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Vendredi 13 février, Nicolas Sarkozy a lancé une nouvelle distraction. Avec un discours de politique générale sur la famille, il a énuméré une batterie de propositions et de mesures. Certaines sont sans intérêt autre que de communication présidentielle, comme le statut du beau-parent ou le blocage et le fichage des sites pédophiles sur le Web. On se doute bien qu' il est nécessaire de s'attaquer à la pédopornographie sur le Web. On se doute (on espère) que les forces de police et de gendarmerie sont à l'affut des sites pédophiles. Quant au statut du beau-parent, Sarkozy a justifié ses intentions: «Je souhaite reconnaître ces liens particuliers par la création d'un statut de beau-parent, et plus largement, des tiers qui vivent au domicile d'enfants dont ils ne sont pas les parents (...). Ce statut permettra de reconnaître des droits et des devoirs aux adultes qui élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs. Je demande au gouvernement de me proposer un projet de loi sur ce thème, d'ici fin mars, après avoir procédé aux consultations qui s'imposent». N'est-ce pas La véritable annonce est ailleurs : Sarkozy veut réduire le congé parental. Et il sert cet argument clivant dont il a le secret : le congé parental empêcherait les femmes de travailler correctement, en bloquant leur carrière. "Nous avons incontestablement augmenté l’offre de garde. Nous avons aussi développé les congés parentaux Ces congés ont une vertu immense : permettre aux parents qui le souhaitent de ne pas travailler pour s’occuper de leurs enfants. Mais ces congés parentaux sont parfois aussi à l’origine d’un immense gâchis. Gâchis pour les femmes concernées. Parce qu’un congé parental de longue durée, c’est une rupture dans un parcours professionnel, qui peut se traduire par une diminution des chances de progresser dans la carrière, d’obtenir un meilleur salaire ou de retrouver un emploi. Parfois pour les familles, c’est un problème, parce qu’un congé parental c’est un salaire en moins et donc c’est le pouvoir d’achat qui diminue. Gâchis pour la société dans son ensemble, parce que sont maintenues en dehors du marché du travail près de 800.000 femmes chaque année. Le taux d’activité des femmes qui ont deux enfants est 40% plus faible lorsque l’un de ces deux enfants a moins de trois ans. Je sais bien que l’on parle du « libre choix », mais il y a beaucoup d’hypocrisie derrière cette expression, parce qu’il y a beaucoup de femmes qui quand elles entendent dire : « libre choix » savent qu’il n’y a aucun libre choix. " Notez l'habileté. Nicolas Sarkozy ment par omission. Il fustige le faible taux d'activité des femmes avec deux enfants, et surtout quand l'un des enfants a moins de trois ans. Mais la France conjugue un taux d'activité des femmes plus élevé que la moyenne européenne , et la seconde natalité la plus forte d'Europe (12,73% versus 9,97%). De surcroît, grâce notamment aux dispositifs de congés parentaux protégés par la loi, le taux d'activité des femmes en France a progressé de 53% en 1975 à 65% en 2007. Le congé parental a été créé en 1985. Il fut élargit en 1994 aux deux parents, pour concerner en 2007 près de 570 000 parents. D'après Le Monde, 30 % des femmes disent avoir arrêté de travailler parce qu'elles n'avaient aucun mode de garde. Nicolas Sarkozy propose bien d'augmenter l'offre de garde (cf. infra), mais il cible d'abord le congé parental. S'il le souhaite plus court, il ne propose pas de revalorisation. La seconde amélioration attendue concernant la garde des enfants est d'augmenter l'allocation congé parental, actuellement de 550 euros bruts par mois. Cette mesure annoncée est un hommage posthume à Rachida Dati. La future ex-Garde des Sceaux avait accouché un jeudi soir, pour assister au conseil des ministres le mercredi suivant. 6 jours, montre en main ! Nicolas Sarkozy traduit ici, sur le dos des familles, son slogan du "travailler plus pour ...". Regardez également cet extrait du discours présidentiel (merci Politi