Lors d’une petite conversation avec Damien du groupe dOP, celui-ci m’affirmait que pour lui, DJ Koze (prononcez “Kozi”) était certainement le meilleur producteur électronique actuel, en tout cas en Allemagne. Et si je ne me risquerais pas à une telle affirmation compte tenu de la densité de la scène germanique, il est vrai que Stefan Kozalla en est l’un des fers de lance, de ceux qui traînent dans leur sillage une meute d’imitateurs plus ou moins heureux. Si vous aimez un tant soit peu la techno, il est rigoureusement impossible que vous ne soyez pas tombé, un jour ou l’autre, sur l’un de ses trois albums et de ses dizaines de maxis, ou sur ses travaux au sein d’International Pony.
Difficile à catégoriser car extrêmement varié, le son de Koze se caractérise par une chaleur, un swing et surtout un sens de l’humour ultra-développés, associés à une forte propension à l’expérimentation. Et ce n’est pas cette compilation de certains de ses meilleurs remixes qui changera la donne. Dès l’intro, les présentations sont faites par l’entremise d’une voix féminine vocodée : “Hi friends, how are you ? I am DJ Koze and i’m sitting in my studio in Hamburg, drinking red wine and collecting my best dreams... This is for you !” Voilà qui a le mérite d’être clair et de nous mettre dans les meilleures dispositions pour ce qui suit, à savoir l’excellent remix d’”Elementary Lover” de Matthew Dear (tirée de l’album Asa Breed), son beat house saccadé et ses choeurs virils et funky.
Koze aime beaucoup jouer avec les voix, et une bonne partie des titres remixés sont chantés. Le désormais célèbre “Minimal” de Matias Aguayo (“This music got no groove, got no balls (...) Basta ya de minimal !”) se mue ainsi en bombe dancefloor parodique à tendance balnéaire, d’où émerge de temps en temps le sifflement aigu d’un kazoo. “Danse avec moi”, de Nôze et Dani Siciliano, voit son tempo sensiblement ralenti tandis que cuivres et parties vocales sont démontés un à un et réagencés dans un collage aussi jazzy que dadaïste. Le titre s’achève sur un magnifique extrait de L’Homme qui aimait les femmes de François Truffaut : “Les jambes des femmes sont comme des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant ainsi son équilibre et son harmonie”.
Plus que ses “réincarnations”, ce sont les vies parallèles du musicien qui apparaissent très nettement sur ce disque. Le Koze sombre et nerveux (le remix de The Battles) côtoie le Koze “émo” (les relectures de Lawrence et d’Heiko Voss) et celui, plus ambient, qui revisite les miniatures folk expérimentales de Wechsel Garland. La sélection se clôt même sur un morceau de l’actrice Hildegard Knef à l’atmosphère de cabaret façon Marlène Dietrich, que l’Hamburgeois sublime par petites touches de cordes veloutées et de choeurs très fifties. La plupart de ces morceaux étaient préalablement sortis en maxi, mais certains d’entre eux étaient devenus assez compliqués à trouver. Une raison suffisante pour déclarer cette compilation “d’utilité publique”.
A noter : Reincarnations sortira le 9 mars sur Get Physical et donc pas sur Kompakt, son label habituel. Attention, le vinyle ne contiendra que 8 titres, contre 14 pour le CD et la version digitale.
En bref : Le CV du touche-à-tout iconoclaste DJ Koze à travers une sélection de ses meilleurs remixes. Impressionnant.
Matthew Dear - Elementary Lovers (DJ Koze Remix).mp3
Hildegard Knef - Ich Liebe Euch (DJ Koze Remix).mp3
Le site et le Myspace de DJ Koze
Le site de Get Physical