52 livres en 52 semaines : La fabrication de l’aube

Publié le 15 février 2009 par Epicure

Pauvre Jean-François Beauchemin! C’est son livre, La fabrication de l’aube, qui a eu la tâche odieuse de succéder à la trilogie de Stieg Larsson, Millenium (objet d’un billet de Burp il y a quelques semaines). Difficile mandat que de faire office de sevrage à un thriller haletant, dont les quelques dernières 100 pages se terminent dans un marathon de lecture intense. Comment trouver LE livre qui succédera à ça?

Pas de demi-mesure. Dans un pur virage à 180°, j’ai choisi le récit de Beauchemin qui raconte son flirt très introspectif avec la mort. En 2004, cet auteur québécois a été gravement malade et a miraculeusement survécu à un coma dont on ne croyait pas qu’il se remettrait. On a déjà vu plus judicieux comme timing de lecture, surtout que ce début 2009 apporte son lot peu rassurant de maladies et d’hospitalisations autour de nous.

Heureusement, le ton qu’utilise JFB n’est ni déprimant, ni larmoyant. Il raconte tout simplement ce qu’il a vécu de l’intérieur lors de cette période intense, un parcours très particulier dans sa tête. Dès les premières lignes de son récit on le suit déjà dans l’ambulance qui le transporte à l’hôpital, et ses réflexions nous mènent une centaine de pages plus loin lorsqu’il est enfin de retour chez-lui.

« Le 10 juillet 2004, je suis mort. Puis, le 15, par une forme de miracle que la science, le hasard et l’amour ont voulu, je suis revenu parmi les vivants. »

Ici, pas de grand couloir ou de lumière éclatante au bout d’un tunnel. Loin de là. Beauchemin, dans la jeune quarantaine, plonge dans ses souvenirs et partage certains épisodes fondateurs qu’il se remémore. Il parle avec énormément d’affection de ses cinq frères et soeur qui, à tour de rôle, gravitent autour de son lit d’hôpital. Les passions de l’un, la générosité de l’autre, la complicité qui les unit tous les six depuis l’enfance. Il évoque avec tendresse ses parents déjà décédés, son amour inconditionnel pour la femme de sa vie, sa relation avec son chien, son besoin de solitude, sa philosophie de la vie.

Tout ça raconté par JFB dans un esprit paisible, très lumineux en fait. Sa plume est imprégnée de poésie et on sent beaucoup de sérénité dans ses propos. Une lecture qui diffère de mes allégeances habituelles mais dont j’avais lu beaucoup de bien dès sa sortie en 2006 (Prix des libraires en 2007). Il était depuis longtemps sur mon infinie liste “à lire”, sauf que c’est le genre de succès qui dort rarement sur les rayons de ma bibliothèque de quartier. Contente d’avoir enfin pu mettre la main dessus.