Si j'achète par nécessité une voiture. Je peux prendre une voiture peu coûteuse et robuste. Si j'ai avec moi une marmaille, je la prendrai plus spacieuse. Dans les deux cas je satisfais mes besoins. Si je m'endette pour 40 ans en achetant une Ferrari je ne suis plus dans la satisfaction du besoin mais dans celle du désir. Epicure est le seul philosophe qui sut distinguer le besoin du désir, c'est à dire le besoin de L'IMAGINATION DU BESOIN.
Nous sommes élevés dès notre plus jeune âge ( et ma génération moins que les suivantes) pour nous fabriquer une hypertrophie du désir ( voir les pubs réservées aux enfants ) qui nous conduit à une hyper consommation. Cette hypertrophie du désir est l'un des moteurs de l'économie. Si je ne consomme pas la croissance ne sera pas au Rendez-vous, le chômage suivra avec son cortège de misères. Heureusement des stimulis permanents alimentent mon désir. C'est ainsi que nous allons à la falaise avec un bandeau sur les yeux en le soulevant de temps à autre pour constater que la planète va mal. Comment en sortir ? je vous le demande" Fin d'auto-citation.
Derrière cette réflexion en apparaissait en filigrane une autre : le paradoxe et même l'incompatibilité entre l'augmentation du pouvoir d'achat donc la consommation, et le respect de la planète. On trouve les deux tendances dans les discours actuels : le grenelle de l'environnement d'une part et la revendication d'un pouvoir d'achat générateur de consommation d'autre part. Ceci n'a pas échappé à Jean-Claude Guillebaud dans le supplément télé du Nouvel obs ( quand j'achète le nouvel obs, je commence toujours pas l'article de Jean-Claude Guillebaud) . je résume,mais l'article entier mérite d'être lu. D'une part on nous assure que nous ne pourrons plus vivre longtemps dans cette débauche d'énergie et qu'il va falloir économiser, lutter contre les pillages et les gaspillages, isoler nos maisons, éteindre les lumières, réduire nos déchets au grand dam des peuples riches. Mais la survie est à ce prix. D'autre part on nous tient un discours radicalement opposé : il faut consommer puisque la croissance en dépend, tout au moins pour ceux qui en ont les moyens. Il faut changer de tout , de bagnole d'ordinateur, de fringues, de portable. " rien ne serait plus dangereux pour le système qu'une perte d'appétit des consommateurs " constate Guillebaud. Et il ajoute : "Le regretté André Gorz ( alias Michel Bosquet NDLR) avait bien vu qu'entre les impératifs écologiques de base et l'hystérie consumériste il existe une incompatibilité absolue. (...) Pour le moment on fait semblant de ne pas le voir. On fait mine de croire que nous pourrons être à la fois économes et gaspilleurs. Schizophrénie, en effet." Nous restons convaincus que la disposition à l'achat exprimerait une sorte de bonheur d'être. "Et si c'était l'inverse ? " s'interroge Guillebaud. Et j'ajoute : Le vide existentiel que l'on tente de remplir avec des objets de consommation ne s'agrandit-il pas au fur et à mesure qu'on le remplit ? C'est à craindre. 0 miam | 0 commentaire [0 TrackBack(s)]