Cela fait maintenant quatre semaines que la Guadeloupe et en crise. La Martinique a rejoint le mouvement de protestation depuis deux semaines et aucune solution n'est en vue. Vu de la métropole, on a parfois du mal à comprendre ce qui se passe là-bas.
Je pense que la véritable clé pour appréhender la situation n'est pas seulement économique, mais historique et ethnique. Il faut remonter à l'époque où les Antilles étaient une zone d'esclavage et les blancs du crû des propriétaires terriens utilisant cette main d'oeuvre gratuite. Lors de l'abolition de l'esclavage, les blancs ont été indemnisé et ils ont constitué une élite économique contrôlant tous les moyens de production dans les îles. Les anciens esclaves sont donc devenus des employés de patrons parfois nostalgiques de la période bénie où on ne payait pas les noirs. Ces békés, dont on dénonce l'attitude trop souvent méprisante à l'égard de leurs employés.
Le Figaro du jour a beau dire que parmi les békés, il y a plein d'employés, ce qui est sans doute vrai. Le journal de droite oublie juste de préciser que parmi les employeurs, il n'y a pas beaucoup de non-békés.
Ensuite, quelques situations de monopole dans ces îles poussent certains patrons peu scrupuleux à gonfler leurs marges de façon exagérée. En conséquence, les prix aux Antilles sont beaucoup plus élevés qu'en métropole et pas seulement à cause du coût de transport des marchandises.
Yves Jégo a beau répéter à longueur d'interviews qu'il a solutionné 131 problèmes sur 132, le dernier, mais non le moindre, celui des salaires mobilise plus que jamais une population à cran. Et que trouve le gouvernement à faire : envoyer des renforts de gendarmerie. Assistera-t-on là-bas à une véritable révolution sociale et ethnique ? En tout cas, les ingrédients sont en place et il ne faudra pas tarder à agir fortement pour désamorcer une crise sans précédent.
Pour cela, il faudra aller au-delà des rodomontades habituelles de la Droite Décomplexée si chère à Nicolas Sarkozy. En sera-t-il capable ?
Dominik