Mathieu m'a collé un thème aujourd'hui: définir ma vision du libéralisme.
J'ai bien tenté intérieurement d'éluder la question toute l'après midi en souhaitant prétexter, par exemple, que je n'aime pas les chaines; mais finalement cette question est devenue obsessionnelle au fur et à mesure de la journée entre moutarde, sucre et poisson chez Casino.
Je vais donc traiter ce sujet en me cantonnant au libéralisme qui nous intéresse, c'est à dire sa part congrue socio-économique. Ce mot est tellement péjoratif, voire galvaudé, à gauche comme à droite de nos jours qu'un brin de définition peut remettre les idées en place. Il est cependant synonyme de progressisme aux Etats-unis. Le CNRTL nous dit donc à son sujet:
Attitude ou doctrine favorable à l'extension des libertés et en particulier à celle de la liberté politique et de la liberté de pensée.
Ensemble des doctrines politiques fondées sur la garantie des droits individuels contre l'autorité arbitraire d'un gouvernement (en particulier par la séparation des pouvoirs) ou contre la pression des groupes particuliers (monopoles économiques, partis, syndicats)
Ensemble des doctrines économiques fondées sur la non-intervention (ou sur la limitation de l'intervention) de l'État dans l'entreprise, les échanges, le profit.
Le libéralisme est donc bien une doctrine théorique régissant les comportements humains au travers de leurs échanges économiques. Comment parler de libéralisme correctement sans parler des Etats-unis?
Le libéralisme comme atavisme de l'hégémonie Américaine depuis 1945.
C'est donc de cette idéologie là que se drapent les états-unis pour pérenniser leur hégémonie sur la scène mondiale et last but not least...leur modèle de consommation. Le modèle Etats-unien n'est pas libéral en pratique mais souhaiterait l'être, un peu comme le "moi" aspirerait en permanence à un "surmoi". Et c'est bien pour cette raison là que les tenants de cette pensée (peux nombreux actuellement) lorsqu'un échec de cette doctrine est avéré suggèrent plus de libéralisme. Ils invoquent en général le fait que le marché n'est pas arrivé à son aboutissement ultime....cela ne vous fait-il penser à rien d'autre ?
Le modèle Américain, alliant protectionnisme (comme aujourd'hui) en interne et menace bien ordonnée vis-à-vis de leurs co-traitants étrangers sont donc bien éloignés de la doctrine théorique du libéralisme devant promouvoir les libertés. Ce libéralisme opérationnel de façade a produit des guerres, des renversements de démocraties et une spoliation des pays, hommes et groupes humains sans précédent dans l'histoire de l'humanité - Et ce dans le but jamais avoué de promouvoir la consommation interne et le bien être d'une minorité mondiale. Obama comme ses prédécesseur conservent cet idéal là.
Le libéralisme n'a pas ré-anchanté le monde, il l'a transformé. C'est donc grâce à ce libéralisme opportuniste que la crise actuelle qui est en fait une mutation très profonde va perdurer dans le temps. La fin d'un cycle est très certainement là sous nos yeux, mais il faudra certainement du temps pour s'en rendre compte. C'est sans aucun doute la fin de ce libéralisme pragmatique auquel nous assistons aujourd'hui. Les Etats sont donc de retour, les hommes et les peuples également.
Le libéralisme pragmatique est un moyen de domination
La crise actuelle est en fait une mutation de système puisqu'il faudrait 3,5 terres pour que la population mondiale vive sur le standard consumériste Etasunien, d'ailleurs ceux-ci ne le souhaitent pas. Don't acte. Ceci est un point de vue général masquant les réalités. En effet sous couvert des libertés individuelles que prône le libéralisme, jamais le capital n'a été concentré entre si peu de mains, et cela tombe bien car ce sont ces mêmes personnes qui formatent le discours sans cesse changeant du "modèle dominant". Les "dominés" suivent de mode en mode, de vexations en brimades, avec comme seul et unique espoir: conserver un revenu pour leur famille. Ce système "dépossédant" fonctionne en castes et cercles bien établis. Il y' a les premiers cercles concentriques Pays Riches / Pays pauvres sur lequel le FMI est un formidable levier mais il y' a ensuite de nombreux cercles intriqués les uns aux autres dans les structures sociales de chaque pays. Cette allégorie libérale froide est en fait un moyen de de domination utilisé dans chaque pays par ceux qui ont intérêt à conserver ou promouvoir leur capital. Ce qui semble bien légitime du point de vue humain.
Des cercles "régionaux" de dominations constatent ces clivages tout en les perpétuant: le cercle français Dominant/Dominés est avant tout symbolisé par le rouage patronat/syndicat. Il reste enfin les cercles ultimes de cette domination que l'on pourrait appeler de proximité. Celle-là on la ressent tous les jours, c'est celle du cadre sur le salarié, voire du patron sur le l'employé. Cette domination peut ensuite être relayée par de nombreux individus tirant profit de cette idéologie multi-forme en mutation permanente. Il y'a ensuite les cercles trans-nationaux, et ce sont les grands patrons d'entreprises internationales qui s'y collent. Ils jouent sur les malléabilités nationales pour promouvoir ce modèle et à l'occasion leurs salaires. Le bâton efficace de la concurrence entre pays est ainsi soulevé régulièrement. Les salaires des grands patron n'ont d'ailleurs jamais été si importants depuis la fin de la seconde guerre mondiale, preuve de l'auto-récompense du meneur de rhétorique sur le dominé.
Le libéralisme "appliqué" s'est mué en consumérisme
Cette belle mécanique du Dominé/Dominant sans cesse renouvelée sur la forme reste néanmoins basée sur le travail. En effet sans travail, pas de salaire et donc pas de moyens de domination. L'idéal pour que ce discours reste bien prégnant est une situation de sous-emploi chronique faisant espérer à un jour meilleur. TINA est donc le leitmotiv de ces moments là. Mais imaginez un peu, qu'une grande dépression débarque, par exemple comme celle que nous sommes sur le point de vivre. Si personne n'a de travail pour espérer vivre sur le modèle Américain en consommant les besoins crées par ce système. Vont il continuer et accepter par là même cette domination, avec la compensation consumériste comme récompense, et vont il perpétuer à l'échelon du dessous cette manipulation permanente ? Que peut il se passer dans des situations comme celle que nous commençons à vivre ?
Il n' y a pas de réponse à cette question, nous sommes cependant les acteurs et spectateurs des transformations en cours. Notre président n'étant lui-même qu'un ersatz des rouages de la domination précédemment décrite. Les mois qui vont venir vont être très difficiles, mais c'est sans doute le prix à payer pour aller vers une nouvelle forme d'échange. Alors le libéralisme, peu après le communisme se meurt, et c'est tant mieux.
Je renvoie l' ascenseur de cette chaîne à Authueil, Bah, slovar, Karl Marx, Detoutderien et Mon Mulhouse.