Marcel Bataillon, Les jésuites dans l'Espagne du XVIe siècle, éd. Belles Lettres

Publié le 13 février 2009 par Slal
Paris, février 2009
Marcel Bataillon (1895-1977) occupa la chaire de Langues et littératures de la péninsule Ibérique et de l'Amérique latine au Collège de France. Son oeuvre, notamment sa thèse, Érasme et l'Espagne, recherches sur l'histoire spirituelle du XVIe siècle est reconnue comme un sommet dans l'histoire de l'hispanisme et reste aujourd'hui une référence indépassable.
Gilles Bataillon, directeur d'études au Centre d'études mexicaines et centraméricaines est le petit-fils de Marcel Bataillon.
Pierre-Antoine Fabre est directeur d'études à l'EHESS et directeur du Centre d'Anthropologie Religieuse Européenne.

Gilles Bataillon sur Marcel Bataillon
envoyé par Alexandre de Nunez

1946. L'Europe émerge de la seconde guerre mondiale. L'Espagne s'est enfoncée dans la dictature catholique du Général Franco. Marcel Bataillon, consacre cette année-là son cours du Collège de France aux premiers jésuites d'Espagne. Inédit jusqu'à ce jour, le manuscrit de ce cours est un météore. Ancré dans l'histoire sociale, politique, culturelle et spirituelle des marges du royaume de Castille, mais tout autant attaché à des aventures individuelles, il mobilise toutes les ressources d'un grand historien et devance de plusieurs décennies les recherches actuelles sur la première réforme catholique dans la péninsule ibérique, en soulignant par exemple l'ouverture, exceptionnelle et brève, de la jeune Compagnie de Jésus aux juifs convertis.
Marcel Bataillon est un homme libre. Contre l'anticléricalisme de l'hispanisme français de l'immédiat après-guerre, irrigué par l'exil républicain, il fait surgir une communauté de prêtres-moines peu orthodoxes, et cependant bien catholiques. Contre la forteresse de l'historiographie catholique du Siècle d'Or, il lance cette même petite troupe. Contre les certitudes des uns et des autres, il questionne, il interroge. À l'heure de la reconstruction d'un continent ravagé par lui-même, il met en avant l'urgence d'une attention toute particulière à ces jésuites du XVIe siècle confrontés comme leurs contemporains à un double traumatisme : le grand schisme de la Réforme et la révélation d'un Nouveau Monde.

Les études et les témoignages qui composent ce volume constituent les Actes des Journées Marcel Bataillon qui furent organisées à Paris les 10, 11 et 12 mai 1995 sur l'oeuvre et la personnalité du maître disparu, à l'occasion du centenaire de sa naissance (20 mai 1895).
Les organisateurs de ces Journées désiraient faire plus qu'allonger la liste, déjà fournie, des hommages qui ont été rendus, de son vivant ou après sa mort, à Marcel Bataillon.
Le coeur de la manifestation, le colloque, a été consacré à son oeuvre. Dans trois grands champs d'étude (Érasme et l'humanisme, la littérature romanesque espagnole du Siècle d'Or, le Nouveau Monde), qu'il a cultivés parmi d'autres mais qui délimitent assurément ses principaux centres d'intérêt, ils ont souhaité dégager l'apport de Marcel Bataillon (sans omettre les directions de recherche qu'il a ouvertes à d'autres), puis faire le point dans ces trois domaines, de façon à évaluer l'intérêt qu'ont présenté ou présentent aujourd'hui encore les voies ainsi frayées. Trois séances, de trois communications chacune, ont constitué le colloque proprement dit, qui s'est déroulé à la Fondation Singer Polignac, si liée au Collège de France, et à la Sorbonne.
Avant et après, lors d'une séance inaugurale au Centre culturel portugais Calouste Gulbenkian, puis d'une table ronde de clôture au Collège d'Espagne, six évocations plus libres ont restitué le profil de la personnalité, aussi impressionnante qu'attachante, du plus grand hispaniste français du siècle écoulé.
Ces textes sont enrichis d'un album de photographies, familières ou inattendues, de Marcel Bataillon tout au long de sa vie, d'une bibliographie définitive de ses travaux et d'un index.