(dépêches)
Madagascar:" TGV" échoue à installer ses ministres, heurts dans
la capitale
16 févr 2009 - il y a 1 heure 58 min - Grégoire POURTIER
L'opposant malgache Andry Rajoelina, qui réclame la démission du président Marc Ravalomanana, a échoué lundi à installer "ses" ministres dans les bâtiments des ministères à Antananarivo, où des
échauffourées ont opposé ses partisans aux forces de l'ordre.
Le centre de la capitale de Madagascar a été paralysé dans l'après-midi par des échauffourées violentes entre plusieurs milliers de partisans du maire destitué d'Antananarivo Andry Rajoelina,
surnommé TGV pour son caractère fonceur, et les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des manifestants ont jeté des pierres sur les forces de sécurité qui ont répliqué par des tirs de sommation en l'air pour disperser la foule, à proximité de la place du 13-Mai, haut lieu de la
contestation malgache et point de rendez-vous de l'opposition depuis le début de la crise fin janvier.
La centaine de membres des forces de l'ordre a ensuite dû se replier dans une caserne située à proximité.
Avant la nuit, les forces de sécurité ont fait usage une nouvelle fois de tirs de sommation pour disperser les groupes de manifestants toujours présents dans le centre-ville. En début de soirée,
aucune source n'avait fait état de victimes lors de ces tirs.
Ces manifestants exprimaient leur mécontentement qu'une délégation de "ministres" nommés par le camp de M. Rajoelina eut renoncé à se rendre dans les ministères du gouvernement actuel pour
commencer à y travailler, après avoir trouvé portes closes au ministère des Sports et de la Culture.
La délégation de responsables du camp Rajoelina a ensuite quitté les lieux en laissant les manifestants en colère face aux forces de sécurité.
Environ 10.000 partisans de M. Rajoelina s'étaient rassemblés plus tôt lundi sur la place du 13-Mai avec pour intention affichée d'organiser des sit-in devant des ministères, malgré les mises en
garde du pouvoir.
Face aux risques de débordement, M. Rajoelina avait ensuite demandé publiquement à la foule de ne pas tenter de se rendre devant les ministères, mais la foule en colère a visiblement refusé
d'obtempérer.
Dans la matinée, Monja Roindefo, nommé "Premier ministre de la transition" par M. Rajoelina, a nommé deux autres "ministres", portant à 12 le nombre de "ministres" censés aux yeux de l'opposition
remplacer le gouvernement actuel.
M. Rajoelina avait demandé ces derniers jours à "ses" ministres de se rendre lundi dans les ministères pour y travailler.
Des négociations entre les deux camps avaient été entamées la semaine dernière pour trouver une issue à la crise.
"Les discussions sont terminées, car une de nos conditions est la démission du président, mais il ne veut pas partir", a toutefois affirmé M. Rajoelina au quotidien français Le Monde publié
lundi, ajoutant qu'il refusait de négocier avec quelqu'un qui a "du sang sur les mains".
Il a également assuré bénéficier du soutien de la majeure partie de l'armée. "L'armée n'a plus confiance, 80% est avec moi, je ne parle pas des généraux, pour eux il y a aussi l'appel de
l'argent", affirme-t-il.
Une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé le conflit entre les deux hommes, dont 28 abattues le 7 février par la garde
présidentielle qui avait tiré sans sommation sur une foule de partisans de M. Rajoelina.
Madagascar: discussions "terminées" avec Ravalomanana, dit
Rajoelina
16 févr 2009 - il y a 5 heures 35 min
L'opposant malgache Andry Rajoelina a déclaré que les discussions avec le camp du président Marc Ravalomanana étaient "terminées" en raison du refus de ce dernier de démissionner, dans un
entretien au quotidien français Le Monde paraissant lundi.
"Les discussions sont terminées, car une de nos conditions est la démission du président, mais il ne veut pas partir", affirme le maire destitué d'Antananarivo, dont quelque 10.000 partisans
étaient rassemblés lundi dans la capitale de Madagascar, avec pour intention affichée d'organiser des sit-in devant des ministères.
Des négociations entre les deux camps ont été entamées la semaine dernière pour trouver une issue à la crise qui oppose les deux hommes.
M. Rajoelina, 34 ans, a indiqué au quotidien qu'il refusait de négocier avec quelqu'un qui a "du sang sur les mains".
Une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé la crise entre MM. Rajoelina et Ravalomanana, dont 28 abattues le 7 février par la garde
présidentielle qui avait tiré sans sommation sur une foule de partisans de l'opposant.
Madagascar: 10.000 partisans de l'opposition rassemblés à
Antananarivo
16 févr 2009 - il y a 7 heures 35 min
Environ 10.000 partisans du maire destitué d'Antananarivo Andry Rajoelina étaient rassemblés lundi avec pour intention affichée d'organiser des sit-in devant des ministères de la capitale
malgache, malgré les mises en garde du pouvoir, a constaté un journaliste de l'AFP. Lire la suite l'article
Les manifestants étaient rassemblés sur la place du 13-Mai, haut lieu de la contestation malgache et devenu le lieu de rendez-vous de l'opposition depuis le début de la crise fin janvier.
Monja Roindefo, nommé "Premier ministre de la transition" par M. Rajoelina, a nommé lundi deux autres "ministres", portant à 12 le nombre de "ministres" censés aux yeux de l'opposition remplacer
le gouvernement actuel.
M. Rajoelina, qui a engagé une épreuve de force avec le président malgache Marc Ravalomanana dont il réclame la destitution, a demandé à "ses" ministres de se rendre lundi dans les ministères du
gouvernement Ravalomanana pour y travailler, et à ses partisans d'organiser des sit-in devant les ministères.
Il n'était pas clair à la mi-journée devant quels ministères la foule se dirigerait.
"Le préfet (de police d'Antananarivo) a dit qu'il n'y aurait pas de sommation; cela traduit le manque flagrant de la légalité à Madagascar proféré par un préfet de police qui se dit légal; qui
est dans la légalité? Celui qui dit qu'on peut tirer n'importe comment sur les gens ou ceux qui font leurs revendications pacifiquement", a lancé à la foule M. Roindefo.
Selon des propos rapportés lundi dans le journal de M. Ravalomanana, le ministre de la Défense, le vice-amiral Many Ranaivoniarivo, a affirmé que "les éléments des forces de l'ordre prendront
leur responsabilité" et indiqué avoir placé "l'ensemble des ministères et bâtiments publics sous le statut de zone rouge".
Dans un communiqué, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, s'est dit lui "préoccupé par les déclarations récentes de certains acteurs politiques" concernant la
journée de lundi, les exhortant "instamment à s'abstenir de toute action qui remettrait en cause la poursuite, dans la sérénité, du dialogue et des négociations" actuelles.
Une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé le conflit entre les deux hommes, dont 28 abattues le 7 février par la garde
présidentielle qui avait tiré sans sommation sur une foule de partisans de M. Rajoelina.
Des négociations entre les deux camps ont été entamées la semaine dernière pour trouver une issue à la crise.
A Toliara (ex-Tuléar), grande ville du sud-ouest, un journaliste de l'AFP a pu constater une activité ralentie dans l'administration après l'appel à la grève générale dans l'administration lancée
par l'opposition pour ce lundi.
A Madagascar, Andry Rajoelina, maire déchu d'Antananarivo, défie le
pouvoir
LE MONDE | 16.02.09 | 15h10 • Mis à jour le 16.02.09 | 15h27
ANTANANARIVO (Madagascar) ENVOYÉ SPÉCIAL
Il habite un quartier chic de la capitale malgache, dans une maison patricienne au fronton de laquelle s'alignent des colonnes aux allures de temple grec, protégée par près d'une centaine de
gardes postés jusque dans les rues adjacentes. Vivant désormais en reclus, Andry Rajoelina, maire déchu d'Antananarivo, reste à la tête du mouvement de protestation lancé voici trois mois à
Madagascar. Un mouvement dont l'ambition, selon cet ex-organisateur de soirées qui a fait fortune dans le secteur de la communication, est de renverser le président en exercice, Marc
Ravalomanana.
Celui que ses partisans surnomment "TGV" met la main aux derniers détails de l'épreuve de force prévue pour le lundi 16 février. Il a décidé de lancer ses partisans vers les ministères de la
capitale, pour y installer "ses" ministres, laissant planer la menace de violences comparables à celles du 7 février. La garde présidentielle avait alors ouvert le feu sur des manifestants qui,
suivant un mot d'ordre lancé par l'ex-maire d'Antananarivo, marchaient vers un palais abritant le bureau de Marc Ravalomanana, tuant au moins trente et une personnes et en blessant plus de deux
cents.
"Nous n'avons pas peur, nous avons convenu de faire asseoir la foule à 50 mètres des ministères", assure-t-il, souriant, en nous recevant, bien calé dans son fauteuil. Le 7 février a-t-il fait
preuve d'irresponsabilité en lançant des manifestants vers le périmètre interdit de la présidence, tout en se gardant de leur emboîter le pas ? La réponse fuse : "Pensez-vous que nous aurions
emmené la foule là-bas si nous avions su qu'un piège avait été tendu, avec des tirs à balles réelles, sans sommations, sur des manifestants qui étaient encore à l'extérieur de la zone rouge
interdite du palais présidentiel ?" Pour justifier son absence, il décrète : "Je n'étais pas présent, car il y a des ordres protocolaires dans les mouvements populaires."
Andry Rajoelina choisit de se référer à l'histoire malgache récente pour justifier un mouvement qu'il voudrait "au-dessus des partis". Il rappelle à l'envi l'expérience de l'actuel chef de
l'Etat, arrivé au pouvoir au terme d'une épreuve de force de plusieurs mois avec son prédécesseur, l'"Amiral" Didier Ratsiraka, déclenchée par le résultat contesté des élections générales de
2002.
Mais M. Rajoelina refuse de prendre en considération le fait que, cette fois-ci, nul scrutin n'est à l'origine du mouvement dont il a pris la tête. "Quand Marc Ravalomanana a marché sur le palais
du premier ministre, quand il a pris les ministères, il n'y a pas eu de morts, pourquoi cela serait différent aujourd'hui ?", se borne à espérer ce jeune homme politique de 34 ans, qui affirme
vouloir "simplement être à la tête d'un gouvernement de transition rassemblant des gens du pouvoir et de l'opposition, d'une durée de deux ans, le temps d'organiser des élections anticipées".
Les partisans de l'ex-président Ratsiraka, en exil en France, sont-ils à ses côtés ? Il s'en défend : "Je ne suis pas du tout manipulé, je suis un homme d'ouverture, je parle avec tout le monde.
J'ai discuté avec Didier Ratsiraka. Mais il n'y a pas les mains de Ratsiraka dans tout ce que je fais."
Andry Rajoelina n'a peur ni de la langue de bois ni des déclarations enflammées. "On a élu un président de la République pour respecter la Constitution, pas pour la bafouer. Il a acheté un avion
à 60 millions de dollars sans appel d'offres, c'est un président qui a tué ses compatriotes. Lors des pillages, il a ordonné aux forces de l'ordre de ne pas intervenir, de la non-assistance à
personne en danger. C'est un pilleur, un violeur, un tueur."
Le mandat d'arrêt lancé contre lui ? Il ne s'en soucie guère : "Ce ne serait pas une solution pour le président de la République de me mettre en prison, ça va encore aggraver les choses." Il
affirme aussi : "Les gens du pouvoir m'ont proposé de l'argent, 15 milliards de francs malgaches un peu plus d'un million d'euros la semaine dernière pour que je quitte le pays. Je leur ai dit
que c'était honteux."
A ce stade, reste-t-il une chance de trouver une solution négociée à la crise ? Andry Rajoelina a fait à ce sujet des déclarations différentes, selon qu'il se trouvait en compagnie d'émissaires
internationaux ou devant ses partisans. En cette veille de nouvelle épreuve de force, il tranche : "Les discussions sont terminées, car une de nos conditions est la démission du président, mais
il ne veut pas partir." Le maire déchu ajoute qu'il refuse de négocier avec quelqu'un qui a "du sang sur les mains" et dit bénéficier du soutien d'une partie de l'armée qui, selon lui, "ne veut
plus exécuter les ordres du président de la République". "L'armée n'a plus confiance, 80 % est avec moi, affirme-t-il, je ne parle pas des généraux, pour eux il y a aussi l'appel de l'argent." Et
de s'absoudre de toute volonté de s'emparer du pouvoir pour des raisons personnelles : "Je ne suis pas assoiffé de pouvoir", affirme-t-il encore, toujours souriant.
Sébastien Hervieu
Article paru dans l'édition du 17.02.09