par Didier Testot.
Cela n'étonne plus personne, il faut dire qu'en temps de crise financière et économique, l'Etat est devenu le sauveur, le seul sauveur, et par là même recommandable voire chaudement recommandé. Pour l'automobile qui ne trouve plus d'argent auprès des banques, pour les banques qui ne se prêtent pas entre elles depuis plusieurs mois, mais aussi dès qu'un problème surgit, on trouve de l'argent et l'Etat s'avance alors même qu'il y a seulement quelques mois de cela, l'Etat n'avait plus d'argent disponible dans ses caisses.
Ce retour en force de l'Etat qui n'est pas en soi anormal, crise oblige, apparemment cela donne un nouvel élan interventionniste à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui nous avait chaudement recommandé le vélo lorsque le pétrole flambait. Nous recommanderait-elle d'acheter un 4x4 maintenant que le pétrole a largement reculé ? Faudra que je lui demande si je la croise.
Aujourd'hui, elle peut se permettre de dire à la Caisse d'Epargne et aux Banques Populaires d'accélérer leur mariage qui ne se passera pas un dimanche à Bamako mais à Paris.
Elle se réjouit aussi selon le Figaro des bénéfices de Total, et selon ce journal elle précise :"Je ne pense pas que les salariés du groupe Total soient dans une situation de paupérisation. Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que le groupe fait pour créer de l'activité et de la valeur, et je serai particulièrement attentive aux investissements". Cette attention de Madame Lagarde, ce sont les dirigeants de Total que cela doit amuser. Pour avoir une influence sur une entreprise comme me le disait un ancien grand patron, si on ne possède pas de capital, impossible de faire entendre sa voix au conseil d'administration. Çà vaut aussi pour l'Etat.
Revenons aux banques, date butoir fin février donc et sous menace de nationalisation ont même pu écrire des confrères. Selon Le Monde du 14 février 2009 : "J'ai demandé à ces deux établissements d'accélérer la manœuvre, a-t-elle déclaré. Il y a urgence, ce n'est pas la peine de faire traîner les propositions de fusion éternellement." "Je crois que la fin du mois de février serait une bonne échéance", a ajouté Madame Lagarde. Certes l'Etat est venu au secours des banques, mais au-delà de la nécessaire surveillance de l'utilisation des fonds que les banques françaises ont pu allé emprunter à l'Etat, faut-il considérer que Bercy régente jusqu'à la gouvernance des banques ? En France, cela a toujours été le cas il est vrai, un professeur de droit m'avait largement fait comprendre qu'il suffisait de regarder la taille du ministère de l'Economie pour comprendre que le pouvoir était là. Le pouvoir et le contre-pouvoir diront les fins observateurs.
Mais les gouvernants, quelque soit leur appartenance, ont sans doute la mémoire courte. Faut-il leur rappeler le Crédit Lyonnais transformé en LCL mais dont chaque français paye encore (une ligne sur la feuille de paye) le solde. L'Etat à la manoeuvre n'est pas forcément le meilleur conseiller. S'il s'agit de recaser des personnalités qui rêvent de diriger une banque, c'est autre chose, du très classique en France.
Les questions que devraient se poser un ministre de l'Economie, devraient être les mêmes que celles que se posent les deux patrons de l'Ecureuil et des Banques Populaires : Comment réussir cette fusion ? Cette fusion est-elle nécessaire et utile au développement de mon groupe ? Une fusion qui sur le papier paraissait logique il y a quelques mois, mais dont la crise financière a donné un profil plus défensif. Aucune fusion n'est facile, croire le contraire serait une erreur. Derrière une fusion, des hommes, des équipes, qui jusque-là ont tout donné pour leur banque, et qui vont être amenés pour beaucoup d'entre-eux à partager le pouvoir. Précipiter une fusion c'est souvent précipiter les ennuis. En ces temps difficile, ajouter de la pression à la pression de la crise économique est-ce vraiment nécessaire ? C'est comme remettre les voiles en pleine tempête. Demandez aux marins ce qu'ils en pensent...