Dans de nombreux cas, le Palestinien ne peut pas travailler, voyager, étudier, s’occuper de ses récoltes, transporter des marchandises, creuser un puits, créer une entreprise, se faire soigner - ou même visiter famille dans l’agglomération voisine - sans obtenir l’autorisation appropriée des autorités israéliennes. Et, au-delà de cela, sa vie est soumise à un réseau imprévisible de couvre-feux, barrages de contrôle, fermetures de routes, tranchées, enceintes, qui, établis de manière impromptue, maintiennent les Palestiniens en état de confusion constante. Ceci, sans compter l’ensemble formidable d’obstacles physiques, sous la forme de colonies juives en extension, et un réseau routier pour les colons juifs, construit sur de la terre appartenant aux Palestiniens, et dont l’accès leur est interdit. (Saree Makdisi : la Palestine sous toutes les coutures, 2008, Norton, New York p. 6)
Trois thèmes sont répétés ad nauseam, et à toutes les occasions, par les tenants de l’idéologie sioniste, pour justifier la légitimité de l’Etat d’Israël et les actions de nettoyage ethnique qu’il mène de manière systématique et brutale contre la population palestinienne, et dont la dernière est l’agression d’une sauvagerie inqualifiable contre la ville de Gaza et sa banlieue :
1. Les Palestiniens ont refusé le partage de la Palestine en 1948, décidé par l’ONU ;
2. Les terres occupées par Israël ont été vendues par les Palestiniens à des colons juifs ;
3. Israël est la seule démocratie occidentale au Moyen-Orient et pourrait servir de modèle aux autres pays de la région.
L’acceptation du partage de la Palestine par Israël, une simple manœuvre politique
Le premier thème escamote le fait que, non seulement, ce partage s’est effectué sans l’accord des Palestiniens, mais qu’également les Sionistes considéraient son acceptation comme un compromis nécessaire, une étape devant aboutir, à court ou moyen terme, à l’occupation de tout le territoire de la Palestine historique, et à l’expulsion des Palestiniens de ce territoire. Voici comment Ilian Pappe, dans son livre intitulé : Le Nettoyage ethnique de la Palestine (Oxford, 2006) présente la position du leadership sioniste, conduit par Ben Gourion, sur ce partage, sanctionné par une résolution de l’ONU que les pays arabes et, évidemment, les Palestiniens ont rejetée :
Ce fut Ben Gourion qui conduisit ses associés à simultanément accepter et ignorer la résolution de partage par l’ONU, résolution passée le 29 novembre 1947... Pour lui (Ben Gourion) et ses amis au sommet de la hiérarchie sioniste, un Etat juif valide voulait dire un Etat s’étendant sur la plus grande partie du territoire de la Palestine, et ne permettant qu’à une infime minorité de Palestiniens, d’y rester... Ce qui était important était la reconnaissance internationale du droit des Juifs d’avoir leur propre Etat en Palestine.(p. 36)
L’acceptation du partage par les Sionistes n’était ni sincère, ni dépourvue d’arrière-pensées ; il s’agissait d’obtenir la légitimation de l’Etat juif par l’institution internationale, et, ensuite de rétablir, par l’usage de la violence, les frontières « historiques » de l’Israël antique. Que les Arabes aient ou non accepté ce partage n’aurait rien changé à la suite des événements, telle que la concevaient les Sionistes, et ils auraient suivi exactement la même voie, en se couvrant, sans aucun doute, du même prétexte : se défendre contre les menaces posées à leur sécurité par les populations palestiniennes comme par les Etats arabes voisins. L’Histoire, telle qu’elle s’est déroulée depuis 1947, n’aurait pas changé, si, par un coup de folie collective, les Palestiniens, appuyés en cela par les pays arabes indépendants de l’époque, avaient accepté d’être volontairement dépossédés de leurs terres au profit de colonisateurs, porteurs d’une idéologie essentiellement génocidaire, et venus en majorité d’Europe de l’Est et des pays germanophones européens.
La plus grande partie d’Israël est constituée- de terres confisquées par la violence
Le second thème trouve son démenti dans les déclarations officielles des autorités israéliennes qui reconnaissent que seulement 7 pour cent de la superficie occupée par Israël a été soit acquise par des transactions avec les propriétaires palestiniens, ou était déjà la propriété de Juifs qui n’avaient jamais quitté la Palestine. Le reste, soit 93 pour cent, est le résultat de confiscations et d’expulsion des occupants locaux, menées par les Sionistes à partir des premiers jours de décembre 1947.
Différents prétextes ont été donnés à ces opérations, le plus récurrent étant la nécessité d’assurer la sécurité des colons juifs. En fait, il s’agissait de mettre en oeuvre, de manière systématique, une politique d’appropriation des terres palestiniennes, politique constituant le noyau central de l’idéologie sioniste, telle qu’elle avait été conçue par son fondateur, Jablonsky. Une fois légitimée l’existence d’un Etat juif, cette politique fut mise en application avec vigueur, sous le nom de « Plan Dalet », adopté par les leaders sionistes le 10 mars 1948. Voici les instructions données aux exécutants sionistes de ce plan :
Ces opérations (de nettoyage ethnique) peuvent être exécutées de la manière suivante : ou bien par la destruction des villages (en y mettant le feu, en les faisant sauter, en plaçant des mines dans leurs ruines) et plus particulièrement les centres de population qui sont difficiles à contrôler de manière continue ; ou en montant des opérations de ratissage et de contrôle en se guidant avec les directives suivantes : encerclement des villages, conduite de recherches dans leur intérieur. En cas de résistance, les forces armées doivent être détruites et la population expulsée en dehors des frontières de l’Etat. (Pappe, p. 39).
Ce plan n’est pas resté, suivant l’expression populaire, « de l’encre sur du papier. » Il a été mis en oeuvre avec continuité et obstination, sans état d’âme, par des fanatiques décidés à concrétiser leur rêve de reconstituer, à l’identique, un Etat, protectorat établi par les Romains, dirigé par Hérode, un Arabe converti au Judaïsme pour les besoins de la cause, Etat qui avait disparu 20 siècles auparavant.
Ces deux thèmes sont largement démentis, non seulement par les déclarations des dirigeants sionistes, qui n’ont jamais fait secret de leurs ambitions territoriales et de leur volonté de créer un Etat à composante ethnique et religieuse exclusivement juive, mais, également, par leurs actions, qui - au-delà des concours de circonstances que ces dirigeants ont créés pour justifier leurs actions au cours de ces soixante dernières années - se sont méthodiquement conformées à l’idéologie sioniste.
Deux thèmes démentis par l’Histoire du sionisme israélien
Les preuves du caractère absolument faux de ces deux thèmes, qui constituaient, à une certaine période, les leitmotivs de la propagande sioniste, se sont accumulées au cours des années, rendant leur pouvoir de persuasion nul, même aux yeux des partisans les plus fanatiques de cette idéologie qui veut restaurer l’Histoire de l’Antiquité, entre le cinquième siècle avant l’ère chrétienne, et le premier siècle de cette ère, alors que les doctrines « islamistes » les plus fondamentalistes ne veulent que le retour au premier siècle de l’Hégire, correspondant au 7ème siècle de l’ère chrétienne. Donc, ces thèmes n’ont plus le rôle légitimant, justificateur et mobilisateur qu’ils étaient supposés créer dans l’esprit des tenants du sionisme. Peu de gens sont dupes ; et même ceux qui s’accrochent à ces thèmes le font, soit par ignorance, soit - bien informés de la réalité des choses - sans conviction, car, avec le temps, les aspects les plus sanglants, et les plus secrets de la saga sioniste sont tombés dans le domaine public, et il est vain de vouloir continuer à les censurer.
Israël, une démocratie occidentale modèle, un thème vraisemblable ?
Le thème qui proclame le « caractère démocratique de l’Etat d’Israël » face aux « Etats arabes despotiques » semble plus porteur que les deux autres thèmes, et apparaît comme résister à l’usure du temps comme des faits.
Suivant ce thème, répété à l’envie pour justifier aussi bien les assassinats ciblés perpétrés par les autorités israéliennes contre le leadership de la résistance palestinienne, les destructions systématiques des maisons des Palestiniens impliqués dans des actes de résistance, que les attaques musclées contre les Etats voisins, coupables d’abriter des refugiés palestiniens et des organisations de résistance palestinienne, les bombardements de mosquées, de centrales électriques, d’hôpitaux, d’infrastructures routières, d’écoles, d’immeubles abritant la presse, des installations de l’ONU, la confiscation des terres palestiniennes, l’instauration de barrages routiers, la clôture totale des territoires palestiniens sous le moindre prétexte, l’érection de 561 barrages militaires sur 40 kilomètres, la division des territoires occupés en « 3 zones étanches », la construction d’une muraille d’emprisonnement de 8 mètres de haut sur 240 kilomètres, qui ferait de la muraille de fer légendaire une enceinte banale ! Etc., etc.
Par le massacre et la terreur, Israël ferait la preuve qu’il est une démocratie ?
Suivant ce thème, lui aussi répété à toutes occasions, Israël serait le phare de la démocratie dans la région géographique où elle est implantée, et toutes les atrocités, les exactions qu’elle commet contre la population de la région, n’auraient d’autre motif que de lui permettre d’assurer la survie de son système politique démocratique moderne, conforme aux idéaux de l’Occident, face aux menaces qui pèseraient sur son modèle du fait du caractère rétrograde des populations autochtones et de l’hostilité « irrationnelle et inexplicable » des pays environnants, mus par une haine « incompréhensible » à l’égard de « ce phare de l’humanité » et de cet « exemple du progrès de la race humaine », de ce « berceau de l’humanisme le plus tolérant et le plus éclairé » que serait Israël ».
Bref, Israël, par ses massacres perpétrés contre le peuple palestinien et les peuples environnants, ne fait que défendre les « valeurs de l’Occident », fondées sur « le respect de la personne humaine, l’acceptation du caractère sacré de la vie de chaque individu, et de son droit à la poursuite du bonheur et à la propriété privée sur cette terre », contrairement aux Nazis, dont elle a adopté pourtant beaucoup de leurs méthodes, y compris la proclamation de slogans et l’expression de valeurs qui sont en contradiction avec leurs actes (comme, par exemple, la fameuse devise placée à l’entrée des camps de concentration : « le travail donne la liberté »
Israël, un miroir des valeurs occidentales ?
Israël s’estime justifié à perpétrer ses atrocités, car elle se prétend fondamentalement un pays qui serait guidé par les principes moraux distinguant la civilisation occidentale des autres civilisations. Ce qu’elle commet comme actes jugés répréhensibles aussi bien par les règles de morale individuelle internationalement acceptées, que par les lois internationales de la guerre comme de la paix, elle les commettrait au nom de l’idéal judéo-chrétien de charité, d’humanité, de progrès, face à la barbarie des populations qu’elle tente d’exterminer.
Par définition, et quoiqu’elle fasse, Israël se placerait dans le « camp du bien » face au « camp du mal », représenté par tous ceux qui se défendent contre elle et refusent d’être massacrés. L’Occident, suivant cet Etat, devrait le remercier de tenir si haut ses valeurs et de les défendre avec tant de cruauté ; Israël se présente comme un modèle de ce que devrait être un pays occidental construit sur la glorification des valeurs humanitaires propres à l’Occident, et que ne partageraient aucun des peuples ou des pays qui lui résistent.
L’Occident, élève d’Israël et redevable envers lui ?
Les pays occidentaux ont, selon ce thème, une dette envers Israël ; et cette dette se paye par un soutien inconditionnel à toutes ses atrocités, qui, en comparaison, font du Nazisme une idéologie de grand humanisme. Ainsi, Israël se présente comme l’incarnation de l’Occident, un témoin de l’exceptionnalité historique de cette civilisation et des valeurs morales qui lui sont chères.
Et, effectivement, si l’on considère qu’il est acceptable pour un Etat d’éliminer physiquement et politiquement, toutes les populations qui ne remplissent pas des conditions d’origine ethnique et de croyances religieuses bien définies, Israël peut apparaître comme un Etat authentiquement démocratique. Elle a tout ce qu’il faut pour être qualifiée de telle : la séparation entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, un Parlement élu, le droit à la population de créer des partis politiques pour refléter la diversité des opinions et accéder au pouvoir par les urnes, une liberté de la presse totale.
Israël, une démocratie formelle qui rejette les fondements de la démocratie moderne
Sur le plan formel, il n’y a rien à dire : Israël répond à tous les critères définissant la démocratie, sauf les deux plus importants, à savoir la citoyenneté définie comme un ensemble de droits et d’obligations de tous les gouvernés, quelles que soient leurs origines ethniques, et l’égalité de tous devant la loi comme leur droit à la protection de l’Etat.
Dès lors que ces deux critères ne sont pas remplis, l’objectif de la démocratie, qui est d’assurer à tous les citoyens les mêmes chances dans la vie, est absent ; et cette démocratie n’est plus qu’un exercice formel au profit d’une majorité qui impose sa vue du monde à une minorité politiquement, économiquement et socialement maintenue en servage, même si elle constitue la majorité numérique de la population.
Israël ne peut prétendre à tenir hautes les valeurs de la démocratie et à constituer une île de liberté au milieu d’un océan de despotisme, si elle refuse à la population autochtone les droits de la citoyenneté. En fait, Israël est un Etat fondé sur l’exclusion d’une partie de sa population, et de ce fait, ne peut prétendre ni refléter les valeurs démocratiques propres à l’Occident - et tout le monde sait comment ces valeurs se manifestent -, ni donner des leçons de justice et de liberté aux autres pays de la région, si rétrogrades et si arbitraires qu’apparaissent leurs régimes parce qu’ils refuseraient la liberté d’opinion et le partage du pouvoir avec leurs citoyens.
Au-delà du formalisme qui permet à un groupe religieux de jouir de toutes les libertés, y compris celles d’être armé, de confisquer et d’expulser sans autres formes de procès, comme cela se fait de manière routinière sur le territoire reconnu de cet Etat, comme dans les territoires considérés par les lois internationales comme occupés, Israël n’a rien d’une démocratie au sens occidental du terme, bien que les dirigeants de ces pays lui reconnaissent ce caractère.
Et, pourtant, aucun d’entre eux ne fonde ses actions sur la discrimination, en termes de droits et d’obligations, entre les citoyens, sur la base de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique, de leurs croyances religieuses, etc.
Il n’y a pas, dans ces pays démocratiques, de quartiers, et même de villes entières, interdites à telle ou telle partie de leur population ; les domiciles des personnes qui commettent des actes jugés répréhensibles ne sont pas systématiquement détruits, si ces personnes ont une origine ethnique déterminée ; et si les citoyens ont le droit de posséder des armes, ce droit leur est appliqué, quelle que soit leur origine, dès lors qu’ils sont des citoyens.
Si l’Etat prévoit des aides aux citoyens, aux municipalités entre lesquelles la population est répartie, la distribution de ces aides obéit à des critères de citoyenneté, non à des critères de religion ou d’ethnicité. Les citoyens ont les mêmes chances d’accéder à tous les postes publics, sans discrimination. La non-discrimination en matière de liberté de circuler, d’habiter et de construire où l’on veut, est non seulement reconnue, mais appliquée à tous de manière identique.
C’est une insulte pour les démocraties occidentales que d’assimiler le régime politique israélien, qualifié d’apartheid par Jimmy Carter, ancien Président des Etats-Unis, aux systèmes politiques qui les caractérisent. Israël est bien loin d’appliquer les valeurs occidentales, et son régime constitue une sorte de Nazisme amélioré au profit des Juifs, au lieu de l’être au profit des Aryens.
Israël, présenté comme modèle démocratique : une insulte pour l’Occident et ses valeurs
En Israël, on ne jette, certes, pas les membres de la « race inférieure » dans des camps de concentration ; et si on ne tente pas de les éliminer massivement, on ne les en empêche pas moins, et par tous les moyens imaginables les plus cruels et les plus vicieux, qui reflètent un despotisme dépassant de loin ce que les régimes de la région font subir à leurs peuples respectifs, de vivre une vie normale, y compris en leur refusant d’accéder aux ressources de base, de commercer, de s’instruire, de se soigner, de circuler, de construire, etc. Et, de temps à autres, lorsqu’ils font preuve d’excès de résistance, on les ramène à de meilleurs sentiments en les massacrant systématiquement et méthodiquement et cyniquement. Rien dans la pratique politique israélienne ne ressortit de la démocratie occidentale, telle que tout un chacun peut l’observer dans les pays occidentaux. Le refus même de définir ce que l’on doit entendre par citoyenneté israélienne, et la constante opposition à l’établissement de cette définition, qui est pourtant la base du système démocratique, renvoient la définition du régime politique israélien aux systèmes politiques de l’Antiquité, dont Israël tient à être une nouvelle incarnation.
La régression historique de l’Occident pour se mettre au niveau d’Israël ?
Si, malgré le gouffre insurmontable qui sépare la démocratie telle que l’Occident la pratique, de la démocratie à « l’israélienne », les Occidentaux considèrent ce pays comme un modèle, il ne leur reste plus qu’à aller jusqu’au bout de cette logique, et en revenir aux bonnes vieilles pratiques de discrimination religieuse et raciale de leur Moyen Age : massacrer, à la manière du sort réservé aux Albigeois au 13ème siècle, tous les dissidents religieux, rétablir l’Inquisition, entourer leurs villes et leurs quartiers de murailles hautes de 8 mètres, etc. La liste est longue de ce que devraient logiquement faire, pour en revenir aux pratiques de siècles révolus, ces pays, et surtout celui qui s’est récemment découvert un rôle de défenseur du droit d’Israël à faire partie d’un ensemble politique qui se targue d’être fondé sur la reconnaissance de l’indéfectibilité des droits de l’Homme, et sur le traitement équitable des individus par l’Etat, quelle que soit leur origine raciale et leurs croyances politiques ou religieuses.
Si Israël ne veut pas aligner son mode de gouvernement et sa philosophie politique sur ceux du reste de ce groupe continental, il ne lui restera plus à ce dernier qu’à adopter les critères démocratiques israéliens ! Le chemin sera long, dur et cruel pour cette régression historique. Mais que ne feraient pas les amis d’Israël pour soutenir et justifier son droit à l’élimination physique du peuple palestinien ?
Et dire que l’on refuse l’accès à ce regroupement régional, à un autre pays, qui certes a un problème de minorité à régler, mais dont le traitement de cette minorité apparaît teint de sainteté et d’humanisme exceptionnel, en comparaison de la façon dont les Palestiniens sont traités par Israël, et ce dès sa fondation, et avant même qu’un seul Palestinien ait tiré un coup de feu contre les nouveaux colonisateurs !
En conclusion :
1. Les légendes légitimant Israël, comme le refus des pays arabes et des Palestiniens d’accepter la division de la Palestine historique en deux Etats, et les suites que ce refus a eu sur le sort du peuple palestinien, de même que la « vente de la Palestine aux Juifs par les Palestiniens », cachant le fait que 93 pour cent des terres occupées par Israël ont été confisquées par la violence à leurs propriétaires légitimes, sont tombées en désuétude car elles ne font plus prime ;
2. Reste le thème porteur suivant lequel Israël serait un Etat démocratique, « le seul dans la région, » comme se plaisent à le répéter les thuriféraires de cet Etat ;
3. L’examen des pratiques formelles dans les domaines politiques et institutionnelles d’Israël pourrait laisser croire qu’effectivement il pourrait mériter le qualificatif d’Etat démocratique à la mode « occidentale » ;
4. Suivant ce thème, Israël emploierait la violence extrême contre les Palestiniens et les placerait en état de « hors de la loi », dans le but exclusif de défendre sa nature démocratique, et serait, ainsi, moralement justifié de mener une politique de discrimination raciale et religieuse, en vue de tenir haut les « principes moraux qui sous-tendent la démocratie » ;
5. le sionisme, comme doctrine génocidaire, constitue un démenti à cette présentation moralisante, qui donnerait à Israël un statut d’exemplarité dans une région dominée par le despotisme politique ;
6. Le problème avec cette présentation des pratiques démocratiques israéliennes est qu’Israël rejette les deux principes fondamentaux de la démocratie : le principe de citoyenneté qu’il s’est toujours refusé délimiter ou à adopter, et le principe d’égalité des droits et des obligations des citoyens, qu’il viole de manière continue contre les Palestiniens, le tout dernier exemple étant l’agression d’une sauvagerie inqualifiable et injustifiée contre les habitants de Gaza et sa banlieue ;
7. Sans caricaturer, on peut dire que l’image que les Sionistes voudraient projeter d’eux-mêmes et qu’ils seraient imbus de principes démocratiques, qu’ils seraient, par définition, humains et même « gentils », disposés à massacrer, à confisquer les terres des Palestiniens et à les expulser, en toute humanité ; le problème serait qu’au lieu de se laisser faire, les Palestiniens se défendent, et ils trouvent dans le monde des soutiens à leur résistance ! Qu’on laisse les Israéliens nettoyer la Palestine de ses habitants originaux, et la paix reviendra ! Donc, tout est de la faute des Palestiniens et de leurs soutiens ! CQFD !
8. Les pays qui défendent l’accès d’Israël à un regroupement régional, fondé sur l’acceptation de valeurs que ce pays rejette dans sa globalité et en détail, sont mis au défi soit d’exiger d’Israël qu’il définisse la citoyenneté, et donc, se proclame Etat raciste et intolérant sur le plan religieux, et se verrait interdire l’accès à cet ensemble, ou qu’il renonce au sionisme, et donc perdrait le caractère même de restauration historique d’un Etat de l’Antiquité ;
9. Et si ces pays continuent à considérer Israël comme une démocratie modèle, leurs principes s’opposant totalement à ceux qu’il suit, ils doivent aller jusqu’au bout de cette logique, rejeter les progrès accomplis au cours de ces six derniers siècles dans le domaine des droits de l’Homme, et prôner le retour au fanatisme religieux du Moyen Age ;
10. Il est quelque peu inconsistant de la part de ces pays de refuser l’adhésion à un pays qui n’emploie pas la violence et ne pratique pas la discrimination systématique contre sa minorité, alors que certains d’entre eux travaillent pour qu’Israël rejoigne ce groupe, bien qu’il soit, suivant les termes d’un ancien Président des USA, un pays pratiquant l’apartheid, en contradiction avec tous les principes politiques et moraux auxquels souscrivent ces pays !
2ème partie : Nazisme, Sionisme et Holocauste
19 janvier 2009 - Le Quotidien d’Oran - Débat