
L'une des nombreuses bonnes idées du film, c'est d'utiliser les pratiques religieuses de ses protagonistes comme un moyen pour eux de se détourner de la vérité, notamment grâce au secret de la confession. Pour autant, Shanley ne signe pas un réquisitoire à charge contre l'Église, qui aurait été beaucoup trop facile et surtout hors de propos. Mis à part ce pour quoi il est suspecté, le père Flynn est même plutôt sympathique (et c'est d'ailleurs là l'origine de ses ennuis). À l'inverse, si l'on met de côté sa détermination à découvrir la vérité, la soeur Aloysius (Meryl Streep) est un personnage tout sauf atatchant, qui confond parfois rigueur et terreur. Des personnages assez fascinants, tout comme la troisième roue du carrosse, la jeune soeur James (Amy Adams) qui s'immisce dans le duel psychologique qui s'installe entre les deux héros, rendant le tout encore plus sinueux.
Porté par des dialogues en or, Doute avance sans temps mort jusqu'à une conclusion très satisfaisante, qui permet au film d'exister bien après le générique de fin. Si la construction fait penser aux pièces de David Mamet, Shanley s'en distingue par son refus de toute perversité superflue, ne jouant jamais au plus malin avec le spectateur, mais lui laissant le soin de juger et de tirer les conclusions qui s'imposent. Un seul défaut vient finalement émailler ce drame assez impeccable : mille excuses, mais Meryl Streep en fait un peu trop dans la peau de cette soeur Aloysius si rigide et austère qu'elle finit par ressembler à Cruella. On n'y croit jamais tout à fait, pas plus qu'au léger revirement final de son personnage. Contrairement à elle, Philip Seymour Hoffman et Amy Adams sont pile dans le ton. Même les plus grandes actrices ont parfois des faiblesses...
7/10