Comment devient-on amoureux? Comment se fait-il que cette même chose puisse être simple comme inhaler l'air ambiant, ou au contraire donner méchamment l'impression que l'univers vous joue un sale tour? La question est de saison pour la Saint Valentin, d'autant plus que si le cœur a ses raisons... ces temps-ci la raison tente de les connaître. Et petit à petit, les bases biologiques du lien amoureux se dévoilent.
Bon, certes, il y a plein de choses plus romantiques que de savoir que les hommes porteurs d'une variante génétique particulière de AVPR1A ont une probabilité plus grande de rester célibataires, ou d'avoir des tensions dans leur couple quand ce n'est pas le cas. Mais il faut avouer que ce domaine est fascinant. Si vous regardez une photo de la personne que vous aimez, par exemple, votre cerveau active des régions également activées par le café, la cocaïne, et l'héroïne. Pas vraiment un scoop, peut-être. Après tout, on sait et on assume très bien qu'on est accro quand on est amoureux. Mais l'identification de substances qui pourraient être liées à juste ça, et plus spécifiquement justement quand on tombe amoureux, ouvrent des perspectives vertigineuses.
Une de ces substances est l'oxytocine et sa production est favorisée (on ne rit pas), entre autre et surtout chez les femmes, quand sont stimulés les seins. Vous n'en tirerez sans doute pas tous les mêmes conséquences... Cette hormone, on l'a testée sous forme de spray nasal et il semblerait effectivement qu'elle augmente la confiance. Combien de temps jusqu'au développement d'une sorte de pilule de l'engagement, qui nous permettrait de choisir de qui on devient amoureux? Certain(e)s le glisseraient sans doute en douce dans le verre de l'être aimé...et la face du monde en serait changée d'une manière passablement inquiétante.
Mais il se pourrait qu'il soit encore plus intéressant de faire l'inverse. De développer une anti-potion d'amour. Une sorte de vaccin. Car l'amour n'est-il pas une sorte de maladie mentale? Il nous fait après tout faire des choix de vie parfois très étranges. Qu'il nous arrive de beaucoup regretter. Il nous fait faire des choses profondément ridicules, parfois (circonstance aggravante) en publique, et nous rend aveugle à nos intérêts. Bref, il altère radicalement notre jugement. En plus, sa prévalence est à frémir.
Alors imaginez s'il était possible de choisir de ne pas tomber amoureux de quelqu'un. Cela ressemblerait à la solution pour une très très grande part de nos problèmes. Imaginez. Il nous arrive de tomber amoureux tout à fait à côté de la plaque. Il arrive aussi qu'on se dise avec la plus parfaite sincérité qu'il aurait mieux valu que ça ne tombe pas sur nous, pas sur ce partenaire, par sur cette fois. Il arrive qu'on s'en morde les doigts encore des années plus tard. Ou qu'il semble qu'il serait tellement pratique de pouvoir guérir l'amour qu'un autre nous porte quand on ne le rend pas. Maintenant imaginez qu'il existe, ce vaccin: l'auriez-vous pris?
C'est peut-être un exemple de notre manque de tête froide. Mais si je réfléchis à ce que moi j'aurais fait, pendant disons 1/1000e de seconde, je pense que notre réponse serait jamais de la vie...