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L'asthme est une maladie respiratoire qui se manifeste par des périodes au cours desquelles les voies aériennes se rétrécissent. Une crise d'asthme débute souvent par une toux sèche, suivie d'une difficulté à respirer, qui provoque une respiration sifflante clairement audible. Elle s'accompagne habituellement d'expectorations de mucus.
L'asthme traduit une réaction anormale des voies aériennes à divers stimuli (des allergènes dans l'air, de la fumée, etc.). Durant une crise, l'ouverture des bronches est réduite en raison d'une importante réaction inflammatoire et d'une contraction des muscles de la paroi des bronches.
L'asthme se résorbe parfois spontanément, tandis que dans d'autres cas, il doit être traité. Entre les crises, une personne souffrant d'asthme mène une vie normale.
Depuis les années 1960, l'asthme est en progression constante dans les pays industrialisés, où l'on estime que de 5 % à 10 % de la population en souffre à divers degrés. Un enfant canadien sur huit en est atteint. Heureusement, environ la moitié de ces enfants deviendront complètement asymptomatiques au cours de l'adolescence. Ils resteront tout de même des personnes à risque. Deux périodes de la vie semblent plus propices à l'asthme : l'enfance et le début de la quarantaine.
Causes
Chez les personnes atteintes d'asthme, on retrouve une hyperréactivité des bronches à une ou plusieurs substances :
- des allergènes aériens (poussières, pollen, salive d'animaux, acariens);
- des polluants (irritants en milieu de travail, fumée d'un feu de bois, gaz d'échappement, pollution atmosphérique);
- la fumée du tabac;
- des aliments;
- certains médicaments (aspirine et autres médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens).
Gravité
Plus l'asthme est grave, plus les crises sont fréquentes et les symptômes, intenses.
Voici quelques signes d'un asthme grave ou mal contrôlé :
- des symptômes durant la nuit;
- la limitation des activités durant le jour;
- le besoin d'utiliser des inhalateurs plusieurs fois par jour ou durant la nuit;
- des crises qui demandent une hospitalisation.
Complications possibles
Les personnes asthmatiques ont tout intérêt à suivre leur traitement et à adapter leur mode de vie en conséquence. Un asthme mal contrôlé peut provoquer des symptômes de manière permanente. Exceptionnellement, il peut dégénérer au point de causer une détresse respiratoire et mettre en danger la vie des gens qui en souffrent.
Symptômes
Ces symptômes peuvent être intermittents ou persistants.
- Une difficulté à respirer.
- Une respiration sifflante.
- Une sensation de serrement thoracique.
- Une toux sèche.
Pendant une crise prononcée :
- Une incapacité à rester allongé.
- Des sueurs.
- Une augmentation du rythme cardiaque.
- Une grande anxiété, de la confusion et de l'agitation.
- Une coloration bleutée de la peau et des muqueuses.
Note. Pour certaines personnes, l'asthme se signale seulement par une toux persistante qui apparaît souvent au coucher ou après un effort physique.
Personnes à risque
- Les personnes ayant une prédisposition génétique aux allergies.
- Les personnes qui étaient de petit poids à la naissance.
- Les personnes fréquemment exposées, dans leur milieu de travail, à des produits chimiques, par exemple à de la peinture, des produits de coiffure, des métaux, des plastiques, etc.
Facteurs de risque
L'augmentation du nombre d'asthmatiques, ces dernières décennies, pourrait être attribuable aux facteurs suivants :
- La pollution. De plus en plus de personnes vivent au coeur de zones urbaines, où la pollution de l'air est importante, et les épisodes de smog, de plus en plus fréquents.
- L'exposition à la fumée de tabac. Le tabagisme chez la mère, durant la grossesse, augmente aussi le risque d'asthme chez l'enfant.
- L'obésité.
Facteurs souvent liés à une crise d'asthme
- Des infections virales des voies respiratoires (rhume, bronchite, sinusite, etc.), car elles engendrent de l'inflammation.
- L'exercice physique, surtout s'il est pratiqué à l'extérieur en hiver, par temps froid et sec.
- Les variations rapides de température.
- Des réactions émotives fortes (rires, pleurs, colère, excitation).
- Le reflux gastro-oesophagien.
Peut-on prévenir?
Une fois l’asthme installé, il n’y a pas de traitement qui permette de s’en débarrasser. Il arrive parfois qu’il parte de lui-même.
Pour le moment, la seule mesure préventive de base reconnue consiste à éviter le tabagisme et la fumée secondaire. La fumée de tabac irrite les voies respiratoires, ce qui crée un terrain propice aux maladies respiratoires. Autrement, on ne connaît pas de mesure qui permette de prévenir l’asthme; il n'existe pas de consensus médical à cet égard.
Néanmoins, la communauté médicale explore diverses pistes de prévention en ce qui concerne l’asthme causé par des allergies. Elles pourraient surtout intéresser les parents atteints d'allergies qui désirent réduire le risque que leur enfant en souffre aussi. Pour les connaître, consulter notre fiche Allergies.
Mesures pour réduire l’intensité et la fréquence des crises
Traitement de désensibilisation
Lorsque l’asthme est fortement relié à des allergies, un traitement de désensibilisation peut aider à prévenir les crises d’asthme. Pour ce faire, des tests d’allergie doivent être entrepris afin de découvrir la substance qui cause les symptômes.
Mesures générales
Élaborer un plan d'action. Avec le médecin, découvrir ce qui provoque les crises : des allergies, des activités, des comportements, etc. Être attentif aux signes précurseurs de l'asthme, comme une légère toux, un souffle plus court et qui siffle, afin de pouvoir agir rapidement.
Contrôler la moisissure, la présence d'animaux, les pollens et les autres irritants respiratoires.
- La moisissure se retrouve dans les pièces humides et trop isolées; pour la combattre, s'assurer que les pièces soient bien ventilées.
- En cas d'allergie aux animaux, la solution à envisager est de retirer les animaux de la maison ou d’opter pour des animaux qui ne causent pas d’allergie.
- Éviter de s'exposer au pollen en gardant fermées les fenêtres de la maison. S'assurer que les filtres des appareils de ventilation intérieure soient propres pour bien recycler l'air intérieur.
- Éviter de s'exposer aux irritants respiratoires.
Contrôler les acariens (mites de poussière). Les acariens se nourrissent principalement de particules de peau morte et croissent en milieu chaud et humide. En cas d'allergie :
- utiliser un recouvrement anti-acarien pour le matelas et les oreillers;
- laver la literie à l'eau très chaude au moins deux fois par mois;
- on peut également tuer les acariens en sortant le matelas au grand air par une température d'au plus 10 ºC, ou l'exposer au rayonnement solaire direct.
Surveiller le taux d'humidité. Maintenir un taux d'humidité autour de 45 % dans la maison et dans la chambre à coucher.
Contrôler la poussière. Le contrôle de la poussière dans la chambre à coucher est un élément stratégique fondamental.
- Maintenir la penderie propre.
- Éviter les tentures et les stores horizontaux qui ramassent la poussière.
- Éviter les tapis, sinon y passer fréquemment l'aspirateur et les laver à la vapeur régulièrement.
- Éviter les couvertures de laine et les édredons en plumes.
- Laver les peluches et les poupées chaque fois que vous lavez la literie.
Éviter l'exposition à la fumée de tabac. Il est recommandé de ne pas fumer et d'éviter le plus possible les endroits enfumés.
Être vigilant vis-à-vis des médicaments. Il est bien connu que l'acide acétylsalicylique (Aspirine®), un médicament anti-inflammatoire non stéroïdien utilisé pour soulager la douleur et la fièvre, peut provoquer des crises chez certains asthmatiques. D’autres médicaments de cette classe pourraient aussi déclencher des crises. Il faut donc être vigilant. Lorsque vous souhaitez prendre des médicaments contre le rhume ou la grippe, vous devez consulter un médecin ou un pharmacien.
Faire de l'exercice. Les gens qui ont un asthme bien maîtrisé ne devraient pas cesser de faire des activités physiques. La pratique régulière d'un exercice modéré à l'air libre (pas trop épuisant toutefois) et d'exercices de respiration est recommandée. Cela renforce les poumons, le coeur et les muscles, diminue le stress et permet de mieux connaître ses capacités pulmonaires. L'asthme peut être grandement amélioré en effectuant une période de réchauffement avant un effort soutenu et en diminuant progressivement l'effort à la fin de la période d'exercice. Les personnes qui réagissent à l'air froid et sec peuvent se couvrir la bouche et le nez avec une écharpe, ce qui permettra de réchauffer et d’humidifier l'air inspiré. Si ces mesures préventives ne suffisent pas, l'emploi d'un broncho-dilatateur en inhalation cinq à dix minutes avant l'exercice est indiqué.
Se réserver des moments de relaxation. Il arrive que le stress émotionnel ou l'anxiété provoque des crises d'asthme. En ce sens, tout ce qui contribue à diminuer le stress et l’anxiété, comme la respiration profonde, les massages, le training autogène, etc., aide à mieux contrôler la maladie. Voyez aussi nos fiches de la section Thérapie.
Traitements médicaux
L’asthme est un problème chronique et nécessite dans bien des cas un traitement régulier, même entre les crises. Les médicaments pour contrôler l’asthme n’apportent pas de guérison définitive. Ils facilitent la respiration en augmentant l’ouverture des bronches et en réduisant l’inflammation. Plusieurs d’entre eux se prennent par inhalation, ce qui leur permet d’agir rapidement, avec le moins d’effets indésirables possibles. L’efficacité du traitement repose en grande partie sur le dosage choisi. Le médecin tente de donner la dose la plus petite de médicaments pour un contrôle acceptable des crises.
La personne asthmatique est de plus en plus mise à contribution dans le suivi de sa condition respiratoire. Par exemple, chez les personnes qui ont un asthme grave, des instruments permettent de surveiller, à domicile, le débit de pointe (peak flow) ou encore le volume expiratoire maximal expulsé en une seconde. Cela permet à la personne d’ajuster elle-même sa médication, selon les résultats. Une formation doit avoir été suivie au préalable.
Médicaments
De manière générale, les médicaments employés pour traiter une crise aiguë sont les mêmes que pour le maintien entre les crises.
Anti-inflammatoires stéroïdiens. Les plus couramment utilisés sont les glucocorticostéroïdes, en inhalation (Flovent®, Pulmicort®) ou en comprimés. Ils réduisent l’inflammation et, par conséquent, la production de mucus. Qu'ils soient pris en inhalation ou en comprimés, ils agissent de la même manière, mais l'inhalation permet des doses beaucoup plus faibles. Cette catégorie de médicaments est la plus efficace pour contrôler l’asthme. Leur effet se fait sentir après quelques jours d’utilisation.
Effets indésirables
Un enrouement de la voix et l'apparition de muguet (infection par des levures qui apparaissent sous forme de plaques blanches dans la bouche et la gorge) peuvent être généralement prévenus en se rinçant la bouche après l'inhalation de chaque dose. Les corticostéroïdes en comprimés ont des effets indésirables plus importants. C’est pourquoi ils sont réservés aux cas d'asthme grave, réfractaires aux autres traitements.
Antileucotriènes. Pris oralement, ils diminuent l'inflammation causée par les leucotriènes, des substances qui contribuent à la réponse inflammatoire. En clinique, leur efficacité s’est avérée plutôt décevante. Ainsi, les médecins réservent leur utilisation aux personnes dont l'asthme n'est pas maîtrisé par les corticostéroïdes en inhalation, pour ceux qui utilisent mal leur aérosol-doseur, qui craignent de prendre des stéroïdes ou qui ne suivent pas leur traitement. Ils sont aussi utilisés pour prévenir l'asthme à l'effort.
Les bronchodilatateurs
Agonistes-bêta2 à action rapide. Ces médicaments (Ventolin®, Bricanyl®, salbutamol), qui se prennent par inhalation, ouvrent les voies respiratoires presque instantanément. Ils n'entraînent généralement pas d'effets indésirables. Ils ne doivent être utilisés que pour la maîtrise des symptômes aigus de l'asthme. Lorsqu’on sent le besoin d’en prendre souvent (plus souvent que prescrit), cela peut cacher un asthme grave.
Bronchodilatateursà action lente. Ceux-ci peuvent être pris régulièrement en plus des glucocorticostéroïdes. Cette catégorie inclut des agonistes-bêta2 à action lente et d’autres médicaments dont l’emploi est moins fréquent, comme la théophylline.
Note. La théophylline interfère avec l’absorption de la vitamine B6 et peut causer une carence en cette vitamine à long terme1. L'effet bénéfique de la prise de suppléments de vitamine B6 sur le nombre et la gravité des attaques d'asthme n'est pas encore bien établi par les essais cliniques. Jusqu’à maintenant, les résultats sont contradictoires2,3.
Bromure d'ipratropium en inhalation (rarement). Il s'agit d'un anticholinergique qui bloque l'action d'une substance chimique provoquant la contraction du muscle des voies respiratoires. Moins efficace que les agonistes-bêta2 en inhalation, il est parfois utilisé par les gens intolérants à ceux-ci. Il faut attendre une à deux heures pour obtenir un effet maximal.
L'opinion de notre médecin
Les personnes atteintes d’asthme s’habituent souvent à vivre avec un essoufflement et vont jusqu’à négliger de se traiter de façon appropriée. Ce qui a pour conséquences de causer des dommages irréversibles aux poumons et de laisser l’asthme atteindre un stade où il sera plus difficile à traiter.
Dans ma pratique, je dirige mes patients vers l’un des centres d’enseignement sur l’asthme (rattachés à des hôpitaux ou à d’autres institutions de santé). Ils y rencontrent un inhalothérapeute qui leur explique bien la maladie, les mesures préventives et la façon de prendre leurs médicaments pour bien maîtriser leur maladie. Cette démarche aide vraiment les personnes atteintes d’asthme à avoir une bonne qualité de vie et à se prendre en main!
Dre Luce Pélissier-Simard, M.D
Bonne journée,
Marie claude
erf: Passeport.sante.net