La Commission européenne a demandé à la France de modifier sa législation qui interdit de vendre sur Internet des lunettes de vue et autres équipements d’optique médicale. Le Code français de la santé publique précise que tout opticien doit se faire enregistrer au niveau départemental. Ce qui “entrave la liberté d’établissement” et la “libre circulation des services” d’après Bruxelles.
Cette particularité bien française contraint pour le moment les cybermarchands d’optique à localiser leurs activités de vente en ligne dans des pays moins regardants. Ainsi, si vous avez déjà commandé des lentilles sur Internet, vous avez forcément constaté que tous les sites proposant ce service sont installés hors de France.
Pour le consommateur, l’intérêt de l’achat en ligne d’optique médicale est avant tout économique : les prix peuvent être divisés par quatre, ce qui en dit long sur les marges que réalisent les opticiens traditionnels grâce à leur monopole.
Pour se défendre, ces derniers mettent en avant leur rôle de conseil et leur statut de professionnel de santé. Ils font observer le fait que le centrage des verres sur Internet n’est pas encore au point. C’est vrai mais ce n’est sans doute plus qu’une question de temps. Le véritable frein au développement des ventes en ligne de lunettes est encore la fiabilité très variable des cybermarchands, qui trichent encore trop souvent sur la qualité des verres.
Pour les lentilles de contact, c’est beaucoup plus simple : le renouvellement se fait sur la base d’une prescription dûment établie par un ophtalmologiste, qui précise la marque des lentilles, et le rôle de conseil de l’opticien est réduit à sa plus simple expression. Conséquence logique, la part de marché des opticiens traditionnels dans le commerce de lentilles ne cesse de régresser.
Les mutuelles, qui remboursent le gros des dépenses d’optique médicale, doivent-elles prendre en charge ce qui est vendu sur Internet ? Elles y ont intérêt compte tenu des écarts de prix constatés. Le feu vert de Bruxelles devrait les y encourager.