N'écarquillez pas les yeux ainsi, c'est pas une terrible maladie orpheline, ni un virus contagieux incurrable. Le bridgetisme est un syndrôme tout simple, aussi appelé le syndrôme de Bridget Jones. A ne pas confondre avec une forte addiction au jeu de cartes éponyme, le bridge. Rien à voir.
Le bridgetisme ne s'attrape point, c'est inné, écrit, enregistré dans notre ADN et possède plusieurs symptômes, comme par exemple celui d'être attirée par des gentilhommes à pullovers à tête d'élan.
L'autre symptôme et celui dont je souffre c'est celui du "grand moment de solitude". Ce syndrôme a pour seul but de se mettre soi-même dans des situations incroyables et se payer une honte extrême devant un parterre de personnes et qui vous fera éviter la caisse numéro 16 de votre super marché local pendant quelques décennies. Au moins.A noter que ce symptôme n'apparaît qu'en de rares occasions, celles qui arrivent dans des moments d'égarements ou d'inattention.
Je plante le décor. Un samedi après midi toute joyeuse, mon Elle Déco sous le bras, durement négocié avec un vendeur de rue, il était pas facile à convaincre celui-là, j'entre dans le super marché. Je circule entre les rayons, je choisis mes produits, je me dirige vers la caisse et j'attends sagement mon tour.
Je déballe mes futurs achats sur le tapis roulant, j'entends les blings blings de la caisse enregistreuse et m'apprête à payer mes victuailles.
Habituellement dans mon sac, il y a tout un tas de choses rangées bien comme il faut et quelques petits objets jetés en vrac. Ce jour-là, tout y était en chantier suite passage du typhon prénommé Leeloo le matin même, le sac s'étant retrouvé les quatre fers en l'air sur le carrelage. Ne faisant pas attention, j'ai tout remis dans le sac "comme ça venait".
Donc, je sors mon chéquier, le seul outil facilement repérable dans ce foutoir mais qui m'effraie au plus haut point car j'ai toujours l'angoisse de faire des erreurs et de devoir recommencer l'exercice deux ou trois fois, à la suite. Si, si, c'est déjà arrivé. Rien ne vaut les espèces sonnantes et trébuchantes.
Et c'est là que le drame s'est produit, le typhon ayant eu pour conséquence d'avoir vidé ma doggy box (boîte à trésors à usage mensuel) de tout son contenu au fond du sac. En sortant le stylo pour remplir le chéquier, deux tampons hygiéniques ont émergé et tout ce butin a été étalé sur la petite tablette devant moi au vu et au su de tout le monde, la caissière, le monsieur qui était derrière moi soudain très curieux par ce qui venait de se passer, le chef de la caissière qui passait par là et les deux aides qui rangent les achats dans des sacs/cartons.
Tout ce petit monde a pu apercevoir le tréfond de moi-même sans aucune équivoque, qui n'était point des bonbons et encore moins des barres énergétiques sorties de leur boîte cartonnée.
Comme j'ai eu du mal à cacher l'émoi qui s'est emparé de moi, j'ai regardé l'assistance et son regard bienveillant au fou rire imminent, avec honte et un presque-sourire, puis j'ai griffonné à la va-vite le montant sur le chèque et je suis ressortie du magasin d'un pas lourd et silencieux pour aller me réfugier dans l'habitacle de la voiture et ne remettre le nez dehors qu'une fois arrivée à la maison.
Depuis, je ne fais plus les courses qu'avec mon chéquier et mon stylo à la main.
La prochaine fois, je vous raconterai comme je me suis retrouvée en string dans un bureau bourré de testostérone après que la fermeture-éclair de ma jupe portefeuille m'ait lâché.
Crédit photo : Posthit