Engagement

Publié le 14 février 2009 par Malesherbes
Mercredi 11 février, annonçant le plan de soutien à l’industrie automobile, Nicolas Sarkozy a déclaré, parlant des deux constructeurs concernés : « ils ont pris l’engagement de tout faire pour éviter les licenciements ». Quelle audace, voilà de malheureux PDG qui ont littéralement mis leur tête sur le billot : ils vont tout faire. Parce que, sans cet engagement, ils n’auraient pas tout fait ? Ils auraient dit : « Ah, les ventes chutent, eh bien, licencions cinq mille personnes ». Non, désormais, ils vivront dans la terreur, ils n’agiront pas ainsi. Ils feront tout. Et quand ils auront tout fait, et que les ventes seront toujours aussi faibles … ils licencieront cinq mille personnes. Et ils diront : «Désolé, on a vraiment tout fait, on a rempli notre engagement, merci pour les sous, mais on ne pouvait pas faire autrement ». Bravo Président, quelle poigne, quelle détermination, cela me rappelle un peu Mittal.
Nos ministres sont à l’image de leur maître. J’ai entr’aperçu récemment à la télévision notre ministre des Finances, Madame Lagarde, la dévouée photographe des réunions internationales extraordinaires. N’ayant pas pu retrouver un enregistrement de sa performance, j’en suis réduit à ma seule mémoire et vous livre donc mes remarques sous toutes réserves.
Cette éminente financière a commencé par nous conter que, si le PIB avait reculé au 4° trimestre 2008, comme sa croissance avait été de 0,1% au 3° trimestre, la France n’était pas encore en récession. Dans un précédent billet, j’avais déjà exposé que le but de ces misérables contorsions était de masquer le fait que nos problèmes économiques étaient antérieurs à la crise, laquelle fournit une merveilleuse excuse à des gestionnaires si fermement ancré à des certitudes infondées.
Elle a poursuivi en déclarant que, pour 2009, la croissance serait inférieure à moins un pour cent (j’en suis réduit à utiliser des lettres pour que le caractère négatif de cette croissance soit bien visible). Pour, je pense, tous ceux qui connaissent notre langue, une croissance négative n’est rien d’autre qu’une décroissance. Mais les magiciens qui nous gouvernent se plaisent à nous faire croire que la France est toujours en pleine croissance. Comment pourrait-il en être autrement, avec de tels génies à sa tête ?
Là où le propos devient tout à fait risible, c’est lorsqu’on tente de le comprendre. Je suppose qu’elle a voulu indiquer que cette évolution serait limitée à -1%, donc comprise entre 0% et -1%. Nos brillants économistes étant appelé à manipuler des nombres négatifs, il va leur falloir se rappeler que, même avec de tels nombres, l’ensemble des entiers demeure ordonné. Pour quitter ce langage mathématique barbare, disons simplement que -100 est inférieur à -1. Traduit en langage de tous les jours : je me trouve moins bien si je dois à mon voisin 100 euros que si je ne lui en dois qu’un seul. Notre estimable financière nous a donc ainsi affirmé que notre croissance pourrait être de -2%, -10%, et au-delà, toutes valeurs inférieures à -1%.
En clair, d’après ses prévisions, il n’y aurait pour 2009 aucune limite à la baisse de notre PIB, qui pourrait être totalement anéanti. Si c’est ainsi qu’elle navigue dans les comptes de la nation, on peut craindre le pire.