cb où bc? - ou le potentiel marketing de l'écologiquement correct.

Par Irislisson
Que la culture biologique (cb) à le vent en poupe, il y a ce dernier temps pas mal d'articles, qui nous l'affirment. Vous n'avez qu'à lire les blogs de mes consoeurs Corinne Comme ou  Isabelle Perraud . Et tant mieux, je suis la première, à m'en réjouir.
Mais maintenant il y a autre chose, qui est en train de devenir bcbg: le bilan carbone - et cela même avec  un grand ®, comme nous l'apprend cet article de viti-net:
"Au delà de la préservation de l’environnement, les opérateurs ont aussi conscience du potentiel marketing d’un Bilan Carbone®, à l’heure où “l’écologiquement correct” est très porteur. En Grande-Bretagne, la chaîne de distribution Tesco prévoit de créer une “étiquette carbone” pour ses produits alimentaires, dont les vins. En France, Casino a l’intention de l’imiter."
Il y a même toute une liste de mesures, qui sont citées, pour parfaire son bilan  et réduire les émissions de gaz à effet de serre (et diminuer son coût de production, si possible, au passage):
“-  raisonner ses itinéraires techniques. Limiter les interventions sur les parcelles revient à diminuer les quantités de phytos et les consommations de carburant du tracteur ”
 “-  récupérer et valoriser en chaudière les bois de taille,
"- optimiser l’isolation des chais,
"- privilégier les barriques dont le bois est un puits de carbone,
"- préférer l’azote au dioxyde de carbone pour l’inertage des équipements de vinification.” 
"- biocarburants,
"- piquets en bois plutôt qu’en acier galvanisé,
"- bouchon liège plutôt que bouchon synthétique ou capsule vis.
"- En matière de logistique, l’optimisation des expéditions et les transports par bateau ou train sont préconisés,
"- allègement du poids des bouteilles.
Si je prends cette check-liste pour notre petit Domaine, cela m'indique, dans quelle direction pencherait notre propre bilan:
Pas de tracteur à Lisson - le terrain ne s'y prête pas - nous nous déplaçons à pied dans le terrain pour toutes les interventions - par contre, cela fait pas mal souffler - est-ce que nous ne risquons pas d'augmenter l'effet de serre par le CO2 expiré dans cette exercice ?
Nous récuperons pas mal de bois de taille, qui sert l'hiver, à allumer le poel à bois, qui chauffe notre pièce - idem pour les vieux piquets (non traités) et les quelques souches mortes, donc là, nous avons des bons points.
Nous ne travaillons pas avec des températures contrôlées pendant la vinification - la pièce en haut de la maison, où se trouvent les cuves, n'est pas particulièrement isolée.  Quand les jus sont descendus à la cave dessous par gravité, elle poursuivent leur élevage à une température ambiante, qui reste entre environ 8°C au plus froid de l'hiver et 12 à 15°C au moment le plus chaud de l'été - comme le veut l'inertie des voûtes en pierre de cet espace en partie creusé dans le roque et protégé d'épaisses murs en pierre. Le local de stockage de bouteilles à côté est en plus doublé d'une épaisse couche d'isolation chaux - chanvre sur les murs, qui donnent sur l'extérieur... une isolation idéale, qui laisse en plus encore respirer.
Nous faisons que des élevages dans des barriques, c'est bien, d'apprendre, qu'en plus d'être un gouffre pour nos finances, ce sont des puits à carbone!
Pas d'inertage supplémentaire pour cet équipement de vinification.
Biocarburants: là, on pêche encore - pour tout, qui ne se fait pas à l'huile de coude. Ces carburants sont  difficile à se procurer par ici, surtout depuis que le prix de l'huile de tournesol (bio ou pas bio) a pris un envol vertigineux. Nous devons donc admettre, que notre débroussailleuse et notre tronçonneuse, ainsi que l'atomiseur à dos, qui sort 2 ou 3 fois dans une saison, tournent encore à l'essence et nous empestent les poumons au même temps que l'environnement:-(.
Piquets en bois: il n'y a que cela dans le terrain, (du châtaignier locale) aussi bien pour les palissagesevec le
fil de fer que pour les grands tuteurs individuels de Pinot, Merlot et petit Verdot.
Bouchons en liège - cela va de soi pour des vins faits pour une garde longue - et du premier choix.
Logistique: Les transports par bateau ont encore du plomb dans l'aile. Notre ruisseau de Lisson disparaît
dédales d'un système de grottes souterraines au dessous de la maison - le Jaur n'autorise même pas le transport par canoë-kajak l'été (cela ne commence qu'à partir de Tarrassac en direction de Béziers) - donc peut de clients, qui viennent en bateau - et les quelques rares personnes, qui arrivent à pied ou en vélo, pour rapporter leurs bouteilles ensuite dans le sac à dos, sont plutôt l'exception. Donc la plus grande partie de notre production part encore dans les coffres d'amateurs de vins en tournée chez leurs vignerons préférés et souvent en même temps en vacances avec leurs familles dans le Midi.
Pour les envoie par transporteur: ils refusent, de venir dans notre arrière pays, nous gaspillons donc du carburant de notre petite Polo, quand nous devons apporter nos cartons jusqu'à Roquebrun, pour les faire partir de chez un ami vigneron, qui est mieux loti.
L'allègement des bouteilles, cher à mes amis Emmanuelle et Laurent, n'est pas non plus dans nos projets pour l'instant. J'aime beaucoup notre modèle de bordelaises lourdes aux épaules légèrement coniques, qui n'existe pas en allégé chez notre fournisseur - mais comme nous ne vendons pas des palettes entières , ma conscience me laisse encore dormir tranquille. Au moins toutes celles, que nous vidons nous-mêmes, finissent dans le recup verre du village et seront ensuite recyclées - au moins, je l'espères.

Si on ajoute notre production d'électricité avec quelques panneaux photovoltaiques, qui nous fournissent l'énergie 12 Volt, que nous stockons dans des batteries et dont la quantité est forcement limité en dehors de l'été - donc une recherche permanente d'économiser cette énergie un maximum - éclairages par LED partout (qu'on éteint, quand on quitte une pièce) - ordinateurs portables, donc aussi avec bas voltage. L'eau chaude l'hiver fournie par une bouillare sur le poêle et l'été par le soleil, qui chauffe un tuyau à l'extérieure - cuisine sur le poêle ou au gaz - peu de déplacements en voiture (peut-être 2500 km dans l'année) - des voyages plus loin en train et des recyclages de tout genre, parce qu'on a du mal à jeter les choses...
Donc probablement jamais de
Bilan Carbone® - certifié par un organisme bien dans le vent - pas plus qu'une certification bio d'un organisme agrée par notre cher état - mais un bilan personnel, à vérifier sur place en voyant notre vie au quotidien et un travail respectueux de l'environnment  à la vigne et au chai depuis toujours, et pas pour des raisons de marketing et d'un "écologiquement correct porteur".