En hors d'oeuvre de Two Playful Pink, une partie de Pong à raquettes roses, partagée entre deux postes de télé.
Le premier tableau commence et l'on n'en mène pas large. Avec leurs gueules de déterrées, un tantinet aliénées, les deux jeunes femmes qui habitent ce huis clos n'ont pas vraiment l'air du genre
épanoui. Signatures compulsives, tics exclamatifs, dentier figé, trémolos de bras et de cuisses, sauts de grenouilles main entre les pattes sur Ligeti pathétique, elles ont même l'air carrément
atteintes. Et vas-y que je te tire les yeux et la bouche, vas-y que je te tords les cheveux ! Vingt ans après Anne Teresa de Keersmaeker, les naughty girls des années 2000 tournent
sévèrement inquiétantes... Univers concentrationnaire ? asile psychiatrique ? Mais où nous emmène donc Yasmeen Godder la maigrelette ?
Les choses s'éclaircissent au deuxième tableau. Musique pop, ambiance boîte de nuit, les donzelles se dérident un peu, souvent camarades, parfois amoureuses, parfois rivales, à la vie à la mort.
Entre chaque tableau, elles se changent, s'épongent et se désaltèrent au coin du ring, imperturbables, prêtes pour le prochain round. Au troisième tableau, c'est évident : elles sont gravement
amoureuses - mais toujours insidieusement parodiques, inquiétamment séductrices. Le match finit en enlacements et tours de piste légers - jupe entre les dents.
Vocabulaire riche et inventif, suspense ménagé... voilà une pièce parfaite.
♥♥♥♥♥♥ Two Playful Pink (2003), de Yasmeen Godder, a été donné au
Blanc-Mesnil les 22 et 23 mai 2007 dans le cadre des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis.
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