Décroissance

Publié le 16 février 2009 par Malesherbes
Dans la seconde partie de mon précédent billet, je commentais des propos de notre ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi. J’avais fugitivement saisi au vol une phrase, sans être capable d’en retrouver la formulation exacte. Suite à un commentaire judicieux de Chilpéric, j’ai repris, avec succès, ma recherche.
Vendredi 13 février, à 7 heures 50, Mme Lagarde s’est entretenue sur RTL avec Jean-Michel Apathie. La déclaration incriminée est la suivante : « On aura une année 2009 qui sera difficile et je pense que nous n'aurons pas une croissance qui sera supérieure à -1%. Ce sera probablement inférieur à moins 1%». Je suis d’accord avec Chilpéric sur ce qu’a peut-être voulu dire la ministre. L’ennui, c’est que, quand, pour prendre le mot favori de nos gouvernements et de nos entreprises, on communique, ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on veut dire, mais bien ce que l’on dit.
Si une opération algébrique permet de deviner ce que Mme Lagarde entend, elle devrait avoir présent à l’esprit que tous ses concitoyens n’ont pas cette aptitude et, apparemment, pas même elle. En effet, lorsque après avoir déclaré « nous n'aurons pas une croissance qui sera supérieure à -1% », notre experte ministre ajoute : « Ce sera probablement inférieur à moins 1%», elle se montre consciente du fait que les choses sont plus claires exprimées sur le mode affirmatif que par la négative. Mais à jongler ainsi avec le positif et le négatif, elle dit en fait : « la croissance sera inférieure à moins 1% », expression qui, comme je le disais hier, supprime toute limite à la baisse du PIB.
Si l’évolution du PIB peut être positive ou négative, par contre une croissance digne de ce nom ne peut être que positive. Quand elle ne l’est plus, elle cesse d’être une croissance pour devenir de la décroissance. Jamais on n’entendrait un actionnaire déclarer, par exemple : « en 2008, mes gains en Bourse n’ont été que de moins dix mille euros ». Il dirait plutôt : « j’ai perdu dix mille euros». Si j’ai voulu souligner l’absurdité des propos de notre ministre, c’est parce que je crains qu’elle ne résulte, non pas d’une maladresse, mais plutôt d’une volonté délibérée de travestir la vérité.
Il est malhonnête de faire retentir le terme si sympathique de croissance face, non pas même à une stagnation, mais à une régression.