Idéal pour lancer les Européennes en avril : le débat sur l'Otan.
Au moment où le monde parait assoiffé d'interdépendance, de solidarités manifestement planétaires, il semble presque provocateur de se poser encore la question de savoir si aujourd'hui le thème de l'indépendance nationale demeure d'actualité.
Le débat sur l'Otan va faire resurgir cette question.
C'est vrai que nous avons assisté à un double mouvement contradictoire lors de la seconde moitié du XXème siècle. La souveraineté des Etats a gagné en affirmation et en réalité notamment par la fin des colonies ou des protectorats. Mais au même moment les liens juridiques ou de fait unissant une communauté internationale ont fait naître de nouveaux rapports de " dépendance ".
En réalité, nous avons aujourd'hui trois mouvements.
Tout d'abord, il faut bien préciser qu'une nation indépendante n'est pas une nation isolée. Tout concourt à une certaine globalisation. Pour autant, le choix n'est pas entre autarcie et fusion. Là aussi, des formes nouvelles d'indépendance nationale sont apparues. Elles consistent essentiellement à éviter d'entrer dans des formes étroites de dépendances (économique, énergétique, militaire…).
Ensuite, il est certain que la conception même de l'indépendance a gagné en nuance. Si chacun admet que la Nation qui rassemble le plus d'atouts pour voir reconnaître son indépendance peut être considérée comme étant la nation Américaine, il ne viendrait à l'idée de personne de défendre sérieusement que cette indépendance peut vivre sans des formes manifestes de solidarité. Nous sommes même passés d'une situation où hier l'affirmation de solidarité était perçue comme une forme d'agression car susceptible de cacher des visées de domination d'une Nation à une quasi autre extrémité où maintenant c'est l'affirmation d'indépendance qui aurait une certaine connotation agressive.
Enfin, dernier volet majeur, l'indépendance nationale est un thème gaulliste privilégié dans le débat politique Français. Par une critique d'atlantisme, François Bayrou espère renvoyer Nicolas Sarkozy à un ancrage libéral qui est passé de mode.
Une belle bataille en perspective bien loin des ancrages historiques de chacune des deux formations concernées.