Les Antilles : où en sommes-nous ?

Publié le 14 février 2009 par Noug
Alors que Yves Jégo revendiquerait ne pas avoir été préparé à s’occuper des "outre-mers", les Antillais aimeraient bien que le gouvernement s’occupent de leurs problèmes. Après la Guyane, en novembre et décembre 2008, la Guadeloupe et la Martinique se mobilisent "contre la vie chère".
Et si la journée de grève nationale du 29 janvier 2009 aura suffi aux métropolitains pour se faire entendre du président de la République, qui y répondait dès la semaine suivante et annonçait une réunion avec les syndicats pour le 18 février. Mais pas un mot lors de l’émission "Face à la crise" sur la grève générale débutée 20 janvier en Guadeloupe et qui perdure encore aujourd’hui.
En ces temps où les moyen de transport et de communication ont révolutionné la face du monde, il semble toujours aussi difficile, pour nos concitoyens des DOM-TOM, d’être écoutés par-delà les mers. Les médias - et plus spécialement la télévision -, tout comme les gouvernants, ne semblent pas avoir entendu, compris et pris conscience du mal-être de cette partie de la population française que très tardivement, au risque de laisser pourrir la situation.
Il aura fallu attendre deux semaines au Guadeloupéens pour que Yves Jégo, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, vienne physiquement tenter de dénouer un conflit qui bloque entièrement l’activité socio-économique de l’île, offrant ainsi l’opportunité aux syndicats de se réunir en collectif sous le nom de Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), soit en créole Rassemblement contre l’exploitation outrancière.
Et après son départ surprise au vingtième jour de grève peu apprécié des iliens, son crochet le 11 février, flanqué de deux médiateurs, à Pointe-à-Pitre, ne semble toujours pas mener vers une fin de crise.
Pendant ce temps-là, du côté de l’Elysée, chose inhabituelle depuis la prise de pouvoir de Nicolas Sarkozy, aucune allusion à la situation et il faudra attendre vingt-quatre jours de grève et neuf jours pour la Martinique, où le conflit social s’est entre temps étendu, pour qu’une proposition d’organisation d’un conseil interministériel "sur la rénovation de la politique menée par l’Etat en Outre-mer" soit annoncé pour les mois à venir.
Entre temps, la mobilisation à gagné les Antillais de la métropole, qui organisent un défilé de soutien, ce 14 février, à Paris, et un nouveau mot est en train d’entrer dans la langue française : "Pwofitasyon", qui signifie exploitation outrancière.
Combien de temps devront encore attendre ces Français qui vivent là où beaucoup de leurs compatriotes rêvent de partir en vacances mais souffrent plus fortement qu’eux des répercussions de la crise économique mondiale à cause des importations dues à leur situation géographique ? Le malaise profond qui les touche, qu’il soit entendu ou non, risque, alors que la France est déclarée en récession, de se propager aux autres territoires français excentrés mais aussi à la métropole.
Mèsi L'Yl pou lenfo ;-)
Diffusion : 14/02/09 - France 5 - 19h00
Rediff : 15/02/09 - 13h30