1er avril 1966, Dublin : décès de Brian O'Nolan, dit Flann O'Brien, chroniqueur et romancier.
Pour Edna O'Brien, il fait partie, avec Joyce et Beckett, de la sainte trinité des grands auteurs irlandais et James Joyce lui-même le reconnut comme son égal.
Ce fonctionnaire, qui fut secrétaire de nombre de ministres irlandais, oeuvra cependant toujours, sans exception, dans la veine satirique.
Son premier roman, "La Kermesse Irlandaise", parut en 1939, en partie grâce à Graham Greene qui s'en était régalé.
Il a pour héros un étudiant cossard et alcoolique qui imagine pas moins de trois débuts pour un livre qu'il compte écrire sur un certain Tallis, lequel écrit lui aussi, et sur des gens ayant eux aussi envie d'écrire sur Tallis.
En 1940, O'Brien propose aux éditeurs - qui seront unanimes à le refuser - le manuscrit du "Troisième Policier" où le héros (qui est mort mais ne le sait pas encore), se retrouve dans une contrée où le vol de bicyclette est activement combattu par des policemen qui, en fait, volent eux-mêmes les bicyclettes dans l'intérêt des autochtones ...
En 1941, O'Brien rédige, mais cette fois en gaélique, le plus connu de ses textes : "Le Pleure-Misère", allégorie sur la famine qui sévit si longtemps en Irlande et où apparaît Bonaparte O'Coonassa, une espèce d'anti-héros.
Vingt ans plus tard, ce sera "Une Vie de Chien", axé sur deux frères dont l'un gagne sa vie en donnant des cours par correspondance de funambulisme ...
Pour O'Brien, l'humour est le seul mode d'approche qui permette d'aborder à peu près tous les sujets.
Un humour fortement marqué au coin du loufoque et du cynisme, un humour jubilatoire également car, à bien la regarder, la Vie, malgré ses noirs, n'est-elle pas risible ?
Pas un seul instant cependant, O'Brien n'oublie la tendresse qu'il porte à son pays. Ce qui ne l'empêche pas de railler doucement le rôle de victimes si cher aux coeur de trop d'Irlandais. Un auteur à découvrir, ça ne fait pas un pli. ;o)__