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Pour répondre à Marianne, les vues économiques du MoDem

Publié le 16 février 2009 par Lheretique

Je viens de lire un article de Marianne qui s'inquiète des compétences économiques de Bayrou et du MoDem en général.  Comme l'article comporte quelques contre-vérités, je vais me charger de faire quelques mises au point.

Ce que François Bayrou condamne, ce n'est pas toute forme de déficit, mais tous les déficits qui ne sont pas des déficits d'investissement. Donc, tout le contraire de ce que dit Marianne. En revanche, oui, il estime très dangereux les déficits issus des frais de fonctionnement courant de l'État. D'ailleurs, les déficits pour cause d'investissement sont temporaires alors que les déficits pour frais de fonctionnement tendent à s'installer structurellement.

De manière générale, les démocrates sont favorables à l'esprit d'entreprise, sous toutes ses formes, pas seulement économique, parce que c'est foncièrement une caractéristique de l'identité européenne d'une part, et d'autre part, parce que cela replace l'homme au centre de l'activité, particulièrement économique, d'où, d'ailleurs, la sympathie des démocrates pour les entrepreneurs.

Le MoDem considère que l'économie de marché est un bon système économique, mais, qu'en revanche, un certain nombre de biens ne peuvent pas être mis sur le marché, ou, en tout cas, pas considéré comme des marchandises ordinaires. C'est ce que les démocrates appellent les biens supérieurs (éducation, culture, santé en particulier). Ils sont évidemment favorables à une concurrence libre et non faussée et saluent de ce fait le rôle extraordinairement positif et vigilant joué par l'Europe afin de mettre fin aux monopoles (Microsoft, par exemple, mais pas seulement). Bien évidemment, les démocrates se défient autant des monopoles publics que privés. Il va de soi que les démocrates ne confondent pas un monopole public et un service d'intérêt général.

Concernant les flux financiers, en effet, comme le dit Philippe Cohen, les Démocrates pensent qu'il faut installer des régulations et qu'une fois en place, elles permettront de moraliser et fluidifier ces flux. Ils ont tort ?

En ce qui concerne l'investissement et la consommation, en cas de relance européenne, Philippe Cohen devraient : 1°) écouter les tribunes de Corine Lepage sur France-Culture ou bien les lire sur son blog 2°) jeter un oeil sur le programme de l'ADLE ainsi que sur celui du PDE (parti démocrate européen, l'un des deux partis européens du groupe ADLE, dont le MoDem est membre fondateur)

Il ne faut pas raisonner ainsi : il ne s'agit ni de relancer l'investissement en soi, ni de relancer la consommation en soi. Ce qu'il s'agit de faire, c'est d'accompagner la révolution industrielle qui se produit petit à petit sous nos yeux, et qui sera verte et durable. La relance soutiendra donc à la fois la consommation et l'investissement, mais pas au pif, comme un rouleau compresseur, mais de manière ciblée, via, par exemple, des incitations fiscales ciblées, mais pas seulement.

Si nos partenaires européens refusent un emprunt d'une telle ampleur, il restera possible d'agir au seul niveau de la France, mais, évidemment, avec un impact bien inférieur à celui de l'Europe toute entière. Mais cela, le MoDem ne peut en être comptable. C'est bien pour cela que la campagne européenne est au moins autant européenne que nationale, particulièrement par les temps qui courent. Mais cela, les Démocrates l'ont compris depuis longtemps. Les évènements récents ne donnent que plus de force à leur propos.

Ce que je dis n'a évidemment rien d'un secret : il suffit de lire et d'écouter ce que disent les chefs de file du MoDem pour en prendre connaissance.

Un dernier point, enfin : les Démocrates se battront avec la dernière énergie contre la tentation protectionniste. C'est exactement ce travers qui a fait plonger le monde entier dans la crise en 1929. C'est bien sûr une option tentante, mais c'est un mirage très dangereux. Le protectionnisme stratifie les échanges et rend quasiment impossible tout redémarrage de la croissance économique mondiale.

Ah, j'ajoute une dernière remarque à propos de la croissance : les Démocrates ne partagent absolument pas les vues des Verts sur la décroissance (Daniel Cohn-Bendit a signé une tribune en ce sens avec José Bové). Est-il d'ailleurs raisonnable de parler de décroissance alors que la crise économique aura tué d'ici la fin de l'année 2009 plusieurs centaines de milliers d'emplois (+280 000 chômeurs prévus) ? Non, il faut évidemment une croissance raisonnée et durable. C'est le message de longue date de Cap21, le mouvement de Corinne Lepage, qui s'est depuis fondu dans le MoDem, mais dont les idées ont fait leur chemin dans la pensée économique démocrate.

D'autres questions ?


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