Seule dans sa maison à Danda, en bord de mer, Rachel espère finir ses vieux jours sur la terre où est enterré son regretté Aaron. Ses enfants sont partis en Israel et la poussent à venir les rejoindre, mais elle refuse. Pour prétexte, elle utilise aussi son attachement pour la synagogue qui jouxte sa maison. Le lieu sacré est abandonné, n'accueille plus aucune cérémonie religieuse, Rachel est désormais la seule à détenir les clefs pour faire le ménage. Un jour, un ancien ami d'enfance d'Aaron arrive chez elle en suggérant de vendre les terres autour de la synagogue pour un riche exploitant. L'homme serait aussi intéressé par la maison de Rachel, il propose un très bon prix pour l'ensemble. La vieille femme voit rouge, elle met Mordecaï à la porte en jurant que jamais elle ne le laissera faire une chose pareille. Grâce à l'aide d'un jeune avocat, Judah, ancien camarade de son fils, Rachel va tout mettre en oeuvre pour protéger la synagogue.
Ce roman exhale les parfums de l'Inde d'aujourd'hui, dans une ambiance chaleureuse, épicée et confortable (pas de misère ni de crève-la-faim, ça change!). Il s'agit donc du portrait d'une femme qui préserve, au fil des repas, mémoire et culture. Chaque chapitre s'ouvre sur une recette traditionnelle. J'avoue avoir regretté une chose : qu'on ne puisse pas inventer un livre qui sent ! Cela semble terriblement harmonieux, et odorant (la persuasion de l'imagination !). On en mangerait. Très vite on se laisse porter par la petite musique du livre. Rachel est un personnage attachant, d'une grande sensibilité. Et son combat pour sauver la synagogue voisine traduit aussi son respect pour la foi et la tradition. Elle se sent seule, loin de ses enfants, mais elle refuse de tout quitter pour les rejoindre, parce qu'elle a cette fidélité en elle, tout à fait en accord avec le personnage.
Reine des épices, Rachel est également une femme qui vieillit et se rappelle avec nostalgie sa vie de couple. Attention au sourire coquin, cela pimente les souvenirs ! Lorsqu'elle paresse dans son fauteuil, sur la véranda de sa maison, elle n'oublie pas que le chemin le plus rapide pour atteindre le coeur d'Aaron passait bien par son estomac ! Cela n'est pas si étonnant de remarquer que la magie se répète, à travers les générations. Une histoire d'amour va naître, en deuxième partie de roman. Je ne pense pas qu'elle était foncièrement obligatoire, mais ce n'est pas bien grave. Légèrement sensuel, ce roman s'inscrit davantage dans l'émotion et la sensation. J'ai bien aimé !
Héloïse d'Ormesson, 2009 - 300 pages - 21€
traduit de l'anglais (Inde) par Sonja Terangle
l'avis de Naina
Musique d'ambiance : Le Tone - Lake of Udaipur
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