing précis, voire a du retard, mais il permet de situer un signal d'achat fondamental de long terme potentiellement entrain de se former (la bourse suit les bénéfices des sociétés
même si elle les valorise différemment suivant le PER)
Fondamentalement donc, la dégradation en cours des bénéfices n'est pas encore terminée et son couplage éventuel avec un éventuel pic des spreads de crédit en 2009 est à surveiller d'ici le 3 ème
ou 4 ème trimestre a priori.
L'intérêt de cette approche est quelle 'gomme' les notions classiques et relatives de dividendes et de PER pour se centrer sur les cycles du crédit, un élément primordial dans la crise
actuelle. Pic de spreads + rebond des bénéfices sur la zone d'achat en vert à surveiller. Un enfoncement de ce support serait par contre un signe de gravité historique de la
situation des entreprises surtout si les spreads devaient continuer à progresser. Le dernier boom est dû en grande partie aux financières et à une irrigation par le crédit de l'ensemble de
l'économie. La chute vertigineuse en est la contrepartie avec des pertes très largement centrées sur les valeurs du secteur financier, faut-il le rappeler ?
Il serait très hardi et présomptieux de fonder avec une imprécision de quelques mois un signal d'achat aujourd'hui sans attendre quelques confirmations et sans avoir recours, bien
sûr en plus, aux éléments donnés par la courbe du S&P 500 comme nous le réalisons par ailleurs. Par contre, le marché ayant tendance à anticiper à 1,2,3 trimestres les évolutions
économiques, il est important de comprendre et visualiser ce que le marché a d'ores et déjà dans le 'viseur' de manière globale depuis la fin 2008. Un support fondamental est aussi en
test.
Jour après jour, le marché est inquiet des défaillances, jour après jour il s'ajuste société par société en fonction des résultats qu'elles publient avec l'angoissante et prenante question de
savoir si cette tendance lourde ne vas pas être affectée.
C'est une des clefs pour tenter d'évaluer si nous sommes en face d'une crise classique ou d'une crise d'une rare dimension. Conclusion sur ces bases en l'état actuel : grosse
récession après un gros boom.