En me promenant cette après-midi, je suis passée vers la Place des Nations. Je me suis souvenue que durant la semaine un homme est mort sur cette Place. Je me suis posée la question : comment une personne peut-elle se mettre le feu pour les conflits dans son pays ? Je me demande aussi pourquoi sur cette planète on ne parle que de certain conflits et pas d'autres.
Jeudi soir, un jeune Tamoul s’est immolé par le feu sur la place des Nations. Il était 20 h 20. L’endroit était désert. Trois passants ont eu le temps d’apercevoir un jeune homme qui s’aspergeait d’essence avant de se mettre le feu. Une patrouille de la police internationale (PSI) se trouvait sur place. Elle est intervenue immédiatement. En vain.
Le jeune homme s’est transformé en torche humaine, il s’est très vite affaissé. Lorsque le Service d’incendie et de secours (SIS) et les ambulanciers sont intervenus, il était déjà mort, carbonisé. Selon les médecins, il suffit de quelques dizaines de secondes pour que les poumons brûlent à cause de l’inhalation de la fumée.
«Je lui avais parlé»
L’information publiée sur le site Internet de la TSR a été confirmée par la police qui, pour le moment, n’a aucun moyen d’identifier le défunt. «Il a laissé une lettre de cinq pages sur un banc voisin, signale le porte-parole de la police, Eric Grandjean. Le médecin légiste travaille actuellement sur les traces ADN du jeune homme.»
Dans la soirée pourtant, Katilan Siva, l’organisateur des manifestations tamoules qui se déroulent depuis le début du mois sur la place des Nations, affirmait que le défunt était un jeune licencié en droit de 26 ans vivant en Grande-Bretagne. «Je lui avais parlé au début du mois. Il était venu pour participer aux manifestations. Il m’avait demandé de lui trouver un hôtel bon marché à Genève. Il voulait également se procurer une carte SIM non déclarée; maintenant je comprends pourquoi.»
Une manifestation de 500 personnes
Selon Katilan Siva, le jeune homme avait tout organisé. Vendredi, un mail de sa part expliquant son geste est arrivé en fin de matinée dans toutes les rédactions du Sri Lanka. «Durant son séjour à Genève, Murugathasan m’avait paru très timide. Il observait tous nos préparatifs pour les manifestations et m’avait demandé si je croyais vraiment que tout ça allait aboutir à quelque chose.»
La police indique qu’elle va suivre cette piste, mais qu’à ce stade, pour elle, le défunt n’est toujours pas identifié. Hier après-midi, une manifestation en hommage à la victime a rassemblé plus de 500 personnes sur la place des Nations.
En ce qui concerne le jeune homme immolé, Katilan Siva signale qu’il s’agit du huitième Tamoul qui meurt ainsi dans le monde au cours de ces deux derniers mois: «Les gens sont désespérés, des centaines de Tamouls sont tués chaque jour par le gouvernement du Sri Lanka. On est en train d’effacer un peuple et personne ne réagit. Je comprends le désespoir de Murugathasan, je porte son combat dans mon cœur. Mais je dis aux jeunes, ne faites pas ça! Ne donnez pas votre vie! Car, en vie, on peut apporter beaucoup plus!»
Source de l'article TDG.ch 14.02.09
Article publier sur Romanding
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