Comme pour beaucoup de départements de l’ouest, l’alimentation en eau potable se fait, non pas en puisant dans les nappes phréatiques de bonne qualité, mais en récupérant les eaux de ruissellement dans de vastes barrages. Cette technique, parfaitement maîtrisée, est coûteuse car il faut traiter des eaux nécessairement polluées. Plus grave, la canicule de 2003 a démontré que la Vendée n’avait pas été assez prévoyante. Elle a failli manquer d’eau. Ce dossier n’est toujours pas réglé et fait débat au conseil général. Explications :
La Roche sur Yon est indépendante du reste de la Vendée grâce à Moulin Papon, qui est également la réserve la moins polluée de Vendée. Nous avons fourni au nord ouest vendéen de l’eau en 2003 qui était au bord du manque, tout comme les Sables et la côte atlantique très gourmande en été avec l’afflux de touristes.
L’analyse des services compétents est que la Vendée, pour avoir une réserve d’eau potable sécurisée en été, doit disposer de 8 à 10 millions de mètres cubes supplémentaires par an.
Où en est-on ?Vendée eau qui s’occupe de l’alimentation en eau potable de la Vendée, à l’exception de quelques communes dont La Roche sur Yon, Challans et Fontenay le
Comte, a réalisé des études avec l’appui du département et propose comme solution la construction d’un barrage supplémentaire sur l’Auzance. Ce barrage pourrait stocker 8 millions de mètres
cubes d’eau, 250 ha de terrains agricoles ont été achetés pour cela.
Nous n'avons rien contre cette solution !
Mais rien n’avance, car l’état ne lance pas la DUP (Déclaration
d’Utilité publique) qui permettrait d’engager définitivement le projet.
Si c’est bloqué, c’est pour des raisons liées aux contraintes écologiques estimées trop importantes par les services de l’Etat. En plus du préfet de département, deux
instances ont à connaître de ce dossier de l’eau : le préfet coordonnateur de ces questions, préfet de la Région Centre, et l’Agence de Bassin Loire Bretagne, présidée par le
maireUMP de Bourges, Monsieur Serge Lepeltier, ancien Ministre de l’environnement.
Le président du département, sur ce dossier, n'est pas à l'aise et comme toujours dans
ces cas là, très agressif. Il lui faut des coupables !
Il semble que les remarques liées à l’environnement soient réelles, mais à notre niveau nous n’avons pas les moyens de les expertiser. La DIREN propose une autre solution qui serait de puiser
l’eau dans la Loire comme le fait l’agglomération nantaise et le département de Loire Atlantique.
Premier constat : La question de l’eau est stratégique, plus stratégique encore que le désenclavement. Ce dernier permet le développement. Le manque d’eau, lui, bloquerait le développement de la Vendée ! C’est donc une question grave pour laquelle nous ne souhaitons pas de polémiques politiques, pour peu que l’on dispose des éléments pour peser ensemble dans le sens d’une vraie solution.
Second constat : C’est le gouvernement UMP actuel qui, depuis 2003 au moins (même si ce dossier traine depuis au moins 15 ans !) bloque ce projet important pour la Vendée !
Troisième constat : De Villiers, comme a son habitude, nous demande de prendre parti de façon unanime sans nous informer, et même en nous désinformant comme il a voulu le faire avec les éoliennes, en faisant venir un pseudo spécialiste qui, d’ailleurs, n’a pas convaincu les maires ! Un exemple : en commission du conseil général, il affirme que la Loire ne pourrait jamais alimenter la Vendée faute de débit suffisant en cas de bas étiage et que les élus nantais y seraient violemment opposés ! (voir ci-après).
Notre position se veut responsable C’est pourquoi nous avons demandé à Villiers de ne pas nous imposer de prendre position dans la journée pour faire ensemble une analyse commune : refus ! Parallèlement nous nous sommes documentés auprès de différents services de l’Etat et j’ai personnellement appelé le cabinet de Jean Marc Ayrault et le président du conseil général de Loire Atlantique, Patrick Maréchal. J’ai pu ainsi être mis en contact avec les élus responsables du plan de sécurisation en eau potable de Loire Atlantique et de l’agglomération nantaise.
Les faits : premièrement, contrairement à ce que dit Villiers, la question de l’eau doit être analysée au plan du bassin versant tout entier qui va de Rennes à La Rochelle. Par exemple l’alimentation en eau potable de
cette ville et du Nord Charente Maritime dépend en partie du barrage de Mervent (et de l’Angle Guignard) qui alimente aussi le territoire vendéen. La Vendée s’est engagée également à livrer de
l’eau à la Gatine en Deux Sèvres ! La Vendée doit livrer en gros 5 millions de mètres cubes d’eau à ces deux départements, et ceci par contrat. C’est pour cela qu’il faut travailler avec les
autres départements, ce que refuse Villiers.
Deuxièmement, contrairement à ce qu’affirme Villiers, la Loire, même en
basses eaux, a un débit en face de l’usine d’eau potable de Nantes de 100 mètres cubes seconde. Or l’usine de Nantes prélève au maximum 3 mètres cubes seconde. Il y a donc largement assez d’eau pour alimenter les besoins supplémentaires en Vendée. Si une concurrence devait exister elle serait plus avec l’irrigation agricole du Maine et
Loire, qui pompe beaucoup d’eau dans la Loire, qu’avec la consommation humaine de la Loire atlantique.
Troisièmement : dans son plan de sécurisation en eau potable le département 44 a justement prévu de pouvoir, si
la Vendée le souhaite, apporter 2.000 mètres cubes/jour dans le marais breton vendéen et 20.000 mètres cube/jour pour le bocage vendéen, soit au total un volume annuel de 8 millions de mètres
cubes, justement !
Ci-dessous extrait du plan de sécurisation d'approvisionnement en eau potable du département 44 qui prévoit d'approvisionner la Vendée en deux points : bocage et Marais Breton :
Quatrièmement : L’usine de Nantes est en surcapacité et des travaux vont
être lancés dans les deux ans pour la réduire (elle est actuellement de 240.000 mètres cubes/jour et il est envisagé de la ramener à 200.000), sauf, évidemment, si la Vendée en a besoin. Dans
cette hypothèse les nantais seront heureux de nous alimenter, encore faut-il le dire rapidement. Mieux : il existe déjà une canalisation au débit trop faible pour les besoins actuels qui
alimente la Bultière (qui amène de l‘eau traitée). Pourquoi affirmer que construire une nouvelle canalisation prendrait trop de temps si l’on n’étudie pas le moyen, de renforcer, sur le même
parcours cette canalisation, et ceci même si on doit acheter de l’eau traitée et non de l’eau brute. Et pourqoi n'avoir pas engagé les études et achats de terrains pour une nouvelle canalisation par mesure de précaution
?
Cinquièmement : il y aurait un coût supplémentaire pour une canalisation nouvelle (encore faut-il d’abord explorer la solution ci-dessus). Pourtant si l’on intègre les coûts écologiques, selon l’étude même de Vendée eau, le coût des deux solutions sont identiques et avoisinent 120 millions d’euros (selon l'étude de Vendée Eau elle-même !).
Alors nous proposons simplement de n’exclure aucune solution, barrage compris, de mettre toutes les parties concernées autour d’une table et d’explorer toutes les solutions
- Barrage sur l’Auzance
- Accélération de la recherche en eau souterraine. Il y a dans le sous-sol granitique du grand Pays Yonnais 600 millions de mètres cubes d’eau d’excellente qualité. Selon Vendée eau on peut en extraire 3,5 millions/an, chiffre sans doute sous-estimé.
- Utilisation des carrières désaffectées comme moyen de stockage : 3.7 à 4.5 millions de mètres cubes/an.
- Usine expérimentale de désalinisation de l’eau de mer, notamment pour l’ile d’Yeu, également retenue par Vendée eau pour 0,7 millions de mètres cubes/an.
- Stratégie d’économie de l’eau dans toute la Vendée, de l’ordre de 3 millions de mètres cubes/an
- Travail partenarial avec les autres départements,
notamment la Loire Atlantique pour explorer la solution la moins
onéreuse et la plus rapide pour sécuriser la Vendée.
La Vendée est en retard. La réalisation du barrage reste probable mais pas certaine. La responsabilité des élus vendéens, plutôt que de trouver des boucs émissaires, méthode chère aux
villiéristes, serait de travailler ensemble à la recherche d’une solution réaliste en liaison avec les services de l’état et avec le gouvernement qui doit se "mouiller" plus – et plus vite -dans
ce genre de dossier stratégique.
Alors oui, il faut agir, mais pas en mentant aux vendéens qui sont tout à fait à même
de comprendre pourquoi il y des retards, pourquoi l’eau coûte cher à traiter et pourquoi en finançant, soit un barrage, soit des solutions alternatives, elle risque de coûter encore un peu plus
cher à l’avenir.
Tout retard supplémentaire en augmentera le coût, et contrairement à ce que cherche à dire Villiers, malgré les hésitations inadmissibles du Gouvernement, ce seront bien les décideurs vendéens
qui se seront fourvoyés !