Énième tentative d’arrêter de fumer
Une crise pour récompenser mes efforts
Je n’ai pas touché une seule clope depuis 7 jours. Ne suis ni contente, ni mécontente. Cela me paraît normal de ne pas fumer si j’ai décidé de ne plus fumer dans une période où je me sens relativement bien mentalement, mais je ne me considère pas tirée d’affaire. Donc je calme ma joie. Je galère pour résister à la bouffe. Plus difficile que de ne pas fumer. D’ailleurs, je mange davantage et plus gras tout en essayant de garder un certain self-contrôle. Par moment mes envies de grignotages me prennent la tête. Dans ces cas, je me prépare un gros bol de thé noir avec du lait. Boire chaud distrait mes envies de fumer ou de grignoter. En une semaine le manque de nicotine a disparu. L’envie du rituel reste présent. Le besoin de porter quelque chose à ma bouche persiste. Mon appartement est toujours un espace fumeur, en revanche j’envoie mes amis fumer à la fenêtre de la cuisine. Pas à cause du délicieux parfum d’une clope à peine allumée -si, si, les fumeurs adorons ce moment, c’est le meilleur- qui pourrait me re-séduire. A ça je résiste. A cause du rituel. S’ils fument là ou j’avais l’habitude de fumer, mes réflexes de fumeuse se réveillent. En revanche si je les envoie à la fenêtre, leur cigarette ne me tente pas. Madeleine essaie aussi d’arrêter. Après trois jours de sevrage total, elle a pété un câble. Le manque la tenaillait trop. Maintenant elle préfère fumer en limitant sa consommation à trois cigarettes par jour. Chacun sa méthode. L’excessive que je suis ne peut s’astreindre à ce genre limitation. Pour moi il est plus facile d’arrêter complètement que de me limiter. Toujours dans l’excès quoi!
Mon intérieur ne sent plus la salle d’attente de vieille gare. J’aime. C’est ma vraie motivation pour continuer à ne pas fumer. “Oui, mais avec ton asthme…” diront certains “‘c’est quand même mieux de ne pas fumer”. Mon asthme je l’emmerde! Ou plutôt il m’emmerde! Après une semaine d’efforts pour ne tomber ni dans la tentation de la clope, ni dans celle de la bouffe, la seule récompense obtenue hier soir de mes poumons c’est UNE CRISE D’ASTHME comme je n’en avais pas eue depuis longtemps! Mon asthme se moque de la clope. Comme déjà dit dans cet espace, même si j’admets que fumer est extrêmement nocif pour le système respiratoire et très con en général, la clope ne m’a jamais provoqué de crise d’asthme. Ce qui déclenche mes crises c’est FAIRE LE MÉNAGE A L’EAU CHAUDE et SORTIR DANS LE FROID! Si je cumule les deux dans la même journée, comme hier, cela devient le feu d’artifice des bronches étranglées! Après avoir passé l’après-midi à effectuer des nettoyages, je n’en menais pas large. J’en ai rajouté une couche avec la dernière sortie de ma chienne par -12°C. J’ai eu l’impression que mes poumons se réduisaient à la taille d’une noix, sensation accentuée par l’angoisse produite à la vision de deux joggeurs fous, en train de courir sur la neige crissante tout en discutant. En les apercevant, j’ai eu le sentiment que mes poumons rétrécissaient subitement dans cette sorte d’empathie qui endolorit nos bouches quand on voit dans le film “Marathon Man” -ou plutôt quand on imagine car on ne voit pas grand chose en réalité- Laurence Olivier en dentiste nazi, titiller de sa fraise les dents de Dustin Hoffman. Si la crise d’asthme induite par ces sportifs déjantés ne m’avait pas empêché de parler, j’aurai crié “Bande de cons, arrêtez de courir! Arrêtez de parler par un froid pareil. Vous respirez mal. Vous massacrez vos poumons!” C’est vrai quoi! Pour le réchauffer, ils auraient dû aspirer l’air par le nez et l’expirer par la bouche, chose impossible à faire en parlant! De plus courir par des froids pareils c’est ultra mauvais pour le coeur. Pour avoir couru dans le froid -un froid dans les -1°C très raisonnable comparé à celui de cette nuit- le père de l’une de mes connaissances, médecin qui plus est, ne s’est jamais relevé de l’arrêt cardiaque qui l’a terrassé durant son jogging. Bref! Peu importe! Ça m’a fait un choc de voir ces deux inconscients se bousiller coeur et bronches à jogger par une température polaire sous prétexte de se faire du bien. Quand je suis arrivée à la maison, je n’arrivais plus à articuler deux mots de suite, ce qui est assez rare dans mon cas.
A gauche, la bronche rétrécie et pleine de sécrétions d’un asthmatique durant une crise d’asthme. A droite une bronche saine.
Afin d’illustrer mon propos concernant l’empathie, l’odieuse scène du dentiste dans Marathon Man, l’un de mes films cultes. Elle est en version originale, mais point besoin de comprendre l’anglais pour suivre ce qui s’y passe.